-Ah te voilà enfin ! Lucy !
Lisanna sourit, Lisanna rit et dans quelques battements de cils, la voilà, qui se tient devant moi et qui me prend dans ses bras, qui me serre et serre et serre encore contre elle, les lèvres remuant, continuant un discours qui caressait mes oreilles sans pour autant les atteindre.
-Je t'avais cherchée pendant si longtemps... je ne compte plus les villages, les hommes et les femmes consultés, les rumeurs entendues, les bars fréquentés, les auberges utilisées et ces visages, ces mots qui étaient là pour tenter de m'indiquer l'endroit où ils te gardaient. Il y a les fausses pistes, aussi. Tellement de fausses pistes... c'est un miracle, qu'on soit parvenus jusqu'ici. Et oh ma chère amie ! Oh ma meilleure amie ! Tu es une sœur pour moi ! Jamais, jamais je n'aurais dû laisser mon abruti de père donner ta main, jamais je n'aurais dû te laisser endurer ça à ma place... je suis si lâche, si faible.
Tout d'un coup, la voilà, qui se détache de moi et me fixe, me regarde, observe mon visage sans se soucier d'Erza qui nous fixe et qui comprend, peu à peu, sans se soucier du fait qu'elle soit dans une maison inconnue et que je suis dans une position délicate, sans se soucier de rien, rien du tout, complétement inconsciente, complétement aveugle, dotée d'une insouciance touchante et agaçante à la fois. Et je remue mes lèvres, déglutis, tente de revenir à la vie tandis qu'elle continue de me regarder, comme émerveillée et époustouflée, comme si elle ne me reconnaissait plus ou qu'elle tentait de chercher ses mots, chercher une phrase adéquate qui saurait tout arranger, en affichant une expression tellement sérieuse et pourtant si détendue à la fois.
-Je suis désolée, Lucy. Je suis désolée... si désolée. J'espère vraiment que tu pourras me pardonner, un jour, même si je m'en veux d'espérer une telle chose de ta part. Après tout, j'ai ruiné ta vie, j'ai piétiné ton destin en t'obligeant à t'installer ici, dans cette cabane minable, en t'obligeant à fréquenter ces personnes désagréables. Tu mérites tellement mieux ! Tu... tu es comme une sœur pour moi ! Tu étais toujours là quand j'avais besoin de toi, toujours là pour m'aider, pour me dire un mot gentil, pour me soutenir, pour jouer, pour m'accompagner. Oui, tu es une sœur, Lucy, tu es ma sœur ! Donc c'est pour ça, c'est pour ça que j'ai décidé de ne pas laisser mon père et roi faire ce qu'il veut, c'est pour ça que je suis venue te sauver aujourd'hui...
Elle se tut, reprit son souffle et me fixa, me fixa, me fixa encore et toujours de ses obsédantes pupilles bleues, le regard vif, le regard si brillant et à présent inondé de larmes douces et amères. Elle plissa ses lèvres, fit volteface, me tourna le dos, frotta ses yeux et renifla, baissa la tête, sembla attendre, attendre, attendre que quelqu'un fasse quelque chose, que quelqu'un s'avance et ne parle, décide d'avancer cette histoire, décide de condamner son sort une bonne fois pour toutes. Elle attendit la chute, la tombée du rideau, tout d'un coup si frêle et petite, une si insignifiante créature qu'on avait en permanence besoin de protéger, attendit que je parle, sans doute, que je lui réplique quoi que ce soit, que je la réconforte, que je lui dise qu'elle avait tort, que je joue ce rôle de dame de compagnie dans laquelle on m'avait enchainée durant toute une vie.
Mais ma gorge était beaucoup trop nouée pour faire le moindre pas.
Tout d'un coup, je n'étais plus qu'une statue, je n'étais plus qu'un cadavre muet qu'on aura vidé de tout son sang, un cadavre muet qui agonisait et regardait le plafond, regardaient les murs, regardait les tapis, le cœur ayant lâché depuis longtemps et ne ressentant plus rien. La peur, la colère et la tristesse m'avaient depuis longtemps quittée, m'avaient lâchée au beau milieu d'un désert et j'ignorais, j'ignorais comment faire, quoi dire, comment me comporter pour arranger les choses, pour effacer ce moment, pour fuir cette confrontation.
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Embrasse-moi princesse
FanfictionLaissez-moi vous conter une histoire; l'histoire d'un dragon et d'une princesse. Une histoire d'amour basé sur le mensonge, un mensonge qui peut être découvert qu'avec un baiser. Laissez-moi vous raconter une histoire, oui, cette histoire, celle de...