Chapitre 11

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Le couloir que les adolescents avaient choisi d'emprunter était humide et étroit. Il y régnait une obscurité oppressante, Sacha avait peur à tout moment que, en levant la lumière de son téléphone pour chasser les ténèbres, elle se trouve nez à nez avec une créature effrayante qui la réduirait en charpie. Cette peur pouvait sembler insensée, après tout, seuls les enfants imaginaient d'ordinaire ce genre de chose lorsqu'ils se trouvaient dans l'obscurité. Mais vu les évènements des jours passés, Sacha s'attendait à tout, même aux choses les plus irréalistes possibles. En tête du petit groupe de lycéens, la jeune fille promenait la lumière de son téléphone sur les parois du tunnel luisantes d'humidité. L'adolescente frissonna légèrement, la température avait drastiquement chuté et elle n'était vêtue que trop légèrement. 

Personne ne semblait oser parler, le seul son brisant le silence pesant étant les bruits de pas du petit groupe. Sacha profita de cette sorte de torpeur pour réfléchir un peu à la situation, essayer de trouver une explication logique à tout ceci, en vain. Elle ne comprenait pas pourquoi cet homme, ce prétendu comte avait crée ce jeu macabre et prenait un tel plaisir à les voir mourir à petit feu. Qu'est ce qui pouvait amener une personne à faire quelque chose d'aussi horrible ? Le visage de Violette passa brièvement dans l'esprit de l'adolescente, elle sentit son cœur se serrer. Au moins, son amie n'avait pas à connaître les déboires qu'elle et le reste du groupe vivaient désormais... La jeune fille se demandait également pourquoi leurs parents n'avaient rien tenté pour les aider. Elle se doutait bien qu'ils n'imaginaient pas l'espace d'un instant ce qu'ils étaient en train de vivre mais aucun d'eux n'avaient pu leur donner de nouvelles depuis leur arrivée. Connaissant sa mère, Sacha savait pertinemment qu'elle devait être morte d'inquiétude, et elle ne comprenait pas pourquoi elle n'avait pas tenté de la contacter, ou encore de se rendre au manoir, elle la savait capable de le faire... 

Perdue dans ses pensées, la jeune fille n'avait pas remarqué que le sol s'était subitement incliné, et que désormais, le petit groupe descendait. C'est en manquant de glisser sur le sol humide qu'elle s'en rendit finalement compte. Le doute s'abattit alors sur elle, qui sait où ce chemin allait les conduire ? Avec tout ce qu'elle venait de vivre en à peine quelques jours, la jeune fille était prête à tout et imaginait tout, même le pire... Un frisson parcourut son dos, mais elle n'aurait su dire s'il était dû au froid de la galerie ou bien à la peur irascible lovée au creux de son estomac. 

Au bout d'un moment, le sol glissant et irrégulier se lissa peu à peu, devenant plus facile à pratiquer pour les adolescents. Sacha orienta la lumière de son téléphone sur le sol et elle découvrit avec un certain étonnement qu'il ne s'agissait plus d'une pierre luisante d'humidité mais d'un sol de béton gris, sec. Ses camarades le remarquèrent tour à tour, instaurant une sorte de frénésie nouvelle dans le petit groupe d'adolescents. La jeune fille fut elle-même happée par cet engouement, tous imaginant la même chose : un échappatoire pour quitter le manoir. Animés de cette énergie nouvelle, les lycéens accélérèrent le pas sans même s'en rendre compte, espérant tous que ce chemin les conduirait à l'extérieur de ce lieu maudit. Sacha eut une petite pensée pour l'autre groupe, se demandant s'ils réussiraient à tenir sans eux, le temps qu'ils aillent chercher du secours à l'extérieur, qui sait ce que le comte pourrait leur faire s'il découvrait qu'une partie de ses prisonniers avait réussi à s'échapper...  

"Une porte !"

L'exclamation soudaine d'un de ses camarades fit légèrement tressaillir l'adolescente, qui était habituée depuis de longues minutes au calme de la galerie où seul le goutte à goutte de l'eau sur le sol résonnait. Redressant la lumière de son téléphone, Sacha découvrit en effet une porte plutôt imposante de métal rouge qui était étrangement entrouverte. Les lycéens restèrent quelques secondes à observer la porte, les lumières artificiels de leur téléphone s'agitant en tout sens pour inspecter l'ouverture de métal rouge, craignant qu'elle ne dissimule un piège quelconque. Finalement, l'endroit semblant inoffensif, ils passèrent un par un l'entrebâillement. Lorsque ce fut au tour de la jeune fille, elle prit une petite inspiration, appréhendant ce qu'elle allait découvrir comme on appréhende de dévaler de vertigineuses montagnes russes. 

[LIVRE-JEU] PrisonniersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant