16. Le bateau de bois

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Occupée à somnoler dans la grange, Camille n'entendit pas les pas se rapprocher et la porte s'ouvrir. Jacques apparut.
 "Camille, j'ai d'autres infos, mais, je dois partir. Je n'ai pas beaucoup de temps. Tu m'écoutes ?
 -Tu vas partir où ? Ah, oui. C'est vrai. En prison.
 -Mais, qu'est ce que tu racontes ?!
 -Jacques, je sais tout. Enfin, Jacques. Henri. Ou... Père.
 -Je....
 -Ne gaspille pas ta salive pour des mensonges. Je sais tout.
 -Camille, tu....
 -Mais, tu ne comprends pas ?! C'est inutile d'essayer de te justifier, je sais que c'est toi , toi et personne d'autre ! NE M'ADRESSE PLUS JAMAIS LA PAROLE !" Et Camille quitta la grange, tremblante de rage. Jacques, son père, son assassin mais, avant tout, il avait été... son ami... Les larmes perlèrent à ses yeux. Elle ne savait pas quoi faire. Fallait il le dénoncer à la police ? Elle entendit alors la porte de la grange s'ouvrir. Quelqu'un poussa un cri d'indignation. Camille se retourna. Trois policiers tenaient fermement Jacques par le bras. Ses pieds trainaient dans la poussière. Il était décoiffé et, de là où elle était, l'adolescente pouvait voir les reflets argentés des sillons de larmes qui avaient creusé ses joues. Mais elle resta impassible, regardant la scène de derrière son rocher. Lorsque la diligence eut prit le chemin de la ville, elle descendit sur la plage. Là, son regard fut attiré par quelque chose. Un objet d'assez petite envergure qui flottait sur la surface tuilée de l'eau, au rythme des vagues. C'était un bateau, un bateau en bois. Du bout des doigts, le fantôme effleura le bois flotté peint en rouge passé. La peinture était écaillée et craquelée. Ce petit bateau ressemblait à un jouet pour enfant. Et, à autre chose mais, Camille ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. En tout cas, elle l'avait déjà vu, c'était certain. Mais, où ?

La nuit ne tarderait pas à tomber. Pensive, Camille arpentait les rues pavées de St-Gal-Sur-Mer. Comme d'habitude à cette heure ci, les commerces commençaient à fermer. M. Aubert paraissait un peu plus triste. Cachée au coin de la boulangerie, Camille écouta une jeune femme blonde et magnifique qui arborait une robe de promenade framboise.
 "M. Aubert, quelque chose ne va pas....
 -Oh, ma pauvre, rien ne va ! Ma fille est malade...
 -J'espère que ce n'est pas trop grave ! Qu'a-t-elle ?
 -Le tétanos, très chère." La jolie femme plaqua sa main devant sa bouche et tapota de son autre main le bras du commerçant. Camille était aussi triste que le boulanger. De son vivant, elle avait beaucoup joué avec Rose. Elle était gentille et généreuse. Le fantôme adorait tresser des longs cheveux noirs et parler des heures de tout et de rien. Elle avait très envie d'aller lui rendre visite, mais, elle ne pourrait pas, de peur de l'effrayer. Mélancolique, elle reprit son chemin.

L'Affaire BrunelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant