Chapitre 9

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Sacha laissa ses doigts parcourir le papier vieilli, sentant la texture granuleuse de la page sur sa peau. L'encre noire des mots ne semblaient pas avoir vieillie, les phrases restaient claires et lisibles pour tous. L'adolescente observa avec attention la calligraphie des lettres, appréciant les arabesques des majuscules. Elle passa ainsi de longues secondes à apprécier l'écriture, jusqu'à ce qu'un détail attire son regard. Observant la première lettre de chaque début de vers, la réponse se dévoila alors sous ses yeux ébahis.
"C'est ce poème."
La voix de Sacha attira l'attention de ses camarades qui se pencherent pour voir quel texte elle venait de pointer du doigt. Il s'agissait du livre de gauche. Corentin se pencha sur le poème en remettant ses lunettes en place. Le jeune garçon fronça des sourcils en relisant une énième fois les quelques vers puis jeta un coup d'oeil à Sacha.
"Tu nous expliques ? demanda-t-il.
- Regarde la première lettre de chaque vers, en les lisant en colonne ça donne BODEIN, le nom du Comte, Julie avait raison."
Sacha esquissa un sourire en entendant son amie pousser un petit "yes" silencieux en entendant cela. Evan posa alors sa main sur l'épaule de l'adolescente la faisant légèrement sursauter.
"Bien joué Collins.
- M-merci, bredouilla l'adolescente.
- Qu'est ce qu'on doit faire maintenant avec le livre ?" intervint Lucas.
Personne ne lui répondit. Cependant, Corentin se décida à prendre le livre entre ses mains. Il se dirigea vers le centre de la bibliothèque et leva les yeux au ciel.
"Nous avons choisi ce livre." s'exclama-t-il d'une voix forte.
Evan étouffa un petit ricanement tandis que Lucas levait les yeux au ciel.
"Tu crois vraiment que ça, ça va marcher ?" railla Julie.
Au moment où l'adolescente finissait sa phrase, les ampoules des lustres de la bibliothèque se mirent à grésiller jusqu'à complètement s'éteindre et plonger la pièce dans le noir. Personne n'osa faire ou dire quoi que ce soit. Sacha se sentait comme paralysée, comme-ci au moindre mouvement une bête monstrueuse allait surgir de l'obscurité pour la dévorer. Après tout, tout était possible désormais dans ce manoir de malheur.
Soudainement, au bout d'une période qui sembla interminable, un hurlement strident résonna dans tout le manoir, faisant tressaillir Sacha. La lumière se ralluma aussitôt et les portes de la bibliothèque s'ouvrirent en grand, comme pour leur annoncer la victoire.
"Putain qu'est-ce que ce taré a encore fait ?!" pesta Evan.
Suivi de Lucas, les deux lycéens quittèrent précipitamment la bibliothèque, bientôt imités par le reste du petit groupe. L'esprit de Sacha fumait, qui avait bien pu être blessé ou tué une fois de plus ? Ce qui la rassurait légèrement était de se dire que ce cri ne pouvait être celui d'Axel, son ami était sauf.
Les adolescents se retrouvèrent bien vite dans le grand hall, guettant le moindre nouveau cri ou signe étrange.
"Ils doivent encore être dans l'armurerie, s'exclama alors Sacha.
- Sauf que l'on n'a aucune idée de où est elle se trouve..." soupira Corentin.
Abattu, le jeune homme s'affala sur les marches des escaliers. Tous se jetaient des regards inquiets, et si l'un d'eux était encore mort ? Sacha frissonna à cette pensée. Evan, quant à lui, tel un lion en cage faisait les cent pas.
"Tu veux bien te poser cinq minutes ? soupira Lucas, adossé contre le mur.
- Ce connard a sûrement touché un cheveu d'Alice ou Léa et tu veux que je me calme ?! Je vais lui foutre mon poing dans la gueule..."
Pour illustrer ses propos, le grand blond donna un coup de poing rageur dans le mur, enfonçant légèrement le bois sombre.

Et puis, un grondement sombre s'éleva derrière les adolescents. Tour à tour, ils se tournèrent vers ces grognements, provenant de sous l'escalier de gauche, plongé dans l'obscurité. Peu à peu, deux pattes massives s'extirpèrent du noir avant que la truffe d'un énorme chien n'apparaisse, la bave aux lèvres, les babines retroussées dévoilant d'énormes crocs luisants. Julie eut un petit mouvement de recul en découvrant l'animal qui se tourna aussitôt vers elle en aboyant, ses petits yeux sombres faisant frissonner Sacha. 

[LIVRE-JEU] PrisonniersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant