Chapitre 4

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Hier, je me suis entraîné comme un fou pour réussir la mission d'aujourd'hui. J'espère ne pas me planter et ne finir pas la jambe en sang comme la dernière fois. Je ne vais rien cacher, je suis mort de peur. Je suis aussi très fatigué.
Quentin a de la chance de ne pas venir...
Kevin Baril nous conduit près du camps des rebelles et nous demande de nous cacher derrière un bâtiment à proximité. Tout le monde s'exécute. D'autres groupes arrivent dans les minutes qui suivent.
J'ai froid et je ne peux pas stopper mes tremblement. Je donnerais tout pour être ailleurs, même au fond d'un gouffre. J'ai envie de m'enfuir mais je sais pertinemment que c'est impossible, je ne vais pas échapper à cette mission. Mes coéquipiers ont l'air tous confiant et prêt pour l'affrontement. Ils ont de la chance, eux...
Je ne voulais pas être militaire, je ne veux pas l'être... Pourquoi moi, pourquoi ?
Je tiens fébrilement un pistolet dans ma main droite... Je n'ai pas envie de m'en servir, pas pour tuer. Si par malheur on m'attaquait alors oui, je serait contraint de l'utiliser. Mais sinon, je préfère éviter. Vous allez dire que je suis pacifiste et vous aurez raison. Mais en même temps, pourquoi tuer des gens qui n'ont rien fait ? Je sais pourquoi l'armée veut abattre tous les rebelles, parce qu'ils menacent les principes de Pierre Locart et qu'ils veulent faire changer les choses. Notre pays est en guerre, le peuple contre le dictateur et son armée. Je fais parti de cette armée et cela m'effraie, je voudrais bien me ranger du côté du peuple mais comment faire ? Je n'ai plus de famille et est-ce que les rebelles m'accepteraient en sachant que j'ai été militaire ? Sûrement pas.
Soudainement je me rend compte que tout le monde est là, prêt pour l'attaque. Didier Slide, le responsable du groupe 12, prend la parole.

-Nous allons attaquer. Les groupes 11 et 12 attaqueront par derrière, les groupes 13 et 14 par l'avant. Puis quelques minutes plus tard, moi et Kevin on lancera le signal pour que le groupe 15 attaque par la droite et le 16 par la gauche. Il paraît que ce groupe de rebelles est peu nombreux mais ils ont des armes et ce sera d'autant plus dur que d'habitude.

Cela ne me rassure pas du tout, le responsable Slide dit que ce sera plus dur... J'ai peur, c'est horrible. En plus, en attaquant par l'avant, on serra à découvert. Kevin nous a souvent dit que l'avant et l'arrière sont plus difficile car on part les premiers.
Si je le pouvais, je pleurais dans les bras de quelqu'un mais je n'ai pas d'ami et on me prendrais pour un lâche. Si, en fait j'ai un ami, j'ai Quentin. On s'est entraîné ensemble hier et j'en ai appris un peu sur lui. Il vivait dans un camp de rebelles, avec sa petite sœur. Mais les militaires ont attaqué et ils ont tout saccagé. Je n'avais pas participé à ce massacre et heureusement car sinon Quentin m'aurait détesté ! C'est le responsable Slide qui a vu Quentin se battre et il a pensé qu'il ferait un bon militaire. Mais il n'est pas fait pour ça, moi non plus.

-Les groupe 11, 12, 13 et 14 préparez vous !

Je fais partie du groupe 13, je me lève, les jambes chancelantes.

-Quand je dirai go, vous partirez en courant, c'est clair ?

Tout le monde approuve.

-Un, deux, trois... Go, go, go !

Je cours à travers une grande plaine, je cours à en perdre haleine. Au fond, j'aperçois la foret, les rebelles ont leur camps juste à l'orée de celle-ci. Je vois de la fumée qui s'élève dans le ciel, ils doivent sûrement faire un feux. Je suppose qu'ils ne savent pas encore que nous allons les attaquer, les pauvres...
Je fend l'air, je vais très vite. Si il y a bien une chose ou je suis doué, c'est pour courir.
J'approche de notre objectif, le camp est juste là, à quelques mètres... Les rebelles nous ont repéré. Je les voie s'agiter dans tous les sens, j'entends des détonations. Ils ont déjà pris les armes.
Je tiens le pistolet, ma main est crispé sur la détente. Les rebelles arrivent vers nous au pas de course, en nous tirant dessus. Une balle siffle à mes côtés et un militaire s'écroule juste à côté de moi.
L'homme qui vient de tirer me regarde et charge son arme.
Il va me tirer dessus.
Je vais mourir, sans même avoir connu l'amour ! Non, je ne peux pas, je suis jeune, je ne dois pas mourir !
Dans un mouvement brusque, je lève mon arme moi aussi et j'appuie sur la détente. Il s'écroule sur le sol, inerte. J'ai visé son cœur.
Il est mort, je l'ai tué...
J'ai déjà ôté la vie à plusieurs rebelles dans des missions, mais je ne m'y habituerai jamais. A chaque fois, je ressens de la culpabilité.
Je continue ma course, il faut que je m'infiltre dans le camp, c'est l'objectif que nous a donné mon responsable. Et puis après, on doit abattre tous les rebelles.
Je cours.
J'y suis, je pénètre dans le camp. Il y a plusieurs cabanes en bois et quelques tentes. Dans mon sac à dos, j'ai des petites bombes qui servent à détruire les habitations. Je pourrais en lancer une à ma droite, sur cette cabane juste à côté de moi. Mais je ne le fais pas, parce qu'à l'intérieur, il y sûrement des gens et peut-être même des enfants. Je m'apprête à continuer quand je sens une pression sur mon bras.
Kevin.
Il a toujours cette manie d'attraper mon bras.

-Wilder, détruit cette cabane. C'est un ordre.

Je le regarde, le visage blafard.

-Pourquoi... ?

Kevin me lâche le bras et ouvre mon sac. Il sort une mini bombe et me la donne.

-Tu vas détruire cette cabane. Tout de suite Wilder, ou je t'exécute !

Je dois le faire. Je ferme les yeux, je sens que les larmes ne vont pas tarder à couler. Il faut que je le fasse, je suis obligé.

« Allez Liam, tu ne le fais pas volontairement, ce ne sera pas ta faute... »

Je balance la mini bombe sur le toit de la maison. Je m'éloigne rapidement, pour ne pas me faire éjecter. La cabane explose dans un bruit sourd, projetant des débris de bois tout autour d'elle. Kevin me complimente et disparaît derrière une autre cabane, je le vois entrer à l'intérieur.
Je me plaque les mains au visage, honteux. J'ai détruit une habitation qui habitait probablement des humains ! Il y avait peut-être des enfants à l'intérieur ! Merde, qu'est ce que j'ai fais ! J'en peux plus, j'ai mal dans mon cœur, je ne suis pas apte à supporter toute cette pression !
Je suis au milieu d'une foule qui s'agite et des corps tombent. Moi je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas où aller. Je suis totalement perdu, je regarde dans tout les sens pour trouver un échappatoire, pour fuir... Non, non, non ! Je dis n'importe quoi, je ne peux pas m'enfuir, pour aller où de toute façon ?
Je réfléchis trop, je dois agir. Je pourrai me cacher peut-être ? Attendre que ce soit finit ? Je cours me réfugier derrière une tente. Il me semble qu'il n'y a personne ici, je m'assoie et reprend mon souffle.
C'est à cette instant précis que je distingue un homme, à quelques mètres de moi. Je ne l'avais pas vu venir celui-là ! Je me lève rapidement, je charge mon arme et la braque sur lui. Pitié, faite que je n'ai pas à m'en servir...
L'homme ne bouge pas, il est immobile comme une statue. Il me fixe de ses yeux glacials, j'ai très froid tout à coup. Soudain, je m'aperçois qu'il y a une autre personne derrière lui ! Le premier s'écarte et me dit en souriant :

-Surprise !

Et le deuxième me tire dans la jambe.
Je lâche mon pistolet, qui tombe au sol. Je hurle à m'en déchirer la gorge, j'ai mal, tellement mal ! Les deux hommes s'éloignent sans m'infliger plus. Le sang forme une auréole sur ma combinaison, je saigne beaucoup. Je suis faible, très faible.
Alors je tombe face contre terre et ma tête heurte le sol.
Mes paupières se ferment doucement, je vais mourir, c'est certain. Je sens déjà que mon cœur bat moins vite... J'ai perdu tout espoir, je sens la mort me chatouiller le cœur. C'est la fin, c'est vraiment la fin. Quand soudainement, une ombre floue passe devant mon corps inanimé. Un ange peut-être ?

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Amour par ballesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant