[LIVRE-JEU] Prisonniers

Chapitre 7

Sacha hésita longuement avant de se saisir de l'arc central. Elle ne savait pas trop pourquoi elle avait choisi celui-ci, peut-être à cause des couleurs vives qui l'ornaient, un bleu glace qui donnait un aspect à la fois fragile et mortel à l'arme. Le bois dont il était fait était d'une extrême dureté, ce n'était pas du tout un arc souple. La jeune fille prit l'une des flèches et tenta de la plier, en vain, elle était aussi dure que de la glace. L'adolescente jeta ensuite un bref coup d'oeil aux autres arc, se demandant si elle avait fait le bon choix, ne comprenant pas ce qui aurait pu les différencier. En posant son regard sur l'arc tout à droite, le plus sombre, Sacha remarqua alors que le carquois de ce dernier ne contenait que quatre flèches, contrairement à celui q'elle tenait qui en contenait cinq. Un léger frisson parcourra le dos de la lycéenne, comprenant peu à peu son erreur. Elle lâcha aussitôt l'arc de glace pour se jeter sur l'autre, mais avant qu'elle n'ait pu ne serait-ce que l'effleurer, la pièce fut de nouveau plongée dans le noir. L'adolescente entendit le petit cri de panique d'Alice tandis qu'Adrien déclarait, ne cachant pas l'inquiétude dans sa voix :
"Putain Sacha qu'est ce qui se passe ?"
L'adolescente ne sut que répondre. Elle garda le silence, paralysée, sachant pertinemment qu'elle venait de sceller le sort d'un d'entre eux... Les minutes s'écoulèrent, longues oppressantes, sans que personne n'ose dire ou faire quoi que ce soit. Sentant la peur monter, la jeune fille crut sentir quelque chose lui frôler le bras. Elle fit volte-face, la peur devait lui jouer des tours. Le silence se prolongea encore quelques instants avant qu'Alice pousse de nouveau un cri strident. Sacha tressaillit, en entendant le cri étouffé d'Adrien qui suivit avant que quelque chose n'heurte le sol avec force.
"Les gars c'est quoi ce bordel ?" s'exclama Axel.
Alice sanglotait, Axel continuait de piailler tandis qu'Adrien prononçait des grognements incompréhensibles. Sacha était impassible, ne sachant que faire, le souffle court, elle resta ainsi debout, les jambes tremblantes.
"Léa ? Où est Léa... ? gémit Alice.
- T'étais à côté d'elle y'a même pas cinq minutes ! rétorqua Axel.
- Il l'a prise, je ne sais pas où il est...
- Qui ça "il" ? Putain mais qu'est ce qu'il se passe encore ?!"
Sacha sentit la panique l'envahir, tandis que la lumière éclata de nouveau, l'aveuglant à moitié. Lorsque ses yeux furent de nouveau habitués à la lumière, l'adolescente posa instinctivement le regard sur ses camarades. Axel faisait les cents pas, tandis qu'Adrien était allongé sur le sol, le visage tordu par une grimace se tenant le crâne, Alice à ses côtés. La jeune fille parcourut la pièce des yeux, mais elle ne voyait nulle part Léa. Son regard croisa celui d'Alice, mais cette dernière baissa les yeux en secouant la tête. Abattue, la lycéenne finit par s'asseoir à même le sol, ne sentant plus ses jambes capables de la porter. Sans un mot, ils restèrent ainsi, dans le silence, le regard triste, comprenant qu'ils avaient échoué, ils avaient condamné Léa. Sacha sentit les larmes monter, elle enfouit son visage dans ses mains. Même si elle n'appréciait pas vraiment Léa, jamais elle n'aurait souhaité sa mort, qui plus est par sa faute. Elle sentit une main se poser sur son épaule mais ne releva pas la tête.
"On va s'en sortir, t'inquiète..."
La voix d'Axel lui fit esquisser un très léger sourire. Elle n'y croyait pas vraiment, mais les paroles rassurantes de son ami lui faisaient du bien.

Le temps passa, presque interminable, jusqu'à ce qu'on entendit le grincement étrange d'une porte. La jeune fille releva doucement sa tête et dirigea son regard vers la porte par laquelle ils étaient entrés. Etrangement, elle était close. Pourtant l'adolescente n'avait pas inventé ce bruit puisque tous les yeux de ses camarades convergeaient au même endroit. Il eut alors un petit cri, suivit d'un éclat de bruit atroce. Sacha fit volte-face  et découvrit avec horreur, le corps désarticulé de Léa gisant au sol, des bouts de bois en éclats éparpillés tout autour d'elle. Alice hurla en découvrant le corps de son amie et se précipita sur elle, la secouant comme pour la réveiller. Il eut un grésillement sourd, couvert par les lamentations d'Alice, jusqu'à ce que la voix du comte résonne dans l'armurerie :
"Quel dommage, si jeune et là voilà partie...
- C'est de votre faute espèce de vieux taré ! cracha Alice, le visage ruisselant de larmes.
- Ce n'est pas moi qui ai choisi la mauvaise arme que je sache... susurra la voix.
- Fermez-la ! Sacha n'y est pour rien ! déclara Axel.
- En effet, vous voilà tous au même niveau. Piégés dans l'armurerie... Comment s'échapper lorsque les murs semblent si étriqués ?
- Qu'est ce que vous voulez dire par là ?" demanda Adrien le regard sombre.
La voix ne lui répondit pas immédiatement. Il eut un grondement sourd, qui fit trembler la pièce puis, de la poussière se mit à tomber du plafond. Sacha leva les yeux et découvrit avec stupéfaction que le plafond commençait peu à peu à descendre, se rapprochant d'eux. Elle hoqueta légèrement, jetant un regard paniqué à Axel, qui lui rendit bien. 
"Le temps passe, dépêchez-vous de trouver un échappatoire..."
Le comte s'esclaffa alors de rire, avant que le grésillement ne revienne, annonçant la fin de son intervention. Le grondement reprit, la poussière continuant de tomber. Sacha jeta un regard fou tout autour d'elle, ne sachant que faire. Elle vit Adrien se précipiter vers la porte d'entrée, tentant en vain de l'ouvrir. Le jeune homme poussa un grognement avant de se saisir de l'une des nombreuses épées exposées dans l'armurerie et se mit à frapper désespérément la porte. 
"Arrête Adrien, ça sert à rien... l'implora sa soeur.
- Pas question que je crève ici comme un con ! rétorqua-t-il, il y'a forcément une solution.
- Les gars par ici !"
La voix d'Axel leur fit aussitôt tourner la tête. Le garçon leur indiquait une trappe dissimulée auparavant par une sorte de mannequin vêtue d'une tenue de soldat. Sacha ne chercha même pas à savoir comment le métisse avait trouvé cet échappatoire, elle se précipita vers son ami et l'aida à ouvrir la trappe qui s'avéra être plus lourde que ce qu'elle pensait. Le grondement reprit, le plafond se rapprochait de plus en plus d'eux. Les jumeaux les rejoignirent rapidement et ils s'engouffrèrent tour à tour dans ce conduit, qui les mènerait vers un endroit peut-être encore plus dangereux... La trappe donnait sur une petite échelle qu'ils s'empressèrent de descendre. L'endroit où ils atterrirent ressemblait à une sorte de souterrain très sombre si bien qu'ils sortirent tous leur téléphone pour obtenir un peu de lumière. 
"On capte toujours rien ici... soupira Axel.
- Ca t'étonne ?" ironisa Adrien.
Le jeune homme, le bras passé autour des épaules de sa soeur tentait de la maintenir debout. Sacha sentit son coeur se serrer en observant la jeune fille, voilà qu'en deux jours elles avaient toutes les deux perdues un être cher... 
"On devrait avancer..." suggéra Sacha.
Les lycéens avancèrent donc en silence dans ce souterrain. Les murs de pierre étaient humides et la jeune fille ne tarda pas à frissonner de froid, elle qui était vêtue très légèrement. Ils marchèrent silencieusement, éclairant le chemin grâce à la lumière de leur téléphone. L'endroit était assez oppressant, et Sacha se demandait bien où cela allait les mener... Finalement, au bout de long moment de marche, le chemin finit par se séparer en deux. Les adolescents s'arrêtèrent alors et se concertèrent du regard, ne sachant quelle bifurcation prendre. Ils éclairèrent tour à tour les deux chemins, qui étaient identiques en tout point de vue, il n'y avait qu'à laisser parler la chance sur ce coup là...

Si tu souhaites prendre le chemin de gauche, va au chapitre 11.
Si tu préfères choisir le chemin de droite, va au chapitre 12.