Chapitre 3

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Sacha fut surprise lorsque la porte de droite s'ouvrit presque d'elle-même lorsqu'elle abaissa la poignée. S'attendant à trouver une sorte de couloir, elle fut étonnée de découvrir un petit piédestal où reposait une rose à la couleur dorée, scintillant dans la pénombre. L'adolescente sourit, prenant la fleur dans ses mains avant de se rendre compte que sous la fleur, il y'avait une lettre, semblable à celle trouvée sur la fontaine. L'adolescente l'ouvrit et la lut rapidement, un simple ordre étant écrit :
"Apporte la rose à la coupole."
La jeune fille fronça les sourcils, ne sachant pas ce qu'était cette coupole. Elle referma la porte de droite, et, s'apprêtant à remonter les escaliers, se stoppa, soudain curieuse de savoir ce qui se trouvait derrière la porte de gauche. L'adolescente rebroussa chemin et tenta d'ouvrir la porte, en vain, elle était verrouillé. Légèrement dépitée, elle remonta enfin les escaliers, la rose dorée dans les mains.
En sortant de la cabane, Sacha fut éblouie par la lumière extérieure. S'accommodant à la lumière du soleil, elle aperçut une silhouette courant vers elle, et reconnut les cheveux bouclés de Julie. Son amie, la rejoignit en quelques secondes, légèrement essoufflée, le visage dévasté par une tristesse qui dérouta Sacha.
"Tout va bien ? demanda la brune, inquiète.
- Juste, suis-moi..."
Mille questions défilèrent dans son esprit mais l'adolescente ne pipa mot, se contentant de suivre sa camarade en silence. Elles marchèrent un long moment, jusqu'à atteindre un grand bosquet au feuillage épais.
"Viens."
La jeune fille blonde s'engouffra dans la végétation dense. Perplexe, Sacha l'imita, s'attendant à être griffée par les branchages mais elle se glissa sans problème à travers les feuilles. Ce qu'elle découvrit la laissa bouche-bée, le bosquet était tellement épais que personne n'aurait pu se douter que derrière se trouvait une grande coupole. Faite de pierre et soutenue par des colonnes, elle était vraiment impressionnante.
"C'est juste ça que tu voulais me montrer ? demanda Sacha.
- Non..."
L'adolescente remarqua alors que tous ses camarades étaient présents, arborant la même expression affligée. La jeune fille fronça les sourcils et avança, découvrant un grand tapis de roses pourpres formant une croix chrétienne. Et sur ce lit de roses, reposait une jeune fille au visage familier, un trait fin et rouge barrant sa gorge, une lettre posée à côté de son visage. L'adolescente se mit à blêmir.
"Violette... ?"
Sacha acourra, s'agenouillant devant son amie qui semblait dormir paisiblement, les yeux clos, les mains croisées sur sa poitrine, sa jolie robe teintée de rouge. La jeune fille la secoua doucement, tentant de l'arracher des bras de Morphée, ne pouvant croire ce qui était évident.
"Réveille-toi, s'il te plaît..."
Les larmes embuèrent ses yeux et elle continua de secouer son amie. Elle se mit à sangloter, voyant Violette inerte, dans son sommeil éternel. Adrien s'approcha d'elle, posant sa main sur son épaule.
"C'est fini Sacha, relève-toi.
- Lâche-moi !"
La jeune fille écarta le lycéen d'un geste rageur, s'accrochant désespérément à la robe de Violette.
"Sacha arrête, ça ne sert à rien...
- Ferme-la putain ! Laissez-moi !"
Elle se mit à gémir, continuant de sangloter. Evan, s'approcha alors et l'obligea à se relever. L'adolescente se mit à se débattre mais, dans l'étreinte puissante du garçon blond, elle ne pouvait que gesticuler.
"Maintenant arrête tes conneries ! C'est fini ! C'est pas en chialant qu'elle va revenir ! Retournons plutôt au manoir parler à ce fils de pute de comte."
Il lâcha Sacha qui continuait de sangloter et l'aida à avancer, suivis par les autres lycéens.
Lorsqu'ils rentrèrent dans le manoir, Sacha s'effondra sur les marches de l'escalier de droite, les yeux rougis. Le majordome qui les avait accueillis apparut en haut de l'autre escalier. Evan s'avança vers lui, les poings serrés, mais Léa plaça ses mains sur ses épaules, le stoppant. La belle brune lui indiqua Adrien du regard qui montait les escaliers. Elle lui chuchota quelque chose à l'oreille et le grand blond se détourna. Adrien monta calmement, jusqu'à se trouver en face de l'homme en queue-de-pie. Il tira de sa poche une lettre, et d'une voix forte mais paisible, il déclara :
"C'est la lettre qui était à côté du corps de Violette. Il y'a marqué "au suivant" à l'intérieur. Nous ne sommes pas en sécurité ici, ce prétendu comte veut notre mort.
- On a qu'à lui arracher la gorge à ce connard, cracha Evan en désignant le majordome.
- On ferait mieux de se casser d'ici !" s'exclama Alice.
L'homme en queue-de-pie se mit à rire. Evan lui jeta un regard assassin mais il continua de rire, déclarant de sa voix grave :
"Je suis navré mais nous ne pouvons vous laissez partir avant la fin du séjour. Les portes du manoir resteront closes jusqu'à votre départ.
- On va voir ça !"
Evan s'approcha des grandes portes et tenta de les ouvrir, en vain. Il donna un coup de pied rageur dans le bois, poussant et tirant sur les poignées.
"Ouvrez ces putains de portes ! vociféra-t-il.
- J'ai bien peur de ne pouvoir accéder à votre demande. Veuillez rester calme.
- Calme ? C'est une blague ?! piailla Léa, il y'a un fou furieux ici et on doit rester calmer ?! Je me barre d'ici, ça oui !"
La jeune fille prit l'un des vases décorant l'endroit et le jeta contre l'une des fenêtres. Des éclats de porcelaine furent projetés mais la fenêtre resta intacte. Léa se mit à tambourinner sur les carreaux transparents, tentant de les briser.
"Restez calmes s'il vous plaît ou nous allons devoir prendre des mesures plus... extrêmes."
Il eut un cliquetis étrange. Sacha était restée muette jusque là mais elle tressaillit en voyant le majordome, un revolver pointé sur le crâne d'Adrien. Le garçon resta cependant calme, levant les mains. Alice se redressa, le regard inquiet. Le silence plana quelques instants puis l'homme baissa son arme.
"Bien. Ne nous obligez pas à en venir à de telles extrémités, vous ne pouvez pas partir.
- Et qu'est ce qu'on fait de Violette ? demanda Sacha dans un souffle.
- Ne vous inquiétez pas, nous nous en occupons. Cette perte est navrante, mais c'est le jeu.
- Le jeu ?! Elle est morte putain ! rétorqua la jeune fille.
- Et elle ne sera pas la dernière, le jeu ne fait que commencer."
Sa déclaration jeta un froid. Les lycéens se regardèrent, estomaqués, ne sachant que faire, que dire.
"Veuillez me suivre s'il vous plaît, je vais vous conduire jusqu'à vos chambres."
Il se détourna et les adolescentes le suivirent en silence, conscient que cela ne servirait à rien de contester. Sacha se redressa, le dos courbé par la peine, suivant ses camarades. Ils étaient prisonniers, les portes étaient restées closes et les fenêtres incassables. Les déclarations de l'homme en queue-de-pie sonnaient étrangement vraies, ils étaient enfermés chez un psychopathe pendant trois semaines. Aucun moyen de s'échapper, aucun moyen de joindre l'extérieur.
Les escaliers menaient à un long couloir ressemblant à ceux des hôtels, les murs percés de portes régulières.
"Les chambres peuvent être occupées par deux ou quatre personnes, s'exclama leur accompagnateur, au fond se trouve l'escalier menant à la terrasse sur le toit. Le repas sera servi à vingt et une heure et Monsieur n'aime pas le retard, bonne installation."
Il les laissa ainsi. Axel poussa la porte d'une des chambres et s'y engouffra. Il ressortit quelques instants plus tard, un papier chiffonné entre ses mains.
"Y'avait encore une de ces lettres bizarres, dit-il.
- Lis-la." ordonna Lucas.
"Mes chers invités,
Demain, le jeu continuera. Je vous laisse le choix de vous rendre à la bibliothèque ou à l'armurerie. Vous pouvez vous séparer. Le petit déjeuner est servi à 8h. Alfred viendra vous chercher à 9h pour ceux souhaitant se rendre à la bibliothèque. Pour les autres, vous ferez la connaissance de Marie-Madeleine ma gouvernante, à 9h30.
Bonne chance,
Le comte Van Bodein."
"C'est une blague ! glapit Léa, je veux me casser, je vais rester dans la chambre jusqu'à ce que ma mère vienne me chercher !
- Tu l'as entendu non ? rétorqua Lucas, si on coopère pas, on crève.
- On se sépare demain alors ? demanda Julie.
- Hors de question ! T'as vu ce qui est arrivé à Violette ? répondit Sacha.
- Je pense qu'on ferait mieux de se séparer, répliqua Corentin, s'il voulait qu'on aille tous au même endroit, il ne nous aurait pas laissé le choix. La question est plutôt, qui va où ?
- J'irai à l'armurerie, proposa Adrien.
- Je viens avec toi, pas question de laisser mon frère se faire tuer.
- Et moi je ne laisserai pas ma meilleure amie seule, enchaîna Léa en remettant ses cheveux en place.
- Je vous suis ! dit Axel.
- Bien, reprit Corentin, j'irai à la bibliothèque."
Julie et Lucas se rangèrent aux côtés de Corentin, bientôt imités par Evan qui exprima son amour pour le sanctuaire des livres dans un juron. Julie se tourna vers Sacha qui était restée silencieuse, le regard sombre. La jeune fille blonde posa une main sur l'épaule de son amie et lui offrit un sourire compatissant.
"Tu viens avec nous ?
- Minute papillon ! intervint Axel, miss Sacha vient avec moi !
- Dans tes rêves !"
Tandis que ses deux amis commençaient à se quereller, Sacha se mit à réfléchir, consciente qu'elle ne pourrait rester seule toute la journée.

Si tu veux suivre Axel et aller à l'armurerie, va au chapitre 4.
Si tu préfères suivre Julie à la bibliothèque, va au chapitre 5.

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