[LIVRE-JEU] Prisonniers

Chapitre 2

S'avançant, elle abaissa la poignée, ouvrant finalement la porte de gauche. Cette dernière donnait sur un long couloir sombre qui fit frissonner Sacha. Ce chemin lui semblait peu sur, si bien qu'elle tenta d'ouvrir la porte de droite. Hélas, elle semblait verrouillée. La jeune fille essaya tant bien que mal de l'ouvrir, poussant et tirant, en vain.
"Bon ben... On dirait que j'ai pas le choix." s'exclama-t-elle.
L'adolescente retourna devant la porte de gauche, prit une grande inspiration et s'engouffra dans le couloir obscure.
Le tunnel était humide, les mains de Sacha étaient mouillées à force de se tenir aux murs pour s'orienter. Au fur et à mesure de son avancée, le chemin semblait remonter et bifurquer. L'adolescente était désorientée dans ces ténèbres, la lumière de son téléphone n'éclairant que faiblement l'endroit. Elle avait l'impression de retourner vers le manoir, sous terre cette fois-ci. Sa marche n'était pas ardue mais longue tandis qu'elle se demandait de plus en plus où elle se dirigeait. Subitement, le chemin monta à la verticale, devenant de l'escalade. Contrainte à ranger son téléphone, elle chercha à tâton des prises pour ses mains, ses pieds glissants sur la roche lisse. L'adolescente eut du mal à grimper, retombant à de nombreuses reprises. Heureusement, il ne s'agissait que d'un surplomb donnant sur ce qui ressemblait à un promontoire. Utilisant de nouveau son mobile comme lampe torche, elle poussa un petit soupir, s'essuyant le front de sa main. Il faisait chaud à l'extérieur mais sous la terre, cela était presque insoutenable. La jeune fille se mit à observer l'endroit où elle était perchée. À première vue, il s'agissait d'une impasse. Mais lorsque l'adolescente leva les yeux sur la voûte rocheuse, elle découvrit ce qui ressemblait à une trappe en bois. Se mettant accroupie -le plafond étant trop bas pour qu'elle puisse se tenir debout- elle posa ses mains sur la petite porte boisée et la poussa avec force. Une flopée de poussière s'abattit sur l'adolescente tandis que la trappe s'ouvrait dans un grincement strident. Se hissant tant bien que mal dans ce nouvel endroit, Sacha fut soulagée de découvrir que ce dernier était éclairé. Se relevant et s'époussetant, elle observa les lieux. Elle avait l'impression d'être dans une sorte de coupole où reposaient de nombreuses roses d'un rouge profond en son centre. Les fleurs étaient disposées de sorte à former une croix chrétienne. Cette bâtisse possédait une étrange atmosphère, le toit circulaire était soutenu par des colonnes de pierre parcourues par le lierre et le sol fissuré semblaient former une rosace. L'adolescente ne savait pas où elle se trouvait, peut-être dans la forêt ? La coupole était entourée par une végétation épaisse. Sacha s'avança vers la croix de roses, les effleurant de ses doigts.
"Étrange endroit..." chuchota la jeune fille pour elle-même.
Elle remarqua alors une lettre, semblable à celle trouvée sur la fontaine un peu plus tôt. L'adolescente l'ouvrit et la parcourit des yeux.
"Celui qui ouvrira cette lettre sera le perdant du jeu."
Elle n'eut pas le temps de dire ou faire quoi que ce soit qu'on lui plaqua une main sur la bouche et qu'on l'obligeant à s'agenouiller. Sacha se mit à se débattre mais elle sentit l'étreinte se resserrer autour d'elle, l'empêchant de s'échapper. La peur commença lentement à s'insinuer en elle lorsqu'elle sentit un contact froid sur sa gorge, la faisant frissonner.
"Ne bouge pas jolie fleur, tu risquerais de t'abîmer." susurra son agresseur.
Sacha se mit à respirer bruyamment, prise de panique, sentant la sueur perlée sur son front. Son coeur tambourinnait dans sa poitrine, elle ne savait quoi faire, prisonnière de cet homme. L'adolescente avait très bien compris que le contact froid dans son cou était une lame de couteau et cela la terrifiait. Son agresseur se mit alors à la bercer, doucement, fredonnant ce qui ressemblait à une berceuse, gardant tout de même sa prise sur la jeune fille dont les yeux s'agitaient nerveusement dans leurs orbites, cherchant désespérément une solution, un échappatoire, en vain. Sacha ferma les yeux, retenant les larmes qui lui montaient aux yeux, son sanglot étouffé par la main de l'homme. Elle ne put empêcher une larme de couler le long de sa joue que son agresseur lui essuya délicatement.
"Ne pleure pas jolie fleur, il faut que tu restes belle."
Il lâcha enfin sa bouche pour passer sa main dans les cheveux de l'adolescente, les caressant tendrement. Sacha était tétanisée par la peur et eut un hoquet de surprise lorsque l'homme tira subitement ses cheveux, l'obligeant à lever la tête. Elle put découvrir le visage de son tortionnaire, un homme d'âge moyen qui devait être très séduisant il y'a quelques années et aurait pu l'être encore si son visage n'avait pas été parcouru par une énorme bâlafre qui avait rendu son oeil gauche blanc et aveugle. Un sourire étrange étirait ses lèvres ce qui fit frissonner de nouveau la jeune fille.
"Il m'aime un peu..." chuchota-t-il.
Le borgne fit glisser sa lame sur la joue de l'adolescente en exerçant une légère pression. Sacha sentit un mince filet couler le long de sa joue, la paralysant un peu plus. Sa joue se mit à lui picoter. Elle passa sa langue sur le fluide continuant de s'écouler, répandant un goût métallique dans sa bouche.
"Mais vous êtes qui putain ?!" eut-elle la force de demander.
Elle tenta de se redresser mais l'inconnu abattit son poing sur elle, une douleur sourde se répandant dans sa pommette, la faisant vaciller. La jeune fille voyait trouble, des points noirs s'agitant dans son champ de vision. Son esprit était embrouillé, elle était complètement perdue.
"Beaucoup..."
La voix de son tortionnaire semblait lointaine, mais lorsqu'il planta la lame de son poignard dans le ventre de la jeune fille, ce fut comme un électrochoc. Le cri de Sacha se bloqua dans sa gorge, elle agita frénétiquement ses lèvres, sentant un froid se répandre en elle. Elle plaça ses mains sur son abdomen, le poignard toujours plantée. Ses vêtements se colorèrent de pourpre et lorsque le bâlafré retira la lame, cela lui arracha un gémissement. L'adolescente se mit à trembler, la seule chose la maintenant à genou étant l'homme, la tenant toujours par les cheveux.
"Passionnément..."
Le poignard s'enfonça de nouveau dans son ventre la faisant gémir.
"À la folie..."
Il tourna le poignard dans sa chair puis le remonta légèrement, tailladant son corps un peu plus. Sacha ferma les yeux, la douleur insinueuse se répandant dans tout son corps, son corps qui n'était plus qu'une plaie béante. L'inconnu retira lentement son objet de torture et commença à tourner autour de l'adolescente, fredonnant de nouveau sa berceuse. Il s'agenouilla derrière Sacha, passant une main autour de sa taille, humant le parfum de la jeune fille, son souffle chaud caressant le cou de la lycéenne.
"Pas du tout."
Et d'un geste vif, lui trancha la gorge. Un filet pourpre s'écoula de sa gorge, Sacha voulut parler mais rien ne sortit d'entre ses lèvres, mise à part le même fluide rouge, emplissant sa bouche d'un goût métallique. Un soubresaut agita son corps puis, elle s'effondra, le regard soudain vitreux. L'homme se mit à rire en essuyant sa lame sur les vêtements de la jeune fille. Il prit son corps sans vie et le déposa délicatement sur le lit de roses, les mains placées en croix. Il tira de sa poche une enveloppe et la déposa à côté du visage de Sacha avant de se détourner.
"Au suivant..."
Et il disparut. Quelques instants plus tard, des éclats de voix resonnèrent à l'extérieur. Les buissons se mirent à frémir tandis que le visage de Violette apparaissait. Lorsqu'elle aperçut Sacha, elle se mit à hurler, son amie était morte.

SACHA EST MORTE

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