9. Correspondance

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"Le 17 juin 1881.
Madame, bonjour. Je me nomme Joséphine Schiller. Vous me connaissez sûrement sous le nom de Mme Lubern. Je suis mariée à Henri Lubern. Mais, je ne veux pas de cette union. C'est pourquoi je vous confie ma fille, Camille. Je n'ai point envie que mon mari la découvre. Je ne puis rester longtemps ici. Voici une somme généreuse de 1 000 francs pour son éducation et  pour l'orphelinat.

Elle se prénomme Camille. Gardez la dans le plus grand secret s'il vous plaît. Si mon mari venait  à la découvrir, il la tuerai sans pitié. Choisissez un anagramme de son nom. Je veux pouvoir la retrouver. Quand elle sera majeure, il serait bon que vous l'emmeniez au Manoir où j'habiterai. Il se trouvera dans les Alpes allemandes, là où j'ai grandi. La Normandie en est bien loin, mais, je ne puis passer un jour sans penser à ma nation chérie. Veuillez comprendre cela. Mais, surtout, ne révélez jamais rien à  Camille avant ses dix-huit ans, j'y tiens. Si elle venait à fouiller ici, punissez là sévèrement, je veux de tout mon cœur garder la surprise intacte. Si elle venait à mourir avant sa majorité, envoyez moi une missive. Je vous en prie, prévenez moi et je la rejoindrais au paradis.
 Merci beaucoup,
 Joséphine Schiller."

Camille en eut les larmes aux yeux. Elle reposa le dossier. Il y avait, à côté, une lettre que le fantôme ouvrit délicatement, comme on sort un bijou de verre d'une vitrine. C'était la fameuse missive.

"Mme Schiller.
 Nous avons l'immense regret de vous annoncer la mort de votre fille, Camille Brunel. Le 4 avril 1893, à midi, nous avons retrouvé son corps inanimé au pied de la falaise du Rocher. Il semblerait que ce soit un meurtre. Camille ne se serait jamais jamais suicidée ! L'inspecteur Gridou pense que c'est un  homme qui l'a tuée. Je soupçonne Henri. Je n'ai pas mis l'inspecteur au courant de votre histoire, il pense que Camille est une orpheline comme les autres. Avant d'aller au paradis, tâchez, s'il vous plaît, de répondre à cette missive. 
 Rose Salve, Directrice de l'orphelinat."

Il y avait une réponse. Mais Camille entendit des bruits de pas et s'empressa de remettre la lettre là où elle l'avait trouvée. Elle s'accroupit ensuite derrière le bureau et attendit. Personne ne rentrait et le bruits de pas s'étaient éloignés. Elle reprit la lettre et la lut.

"Mme Salve.
 Très bien. Ma fille est morte je la rejoindrais. Voyez, j'ai tâché de vous répondre et je vous ai renvoyé votre missive. Comprenez que, je n'ai plus de raison de vivre désormais. C'est avec une tristesse immense que je mets fin à mes jours.
 Au revoir et merci, Rose.
 Joséphine Schiller. "

Camille fut ravagée par une vague de tristesse. Elle ne comprenait plus rien. Pourquoi était ce si difficile ? Au moins, elle savait qui l'avait poussé. Il ne restait plus qu'à le retrouver.


L'Affaire BrunelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant