Personne en tête

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Il fit la moue face à mon expression et enleva sa main devant ma bouche. Il ne put s'empêcher de caresser ma joue tendrement; subito, ses yeux se voilèrent d'une espèce de lueur sombre lorsque je grimaçai dû à la pression qu'exerçaient ses fins doigts sur ma peau rougie.

D'un seul mouvement, je me jetai dans ses bras tout en m'accrochant à son cou. Elno n'eut guère le temps de me réceptionner correctement que l'on tomba lui comme moi contre mon lit. J'avais besoin de l'avoir dans mes bras.

-C'est un bordel pas possible en bas, Silverian.

-C'est bien pour ça que je suis venu. C'est limite si on n'entendait pas les cris jusque chez moi.

Il caressa mes cheveux d'une main et m'agrippa la taille de l'autre. Je soufflai et posai ma tête contre son torse dur, mais sentant son cœur battre plus vite qu'à l'accoutumée j'eus un temps d'arrêt. Mon Dieu s'il nous refaisait une crise je risquerais de ne pas pouvoir le gérer.

-Eh Kigh, ça va le faire. Ton père est juste un peu...fâché. Laisse-le s'énerver un bon coup et il reviendra vers toi.

J'acquiesçai silencieusement et me calmai entre ses bras. Je relevai la tête et mis mes jambes de par et d'autres de sa taille, approchant minutieusement mon visage du sien je l'examinai inquiète et les sourcils froncés, son regard brilla face à moi.

-Ton cœur, ça va ?

Elno pressa ses lèvres les unes contre les autres et releva lui aussi le haut de son corps pour me faire face.

-J'ai ma liée plus belle que jamais contre moi, c'est tout à fait normal que je risque de faire un infarctus.

Nous nous fixâmes avec intensité, laissant finement le lien nous pousser inéluctablement l'un vers l'autre. Mon cœur se mit aussi à battre plus vite.

Je le comprenais, bordel que je le comprenais.

Mes mains devinrent moites.

Ses pensées s'entrechoquant avec les miennes le fit sourire de la plus mignonne des façons.

Plus rien ne semblait avoir d'importance.

La voix grave de mon père derrière nous s'atténua. Les cris aussi stridents que le bruit qu'émettaient des ongles ratissant un tableau noir, de ma mère s'apaisèrent. Les tics tacs incessants de mon réveil près de nos corps en ébullition se noyèrent dans cette atmosphère pesante qui prenait place autour de nous.

Le monde s'apaisa de la plus belle des manières qui soit. Elno se mit à briller de tout son être.
Il était ma lumière, celui qui me guidait à tout moment, celui qui m'éclairait dans la noirceur, alors qu'il était normalement à lui seul la noirceur. Quel formidable paradoxe. Je semblai enfin le comprendre; comprendre mon rôle dans sa vie et son rôle dans la mienne.

Ce n'était plus juste une équation des plus banale qui soit où nous nous complétions simplement. C'était bien plus que ça. Ça nous dépassait lui et moi. C'était profond, intense, électrisant et carrément charnel.

Et malgré tout ce qui s'était passé aujourd'hui, je ne pus me retenir plus longtemps d'approcher mes lèvres des siennes. Sa poitrine se gonfla inopinément et son corps vint se coller encore plus au mien, une décharge électrique se créa entre nous. Elno réceptionna mes lèvres avec volupté, mes doigts faisant le contour de son tatouage qui sembla s'agiter sous ma peau.

-Bordel tu me rends fou.
Souffla-t-il en approfondissant le baiser. C'était limite si lui et moi ne nous perdions pas pieds.

Reprenant enfin ma respiration, je collai mon front contre le sien.

DEMON [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant