18. La triste vérité

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Tout était éclairci, et pas seulement dans le ciel. Camille était allongée confortablement dans l'herbe verte et regardait les moutons flâner au loin. L'histoire était terminée, maintenant. Elle savait tout. Seulement, quelque chose l'embêtait. Elle avait mis à peine un mois à résoudre cette énigme et maintenant, qu'allait-t-elle faire ? Que se passerait-il ? Elle resta sans bouger, perdue dans ses réflexions. Quelqu'un s'approcha à petits pas rapides, essoufflé. Camille se redressa. Carline ?
"C... Carline ? Mais qu'est.... qu'est ce que tu fais ici ? Bégaya le fantôme, abasourdi.
-Je... je me disais que.... que tu étais.... mon amie de.... de ton vivant et je..... voulais juste venir te.... te voir pour te dire que tu me manques..... trop.... t'es sûre que.... que tu peux pas re...... revenir ?
-Revenir ? A l'orphelinat ? Je ferai peur à tout le monde.
-Non ! Revenir à la...
  Carline jeta un coup d'œil circulaire et alla s'asseoir à côté de Camille.
-Revenir à la vie... Souffla-t-elle, comme si ce fut une phrase défendue. Camille éclata de rire.
-Non, non malheureusement, je ne peux pas.
  Carline eut l'air terriblement déçue et se mit à arracher des petits brins d'herbes nerveusement. Elle s'essuya les mains sur son tablier puis reprit, d'une voix tremblante :
-C'est que.... Tu nous manques tous à l'orphelinat.... la directrice est si.... si affectée ! Je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs, tu crois qu'elle t'aimait bien ?
-La directrice ? Non, non voyons. Mais.... mais j'ai mené ma petite enquête et, il se trouve qu'elle connaissait ma mère.
  Carline s'essuya les yeux du revers du poignet, et se laissa tomber dans l'herbe en fermant les  paupières. Ses longs cheveux blonds s'éparpillèrent en formant un joli motif.
-Alors ça... Si on m'avait dit que je parlerai au fantôme de ma meilleure amie, tombée d'une falaise à douze ans, je ne l'aurais pas cru !
-Bah, si on m'avait dit que mon assassin était mon pseudo-père et raconté tout ce que je sais aujourd'hui, jamais, mais jamais ne n'aurais cru le moindre mot.
-Et bien, raconte moi tout ce que tu sais ! S'écria Carline en se redressant. Je veux tout savoir, absolument tout, même les plus petits détails, ce sont toujours les plus croustillants !
-Et bien.... Ma mère s'appelait Joséphine. Joséphine Schiller. Elle était allemande et adorait son pays. Elle était tombée amoureuse d'un homme, là bas. Ils ne se sont pas quittés mais ma mère ne pouvait pas l'épouser, parce qu'elle était déjà promise à un autre, un français du nom de Henri Lubern. Il était très jeune mais très riche et c'était le parfait mariage arrangé pour leurs deux familles. Manque de chance, ma mère est tombée enceinte de son amant juste avant le mariage. Au début, personne ne l'a remarqué mais quand ça a commencé à devenir  pressant de trouver une solution, ma mère a essayé de faire croire que c'était Lubern qui l'avait mise enceinte. Au début, ça a marché. Tout le monde y croyait mais quand... quand je suis née, ma mère a paniqué. J'avais une ressemblance si flagrante avec son ancien amant, qui l'avait d'ailleurs quittée juste après qu'elle soit tombée enceinte, que Lubern risquait de s'apercevoir de la supercherie. Du coup... elle m'a laissé à sa vieille amie, Mme Salve, avec un cadeau de mille francs. Mme Salve m'a appelé Brunel pour camoufler mon véritable nom. Mais lui aussi m'a retrouvée. Ma mère partit s'installer dans un manoir, dans les Alpes allemandes, pour que son mari ne la trouve pas. De son côté, Lubern découvrit toute la vérité, par la femme de l'amant de ma mère. Il entra dans une rage folle. Non pas que ma mère l'ait trompé, mais que l'argent des Schiller ne lui revienne plus, plus rien, plus une petite pièce sale, non, rien. Alors il se mit à me chercher. Il passe la Normandie au peigne fin jusqu'à... jusqu'à ce jour où il me retrouva. C'était un espion. Jean, le grand, tu sais ? Eh bien, il était un espion. Mon père a fait semblant de l'adopter sous son nom Lubern puis il a changé, pour deux raisons : une, pour rôder sans se faire reconnaître. Deux, pour me tuer. Si il est découvert, les Lubern ne seront en aucun point affectés et il pourra tranquillement toucher son héritage. Ingénieux. Le reste est simple : le bateau de bois... le bateau de bois, ce sont des enfants qui jouaient avec. J'ai entendu une petite fille demander où il était passé. L'occasion est trop bonne ; Lubern me regarde m'approcher du bord en plissant les yeux. Il sait que je suis déstabilisée. Il s'avance... Et d'un simple geste, pouf, plus de Camille. Il touche l'héritage. Le hic, le voilà. Le lendemain, il revient sur le lieu du crime, pour essayer de faire disparaître des quelconques indices mais il tombe sur mon fantôme. Je l'aborde, arrive à lui faire conclure un marché. Sa fin a commencé là..."

L'Affaire BrunelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant