Lorsque nous nous arrêtâmes pour la première fois, un village s'étalait devant nos corps affaiblis.
Des maisons aux toits croulant sous la neige blanche, sous le soleil accablant et agaçant, fatiguées, exténuées mais semblaient avoir assez de force pour se tenir debout et faire un mur infranchissable devant nous. Comme si elles gardaient une porte invisible du village encore endormi, malgré la vapeur qui s'élevait des cheminées et les silhouettes floues des passants qu'on pouvait apercevoir de loin, traînant, cherchant, des âmes perdues déambulant sans but. Les marchands criaient, leurs voix venant s'ajouter à celles des musiciens clandestins et aux troupes de théâtre, afin de former une musique propre et unique d'un village inconnu.
Erza vint nous voir, ouvrant la portière de notre calèche, laissant ainsi entrer l'air froid et nous sortant de notre torpeur avec une brutalité non-dissimulée. Elle pinça ses lèvres et pointa l'ombre du village, déclara :
-Je vais acheter du pain et du lait. Voyager avec l'estomac vide n'est jamais bon, surtout quand ledit voyage est long ; Gray, tu viens avec moi.
Ce dernier leva la tête, écarta des mèches rebelles ornant son front, fronça ses sourcils broussailleux et nous jeta un long et suspicieux coup d'œil, à Natsu et à moi.
-On achète du pain et du lait, c'est tout. Nous n'avons pas du temps à perdre...elle a déjà une avance sur nous et elle...
-Alors arrête donc de perdre du temps inutilement ! lâcha la jeune fée d'un ton exaspéré.
Le couple ne tarda pas à s'éloigner, leurs voix s'élevant derrière leurs dos, se disputant, se mélangeant et se dissipant bien assez tôt dans tous les autres bruits environnants. Leurs silhouettes disparurent dans les quelques passants paresseux, dans les troupes de théâtres qui peinaient à attirer un public et dans les voix des marchands agacés et fatigués.
Le vent se leva et souleva une poignée de poudre immaculée, la faisant danser, valser, virevolter à son gré avant de la laisser tomber.
Je sortis de la voiture, m'étirais, frottais mes yeux, m'adossais au métal froid et dur de notre moyen de transport et soupirais. Fixais le ciel. Fixais mes mains. Jetais un coup d'œil fébrile à Natsu, à son visage concentré sur la vision que lui donnaient ses écailles. Il semblait plongé en pleine réflexion, absorbé par ses pensées, absorbé par sa main rongeuse et ses griffes qui pourraient déchirer la peau avec une facilité effrayante. Ses yeux verts étaient sombres et ses cheveux, tombant, projetaient des ombres sur ses joues. Ses traits étaient tendus, plissés, contrariés ou froids. Il projetait autour de lui des ombres menaçantes et ses muscles semblaient ne plus savoir comment lâcher prise, se détendre.
À quoi pensait cet énigmatique personnage ? Quelles images pouvaient bien traverser son esprit, poser de si solides barrières autour de sa personne envoutée par sa malédiction ? Combien de problèmes devait-il régler ? Quel était le poids pesant sur ses épaules ?
J'étais intriguée, intriguée par lui, tellement absorbée et envieuse, éprise par la curiosité que j'oubliais le froid qui s'était étalé entre nous depuis le baiser. Je voulais savoir, je voulais connaître plus, je voulais être son amie tellement fort que j'oubliais mon rôle de menteuse et de tricheuse, j'oubliais ma trahison, j'oubliais toutes ces choses que j'ai fait rien que pour aider une amie, une sœur que je ne reverrais sans doute jamais. J'oubliais le regret, j'oubliais la peine, j'oubliais penser et songer à quel point ce cœur est étrange, si facilement détourné et fasciné par tout ce qui l'entoure.
Je n'étais pas raisonnable, mais je n'ai jamais prétendu l'être. Je ne prenais plus le temps de réfléchir, de me demander et de me demander, je voulais savoir, je voulais agir, je voulais régler ce vide et cet air glacial qui régnait entre nos deux âmes complétement obnubilées par leur propre personne.
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Embrasse-moi princesse
FanfictionLaissez-moi vous conter une histoire; l'histoire d'un dragon et d'une princesse. Une histoire d'amour basé sur le mensonge, un mensonge qui peut être découvert qu'avec un baiser. Laissez-moi vous raconter une histoire, oui, cette histoire, celle de...