15. Les crocus jaunes

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Quatre jours s'étaient écoulés depuis que Jacques et son acolyte aient "visité" le commissariat, ou cinq, peut-être. Camille ne savait plus trop, elle était un peu perdue. Mais, ce matin là, l'agent Marcquin et deux autres bonshommes étaient arrivés en vitesse à l'orphelinat et avaient tenu absolument à s'entretenir avec la directrice. Puis, le commissaire était arrivé. Camille sortit de la grange en entendant une deuxième diligence s'arrêter sur le chemin de graviers de l'orphelinat. Intriguée, elle s'était approchée de la voiture et le commissaire en était descendu. Une quinzaine de minutes plus tard, les trois policiers et le commissaire étaient ressortis, la directrice, Soeur Thérèse et quelques pensionnaires curieux sur les talons. Le petit cortège était ainsi sorti du village et Camille les avait suivi jusqu'au cimetière. Un peu effrayée, elle les vit se diriger vers sa tombe. Elle crut alors tomber de surprise. Jacques était là, il déposait un bouquet de crocus jaunes sur la pierre tombale de l'adolescente. Le commissaire dit alors :  

"L'assassin fleurissant sa victime, comme c'est touchant...." 

Si Camille avait été vivante, elle serait morte d'une crise cardiaque ou étouffée de surprise. Jacques ?! C'était Jacques qui l'avait poussée ? Impossible. Pourtant... Pourtant, Camille avait du mal à y croire, mais... Mais ça se tenait. Sauf que, en réfléchissant bien, c'était assez perturbant. Premièrement, Camille avait enquêté avec son assassin. Voilà qui expliquait déjà beaucoup de choses. Deuxièment, si ses suppositions étaient justes... Jacques était son père. Ce qui collait parfaitement aussi. D'abord, sa mère avait trompé Jacques et avait mit sa fille à l'orphelinat, pour ne pas que son mari le découvre. Mais il l'avait découvert quand même et, à cause de l'argent qui ne lui reviendrait plus, il tua sa fille en la poussant du haut de la falaise, pour récupérer l'héritage. Écœurant. En plus, il avait bien organisé son crime. Jacques avait quand même changé de nom deux ans auparavant. D'après Camille, c'était pour éviter que quelqu'un découvre le lien "Lubern /Brunel". Et, il avait changé de nom pour Jacques Ortonn. Ensuite, il l'avait poussée de la falaise et avait feint d'être à ses côtés pour éloigner les pistes. Il restait quand même quelques mystères. Qu'est-ce que c'était la chose qui, le jour de sa mort, l'avait attirée au bord de la falaise ? Et, que faisait Jacques dans la forêt en costume ? Et, qui était son acolyte lors de son intrusion au commissariat ? Il restait pas mal de choses à élucider. 

L'Affaire BrunelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant