Chapitre 4

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La soirée avait été très pénible pour Sacha. Épuisée, elle n'avait pas trouvé la force de rejoindre ses camarades au repas du soir, et avait passé la soirée dans sa chambre, qu'elle partageait désormais avec Julie. L'adolescente n'avait pas trouvé la force de pleurer, elle se sentait complètement vide, comme-ci on lui avait arraché une partie d'elle-même. Violette était morte. Elle qui se faisait une joie de retrouver son amie de toujours, là voilà qui vivait un véritable cauchemar. Elle ne méritait pas de mourir. Comment pouvait-on décider d'égorger une fille comme elle ? Violette était la douceur incarnée, une fille d'une gentillesse extrême qui avait encore la vie devant elle ! Sacha étouffa un sanglot, ses mains dissimulant son visage, elle n'avait même plus la force de se lever. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fallu que ce soit-elle ? Qu'avait-elle fait pour mériter cela ? La jeune fille n'arrivait même pas à être en colère contre le psychopathe qui les hébergeait, elle était bien trop exténuée. Et puis, le sommeil finit par la rattraper, elle plongea dans un profond somme où elle rêva toute la nuit de son amie, riant, jusqu'à ce que de vicieuses mains s'emparent de son visage pour lui trancher la gorge d'un geste sec.

Elle se réveilla en sursaut, les draps trempés de sueur, le coeur tambourinant dans sa poitrine, les images cauchemardesques de cette nuit défilant dans son esprit. L'adolescente observa frénétiquement son environnement, ses souvenirs lui revenant peu à peu, elle était chez le comte, un psychopathe et Violette était morte. Son coeur se serra dans sa poitrine et la jeune fille tenta de chasser le plus vite possible ce douloureux souvenir de son esprit, elle ne pouvait passer sa journée à pleurer. Elle devait se rendre aujourd'hui à l'armurerie, la réaction indignée de Julie lorsque Sacha avait choisi de suivre Axel lui avait tout de même arraché un sourire. L'adolescente se leva péniblement de son lit et se dirigea d'un pas lourd vers la salle de bain. Les chambres composées de quatre lits étaient sombres. Les murs étaient recouverts d'un bois foncé, assombrissant la pièce. Les lits étaient simples mais l'on avait installé des matelas épais et moelleux, rendant le somme agréable. La décoration était assez minimaliste, on avait installé des commodes pour permettre aux invités de ranger leurs affaires et un simple bureau où reposait un vase aux finitions élégantes et un cadre photo vide. La pièce était tout en longueur, et au fond de cette dernière, il y'avait une porte en bois donnant accès à la salle de bain. Sacha passa la porte et prit une longue douche froide, lui permettant de se décrasser le corps et l'esprit. En sortant, elle enroula une serviette autour d'elle et observa son visage dans le miroir. Sa mine était affreuse, ses yeux avaient gonflés et rougis tandis qu'en-dessous de profondes cernes se creusaient, elle devrait arborer cette horrible figure toute la journée. L'adolescente quitta la salle de bain et regagna son lit, attrapant son téléphone au passage pour consulter l'heure, la fameuse gouvernante se présenterait dans plus d'une heure. Sacha entendit alors toquer à la porte, d'une petite voix éraillée elle invita la personne à entrer. Edgard ouvrit lentement la porte.
"Bonjour mademoiselle, on m'a informée que vous n'étiez pas venue prendre votre petit-déjeuner.
- Les évènements de la veille m'ont... coupé l'appétit, siffla-t-elle en dévisageant l'homme.
- Cela est fort regrettable... Mais passons, j'étais simplement venu vous informer que si vous vouliez vous rendre à la bibliothèque, je vous attendrai dans le hall d'entrée à 9 heures, Marie-Madeleine viendra chercher le reste de vos camarades directement dans leur chambre une demi-heure plus tard pour se rendre à l'armurerie.
- Merci, vous pouvez sortir maintenant."
L'adolescente avait bien insisté sur le verbe, foudroyant l'homme du regard. Sans un mot de plus, ce dernier s'inclina légèrement et quitta la chambre. Sacha resta assise de longues minutes sur son lit, le regard dans le vide, jusqu'à ce que la porte s'ouvre soudainement sur Julie, encore en pyjama. La jeune fille blonde sourit tristement à son amie mais préféra garder le silence, de peur de voir de nouveau le visage de Sacha inondé par les larmes. Les deux adolescentes se préparèrent en silence, Julie quitta la pièce bien avant la jeune fille brune. Cette dernière sentit son ventre se nouer en voyant les cheveux bouclés de son amie disparaître derrière la porte, peut-être était-ce la dernière fois qu'elle la verrait... Sacha regretta aussitôt de ne pas l'avoir serrée dans ses bras. Elle s'affala sur son lit, le regard rivé sur le plafond blanc, attendant patiemment que le temps passe.

[LIVRE-JEU] PrisonniersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant