DEMON [TERMINÉE]

Des ailes

Un démon. Un démon.

Je sentis son regard oppressant sur moi, examinant toutes mes expressions mais je ne savais ce qu'il cherchait à déceler sur mes traits.

Non, c'était carrément....insensé. Il sortait tout droit d'un asile psychiatrique... Il n'y avait pas d'autres possibilités.  Et....et je n'allais foutrement pas croire un malade mental qui se proclamait démon !

Me pinçant les lèvres durant de longues minutes je finis par craquer. Un rire nerveux s'échappa de ma bouche et à la va-vite je fis volte-face. Ce n'était donc pas moi qui étais aliénée, mais plutôt lui !  Se croyait-il dans un film ? Puis, un démon, sérieusement ? Il n'avait rien trouvé d'autre ?

Mon rire s'estompa et je restai tétanisée, mon regard dans le vide sembla chercher une réponse.

Pourquoi ?

 Comment ?

Des amorces de questions se succédaient sans jamais parvenir à une fin ou à une quelconque et malheureuse réponse.  Là, on était passé à un tout autre niveau. Celui de l'incompréhension totale et du foutage de gueule imminent.

-T'es complètement malade comme type. Non en fait...T'es fou genre vraiment vraiment. Ne m'approche pas.

Je séchai mes larmes et m'apprêtai à prendre mon sac, me retrouvant de ce fait juste devant lui et de son regard sombre qui me scindait l'âme.

-Je ne suis pas fou et tu le sais aussi bien que moi. Tout ce qui se passe le prouve.

Et il refit la même chose, vous savez, me designer du doigt puis lui, comme s'il n'y avait pas de lui  sans moi  et vice-versa.

Mon cœur s'emballa d'une drôle de façon.

Reprenant mes esprits, je remis mon sac sur mes épaules et m'éloignai le plus rapidement d'Elno. Il était malade et le pire dans tout ça c'était qu'il me prenne pour une débile. 

-Tu devrais sérieusement consulter voire on devrait t'enfermer dans un asile psychiatrique, t'es timbré ma parole !

"Ne m'oblige pas à faire ça".
Souffla une voix dans mon esprit, ressemblant étrangement à celle du fou que j'avais laissé derrière-moi.

Respirant un bon coup, j'avançai en titubant légèrement.  Mon esprit était alambiqué, filandreux et quant à mes idées, elles, s'entrechoquaient dans ma tête.                                                                       Je frottai ardemment à l'aide de mes doigts et de ma salive ces fichus dessins qui ornaient mon poignet droit. Putin, ils ne s'enlevaient pas. Il le fallait pourtant ! Il ne fallait pas que mon père voit ce genre de tatouage sur ma peau ou sinon...Une mort très imminente m'attendait. 

Ô grand jamais il n'autorisait sa très chère et tendre fille à se faire littéralement dessiner dessus, sans aucun retour en arrière. Que voulez-vous mon père était un 1963 ein..

-Un démon.
Étudiai-je en riant de plus belle, mes doigts continuant à gratter mon poignet .

Se trouvait-il, au moins, juste drôle ? Merde... j'avais pleuré devant cet idiot et...et il me sortait ce genre de connerie la ?
Rageusement j'abandonnai et passai mes doigts dans mes cheveux puis sortis enfin de l'enceinte du lycée.