2. L'horrible robe aux marguerites

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Camille entrouvrit les yeux. Elle était allongée sur le sable mouillé. L'eau gelée lui léchait les pieds et ses cheveux lui rentraient dans la bouche, ce qui était vraiment désagréable. Elle se leva. Son épaule droite lui faisait mal et elle avait des acouphènes. Après s'être massé les oreilles, elle se mit debout. Lorsqu'elle baissa les yeux, Camille s'aperçut qu'elle ne portait pas la robe verte de l'orphelinat mais une immonde robe blanche à motifs marguerites. Stupéfaite, elle examina la robe. Comment... ? Comment c'était possible ? Elle se retourna mais ne trouva pas son ancienne tenue. En reculant, elle heurta un bout de bois planté dans le sable mouillé. Camille le retira du sol. C'était deux petits bâtons attachés en forme de croix avec une ficelle. Elle replanta la croix là où elle l'avait trouvée et marcha le long du fin banc de sable pour remonter sur la falaise. Lorsqu'elle fut en haut, elle aperçut Carline appuyée contre le rocher. 
"Carline !", s''époumona-t-elle en faisant de grands gestes avec la main. L'interpellée tourna la tête, mais, au moment où elle vit son amie courir vers elle, Carline pâlit et se leva avant de partir en hurlant. L'adolescente s'arrêta net. Quoi ? Qu'avait elle fait ? Il se passait beaucoup trop de choses étranges à son goût. La chute, la robe, Carline... Le vent se leva soudainement. Camille se sentait irrésistiblement emportée. Même en essayant d'ancrer ses pieds dans le sol, son corps continuait de dériver dans le sens du mistral. En tournant la tête, elle aperçut Carline qui pleurait en parlant à Sœur Thérèse, l'infirmière de l'orphelinat. Comme par miracle, le vent s'arrêta. En entendant ce que son amie racontait à Sœur Thérèse, Camille aurait préféré qu'il ne s'arrête jamais et la porte au delà de tout. 

"Ma sœur, c'était horrible..., hoquetait Carline. J'ai... j'ai vu le fantôme de Cami... Camille ! Elle portait une étrange robe et courait vers moi en cri... en criant !"

Sœur Thérèse regardait Carline avec appréhension, comme si elle avait aussi vécu cela. Camille reçut comme un coup de poignard dans la poitrine. La respiration saccadée, elle recula. Fantôme ?

Assise sur le bord de la falaise, Camille admirait la mer grise. Elle n'était qu'à demi-cachée par le rocher, mais elle n'avait pas envie que quelqu'un la voie et parte en hurlant à Sœur Thérèse de venir. C'est alors qu'elle comprit ce qui lui était arrivé. Elle ressentit alors une vague de rage déferler en elle. Son estomac faisait des acrobaties dans son ventre. Son sang bouillonnait, ses tempes frémissaient. Elle se promit qu'elle retrouverait son assassin. Et, alors... Un bruit de pas la tira de ses pensées. Un garçon, âgé peut-être de  trente ou trente-cinq ans, s'avança vers elle. Lorsque Camille se retourna vers lui, il blanchit. Mais, quand elle croisa son regard, l'adolescente fut prise de vertiges. Dans sa tête défila, image par image, la chute du haut de la falaise. Camille détourna les yeux, et... tout se calma.



L'Affaire BrunelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant