Chapitre 5

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La soirée avait été très pénible pour Sacha. Épuisée, elle n'avait pas trouvé la force de rejoindre ses camarades au repas du soir, et avait passé la soirée dans sa chambre, qu'elle partageait désormais avec Julie. L'adolescente n'avait pas trouvé la force de pleurer, elle se sentait complètement vide, comme-ci on lui avait arraché une partie d'elle-même. Violette était morte. Elle qui se faisait une joie de retrouver son amie de toujours, là voilà qui vivait un véritable cauchemar. Elle ne méritait pas de mourir. Comment pouvait-on décider d'égorger une fille comme elle ? Violette était la douceur incarnée, une fille d'une gentillesse extrême qui avait encore la vie devant elle ! Sacha étouffa un sanglot, ses mains dissimulant son visage, elle n'avait même plus la force de se lever. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fallu que ce soit-elle ? Qu'avait-elle fait pour mériter cela ? La jeune fille n'arrivait même pas à être en colère contre le psychopathe qui les hébergeait, elle était bien trop exténuée. Et puis, le sommeil finit par la rattraper, elle plongea dans un profond somme où elle rêva toute la nuit de son amie, riant, jusqu'à ce que de vicieuses mains s'emparent de son visage pour lui trancher la gorge d'un geste sec.

La nuit avait été longue pour l'adolescente. Malgré sa fatigue, elle avait eu beaucoup de mal à trouver le sommeil et encore plus à le garder. Si bien que, lorsqu'elle se réveilla, les draps trempés de sueur et le souffle haletant, la jeune fille était toujours aussi épuisée que la veille. Le regard vide, elle resta de longues secondes à contempler le mur de bois sombre, contrastant avec le plafond blanc. Pour un manoir, la jeune fille était assez décontenancée par la simplicité de la chambre, identique aux autres qu'occupés ses camarades. De simples lits aux matelas épais, des rangements de bois et un bureau, la pièce contrastait réellement avec le reste du manoir, mais Sacha appréciait l'ambiance sombre qui y régnait, cette ambiance si harmonieuse avec l'état d'esprit dans lequel elle était. Elle trouva la force de rejoindre la porte menant à la salle de bain, avançant d'un pas lourd jusqu'à rejoindre la douche sous laquelle elle passa un long moment, se nettoyant à la fois le corps et l'esprit, l'eau fraîche coulant sur son visage lui offrant un bref sentiment de bien-être. Une fois l'eau coupée et une serviette enroulée autour de son corps, Sacha resta de longues secondes à contempler son reflet dans le miroir de la salle de bain, son teint livide, ses yeux creux et fatigués, les paupières encore gonflées, elle faisait peine à voir. Dans un long soupir, la lycéenne se détourna enfin pour gagner sa valise, qu'elle n'avait même pas encore ouverte. Elle prit les premiers vêtements lui tombant sous la main et s'habilla rapidement, craignant que Julie ne rentre à tout moment. La jeune fille consulta rapidement son téléphone, son amie ne devrait pas tarder, et le majordome non plus...

Au bout d'une quinzaine de minutes, la porte s'ouvrit sur Julie. L'adolescente blonde sourit tristement à son amie avant de gagner rapidement la salle de bain. Sacha remercia intérieurement son amie pour son silence, elle n'avait pas besoin de parler et surtout, elle ne voulait pas parler.
Le temps passa, Julie finit par sortir de la douche, prête elle aussi à rejoindre cette fameuse bibliothèque. Sacha imaginait la pièce, immense, sombre, des étagères vertigineuses, si hautes que l'on ne pouvait voir le sommet. D'une certaine manière, elle avait hâte de découvrir cet endroit et de se changer les idées. Le visage de Violette passa furtivement dans son esprit, elle ferma les yeux, prit une grande inspiration, il ne fallait pas qu'elle pense à elle. La jeune fille sentit une main se poser sur son épaule, c'était Julie.
"Edgard nous attend dans le hall, la gouvernante viendra chercher les autres à 9h30, on doit y aller."
Sacha opina de la tête avant de se lever et de suivre sa camarade d'un pas traînant jusqu'à l'entrée du manoir.
Elles étaient les dernières à être descendues. Evan, assis sur les marches des escaliers à côté de Lucas semblait plongé dans ses pensées tandis que Corentin faisait les cents pas, la tête baissée. L'attente ne fut pas longue, le majordome arriva par les grandes portes encadrées par les deux escaliers en compagnie d'une femme toute de noir vêtue. Elle se tenait bien droite, la démarche raide mais assurée. Ses cheveux sombres tirés en arrière et ses sourcils froncés lui donnait un air sévère tandis que son visage marqué par l'âge contrastait avec la vivacité que l'on pouvait lire dans ses yeux clairs. Sacha frissonna légèrement, cette femme ne lui inspirait aucunement confiance. Suivant Edgard de près, ce dernier salua les adolescents, avant de déclarer de sa voix traînante :
"J'espère que la nuit a été agréable pour vous et que la chaleur n'a pas été trop étouffante. Comme convenu je vous amènerai à la bibliothèque, Marie-Madeleine emmènera le reste de vos camarades à l'armurerie."
Il désigna la vieille femme d'un geste des mains. Elle s'avança, faisant claquer ses talons et salua d'un bref signe de tête.
"Nous aurons la chance de faire plus ample connaissance dans quelques temps."
Sacha crut discerner un léger sourire sur ses lèvres minces avant que la femme ne se détourne pour rejoindre les escaliers. Le majordome, toujours vêtu de sa queue-de-pie, demanda aux adolescents de le suivre. Ils s'exécutèrent en silence. Au lieu de franchir l'immense porte centrale comme s'y attendait Sacha, Edgard s'avança vers le mur de droite. L'adolescente ne l'avait pas remarqué à son arrivée, mais il y'avait une porte, beaucoup plus sobre que le reste de la bâtisse. L'homme l'ouvrit rapidement et invita les adolescents à entrer. Un par un, ils passèrent l'encadrement en bois qui menait à un petit corridor. Les bruits de leur pas étaient étouffés par le tapis épais recouvrant le sol tandis que des tableaux à la taille variable décoraient les murs. Le petit couloir donna rapidement sur un escalier de pierres en colimaçon, que les adolescents empruntèrent rapidement sous les ordres d'Edgard.
"On se croirait dans Harry Potter..." chuchota Julie.
La remarque de son amie fit sourire tristement Sacha, qui aurait cent fois préférés être dans le château de Poudlard plutôt que dans ce sinistre manoir...
La montée des marches fut rapide, ils débouchèrent sur une porte que le majordome s'empressa d'ouvrir. Il incita les adolescents à entrer. Sacha fut époustouflée par la taille de la bibliothèque. Plongée dans une ambiance tamisée rendant l'endroit sombre, d'immenses étagères avaient été installées, tellement grandes que l'on n'apercevait même pas le sommet, plongé dans l'obscurité du plafond. L'atmosphère invitait au silence, au calme, c'était la première fois depuis leur arrivée que l'adolescente se sentait légèrement plus détendue.
"C'est ici que je vous laisse, s'exclama Edgard, Monsieur le comte ne devrait pas tarder."
Il salua les adolescents avant de quitter la pièce en fermant la lourde porte de bois derrière lui. Les lycéens se regardèrent en silence, n'osant ni bouger, ni parler. Finalement, comme la veille, le silence fut brisé par cet étrange grésillement, qui précéda ces quelques paroles de chanson :

*It was a big big world, but we thought we were bigger.*

"Quel joie de vous retrouver, mes chers amis, la voix du comte résonna enfin, j'espère que vous avez passé une agréable nuit.
- Ne faites pas comme-ci vous en aviez quelque chose à foutre de nous, siffla Evan, dites nous juste ce qu'on doit faire ici.
- Quelle agressivité... Cela te portera un jour préjudice mon cher Evan, susurra la voix, mais tu as raison, ne perdons pas de temps. Je vous présente donc mon humble bibliothèque. J'ai entassé durant des années tous les ouvrages devant vous, ils sont très précieux pour moi. Mais parmi tous ces livres, il y'en a deux que j'affectionne particulièrement, ils se trouvent juste derrière vous."
Comme un seul être, les adolescents se retournèrent, découvrant une table de bois, simple, trônant au milieu de la bibliothèque. Sur cette dernière reposait deux ouvrages, tous deux ouverts. Corentin s'approcha, parcourant rapidement les mots écrits sur les pages.
"Un de ces deux ouvrages a été écrit par l'un de mes ancêtres. A vous de trouver lequel. Vous n'avez pas besoin de lire chaque page, le bon livre est déjà ouvert à l'endroit qui vous permettra de gagner.
- Et si on se trompe ? hasarda Lucas.
- Evitez de vous tromper et vous n'aurez pas à savoir."
Sacha frissonna légèrement et jeta un regard à Julie, qui sembla bien peu plus rassurée qu'elle. Le grésillement résonna de nouveau, le comte venait de les laisser seuls, avec ces deux ouvrages. L'adolescente rejoignit Corentin, qui se tenait toujours au-dessus de la table, les sourcils froncés, semblant chercher avec intensité quel ouvrage serait la clé de leur délivrance. La jeune fille imita donc son ami, parcourant les pages légèrement jaunies du regard. Alors qu'elle s'attendait à lire un texte lourd à l'écriture minuscule, elle fut surprise de constater qu'il s'agissait en réalité de deux simples poèmes, qui lui étaient cependant complètement inconnus.
"J'imagine que tu connais l'auteur de ces poèmes ainsi que leur biographie entière ? railla Evan en s'adressant à Corentin.
- Non... rétorqua ce dernier, je n'ai aucune idée de qui a écrit cela."
Le front du grand blond se plissa légèrement tandis que Lucas poussait un léger soupir. Tous s'attendaient à ce que Corentin connaisse au moins un des deux textes, ce qui aurait pu être un avantage certain. Au lieu de cela, ils se trouvaient face à deux poèmes complètement inconnus, sans savoir comment deviner qui les avait écrit. Ce qu'appréhendait le plus Sacha était de savoir ce qui arriverait s'ils se trompaient. Et si l'un de ses camarades mouraient encore une fois ? Elle frissonna à cette pensée.
"Les gars on n'est pas en cours de français, s'exclama Julie, ça sert à rien d'analyser chaque texte, la réponse doit être plus... voyante.
- Ben vas-y génie, dis nous qui est l'ancêtre du comte ! répliqua Evan.
- Pas la peine d'être agressif ! Je donne juste des idées contrairement à toi qui te contente d'insulter et te moquer de tout le monde !"
Pendant que les deux adolescents se chamaillaient, Sacha continua de scruter les quelques vers, ne sachant par où commencer. Elle ne trouvait pas de sens à ces mots et l'inquiétude commença à naître doucement en elle.
"Peut-être que Julie a raison..."
La voix de Lucas la fit légèrement sursauter. Elle jeta un bref coup d'oeil au garçon, les sourcils froncés, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire.
"La réponse n'est peut-être pas le fond du poème, mais plutôt la forme..."
Perplexe, Sacha continua cependant à observer le poème, gardant l'idée de Lucas en tête, pour peut-être trouver la réponse.

"Perplexe, Sacha continua cependant à observer le poème, gardant l'idée de Lucas en tête, pour peut-être trouver la réponse

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Si tu penses que le poème écrit par l'ancêtre du comte est celui de gauche, va au chapitre 9.
Si au contraire tu penses qu'il s'agit de celui de droite, va au chapitre 10.

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