Chapitre 12

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A écouter avec : People Help The People de Birdy.

Je ne me souviens pas du reste de la soirée d'hier. Au réveil, je suis dans le lit à attendre les pas précipités de Mrs Tracy portant le plateau du petit déjeuner. La porte s'ouvre. C'est Cynthia. Elle a les yeux rouges et les cheveux emmêlés. Elle me pose le plateau sur mes genoux.

_Il faut que je te parle, soupire-t-elle.

_Je t'écoute.

_Eh bien, je sais que ta maison a brûlé et je me pose des questions. En fait, j'ai des gros doutes que cet incendie ne soit pas accidentel. Cela, ne m'étonnerait pas de ta part !

Je la scrute du regard, ne sachant que répondre. Dois-je lui faire confiance ? Alors, je pose à Cynthia la question fatale.

_Es-tu une vraie amie ?

_Quoi, s'indigne-t-elle. Qu'est-ce qui te prend ? Je t'ai pas laissé tomber. J'ai toujours été là pour toi. Et, voilà que tu me demandes si je suis "une vraie amie". Mais tu es cinglée ou quoi ? Tu me prends pour Ashley "ta vieille amie devenue une pétasse". C'est cela ? Tu sais, Thea, j'en ai marre de vouloir te rendre le goût de la vie. Cela m'épuise et je n'ai rien en échange. Pas un seul merci. Pas un seul sourire. Et, je sais que c'est TOI qui a provoqué l'incendie de ta maison. Va-te faire soigner ! M**** !

Cynthia claque la porte. Je l'ai laissée vider son sac sans dire un mot, sans la contredire. Je suis égoïste et nulle. Une pourriture qui n'a même pas confiance en la seule amie qui lui restait. Quelle c**** ! Pourquoi, faut-il que je détruise tout ?! Je pose mes mains sur mes paupières fermées, tout en reniflant. La cruche se lève de son lit, en faisant renverser le plateau du petit déjeuner. Je ramasserai plus tard. Je me traîne vers une petite boîte en carton. Tout ce qui me reste comme souvenirs : la photo de mariage de mes parents, quelques autres photographies, l'ourson d'Harry, le journal intime de Melinda, une montre cassée appartenant à Maman, un appareil photo et des documents officiels (passeport, livret de famille,...). Rien d'autre. J'ai voulu détruire ma maison. Je l'ai fait. Voilà, ce que j'ai mérité...

***

"Le chagrin ne vous change pas, il vous révèle."

Cette citation de Nos Etoiles Contraires est ma préférée. Je trouve qu'elle me correspond parfaitement. L'Accident a révélé ma vraie personnalité. Celle qui se cachait derrière une fille sûre d'elle et joyeuse mais en vérité, une égoïste faible et pleurnicharde.

***

Je ne sais pas quoi penser de ma vie actuellement...

Ma famille me manque énormément. Je rêve d'eux chaque nuit. J'ai tellement peur que ma mémoire efface peu à peu leurs visages, le son de leurs voix et de leurs rires. Que tout cela devienne flou. Les larmes maculent mon visage. Je prends mon exemplaire de Nos Etoiles Contraires dans la poche de ma veste usée. Je ne m'en sépare jamais. Je commence à relire pour la centième fois le début. Cela m'apaise et me détend habituellement. J'arrête alors de réfléchir et c'est vraiment une bonne chose pour moi. Mais, ma vue se brouille. Je n'arrive pas à lire ces mots. Mon cerveau refuse cette action. Je pose le livre par terre et nettoie les dégâts du petit déjeuner.

***

Allongée sur mon lit, une phrase tourne en boucle dans ma tête remplie d'idées noires.

"Je ne leur aient jamais dit que je les aimaient."

Jamais. Jamais. Pourquoi ?! Je trouvais cela débile et inutile. Une adolescente de quinze ans qui déclare à sa famille, qu'elle les aiment ?! Trop gênant. J'aurais rougi et bafouillé. Puis, personne ne m'aurait prise au sérieux. Ils auraient tous cru que je voulais plus d'argent de poche et auraient éclatés de rire. C'est tout ! Si, j'avais dit cette phrase AVANT, cela ne serait pas venu naturellement. J'aimerais tellement retourner en arrière pour juste le leur dire. Un dernier au-revoir. Voir leurs sourires illuminer leurs visages. Je me sentirais mieux. C'est certain. Vraiment mieux.

Le bruit de la circulation dans la rue me sort de mes réflexions. Je regarde par la fenêtre. Un camion klaxonne. Le chauffeur du camion klaxonnait-il, quand il a aperçu la voiture en face de lui ? A-t-il crié ? A-t-il pleuré quand il a appris qu'une gamine de seize ans est devenue orpheline ? J'ai appris qu'il a survécu à l'Accident. Je sais que ce n'est pas de sa faute et qu'il n'a pu éviter l'inévitable... Apparemment, il souhaitait me rencontrer mais j'ai refusé sa proposition. Il n'a pas insisté. Je ne me sens pas prête. Le serais-je un jour ? Aucune idée. Mais, cet homme a vu la mort de ma famille se produire ! Je n'ai pas envie d'entendre les détails, la pitié et les excuses sortir de la bouche de cet individu. Il se sentirait soulagé après m'avoir présenté ses excuses et je n'ai pas envie qu'il le soit. Pourquoi lui et pas moi ? Personne ne me soulagera ! Il n'a qu'a faire comme moi : guérir par soi-même...

***

_Thea, crie Mrs Tracy. Dépêche toi, le rosbif va refroidir !

_J'arrive !

Je m'assois donc en face de ma psychologue. Nous mangeons en silence.

_As-tu fait tes valises pour le foyer, me demande Mrs Tracy.

_Heu, hésitais-je. Je n'ai pas fini.

_Okay. Est-ce que tu as des questions sur Harlow Foyer à me poser ?

Je réfléchis quelques secondes et déclare :

_Je ne sais pas. Je crois que vous ne savez pas si je serai dans une chambre double ou individuelle.

_Tu as raison, soupire-t-elle. Tout de même, tu sais que tu peut m'appeler Lindsay et me tutoyer maintenant.

Elle me prend par la main en me regardant attentivement. Je baisse les yeux, gênée en hochant légèrement la tête. Lindsay retire sa main et continue à manger tranquillement.

_Tout va bien avec Cynthia ? Elle est partie en courant. Rien de grave, j'espère, demande-t-elle.

_Nous nous sommes disputés.

_Ah je vois, soupire Mrs Tracy. Tu sais, Thea, il faut savoir contrôler ses émotions et ne pas s'emporter. Cynthia est une fille vraiment adorable. Je me doute qu'elle veut trop bien faire et que cela ne va pas aussi vite qu'elle le souhaite. Mais, laisse-lui une seconde chance.

_Je t'arrête tout de suite. Cynthia est partie d'elle-même.

_Okay. Alors, revoie-là au plus vite et excuse-toi. Je sais que tu n'y arriveras pas sans elle. Vous avez besoin l'une de l'autre.

_Arriver à quoi ?

Mais Lindsay range déjà les assiettes dans le lave-vaisselle sans répondre à ma question. Je ne relève pas et mange ma part de cake.

***

Voilà ! Je suis dans la voiture de Lindsay. Ma valise est dans le coffre. Ma psy m'a fait une tresse. Je me regarde dans le rétroviseur. Le reflet qu'il me donne est une fille presque normale mis-a-part les grosses cernes violettes sous ses yeux rougis par les pleurs et la fatigue. Je ronge mes ongles abîmés par le stress.

_C'est parti, dit calmement Lindsay.

Le paysage défile sous mes yeux. Je vais quitter Londres, MA ville pour une région que je ne connais pas. J'ai peur. Mrs Tracy met alors la radio en route. Une chanson hypnotisante commence. Je sens mes paupières se fermer irréductiblement.

***

Une main me secoud énergiquement l'épaule. Je pousse un grognement. Soudain, j'ouvre les yeux violemment.

Une nouvelle page de ma vie commence maintenant...

§§§

Merci d'avoir lu ce chapitre ! <3

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Désolée pour l'attente : je vous aime <3<3<3

A Bientôt^^

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