Chapitre 7

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PDV D'ADÈLE

Après avoir laissé le petit nouveau - Liam - entre les mains de Sarah, j'attrape un petit pistolet qui prenait la poussière sur une vielle commode, je la charge et je sors rapidement du repère. Puisque je n'ai pas pu le faire à cause de la soudaine attaque des militaires envers des «rebelles», comme ils les appellent, je vais rapidement chercher des ressources, si je peux en trouver. J'ai l'idée d'aller chercher vers le lieu de la courte bataille qui avait eu lieu en début de soirée. Il fait très sombre, un vent frai me caresse les narines et me fait frissonner jusqu'à l'échine. Je resserre ma veste contre mon corps et j'avance à pas de loup vers l'endroit où les coups de fusils et les détonations résonnaient, tantôt.
Lorsque j'y arrive, l'endroit me paraît normal, quoique quelque peu lugubre, mais rien d'invivable. Mais en m'approchant de quelques pas, l'odeur nauséabonde du sang parvint jusqu'à mes narines et je tousse vulgairement avant de plaquer ma main recouvert de la manche de ma veste sur mon nez et ma bouche. En m'approchant encore, j'aperçois plusieurs cadavres qui gisent encore sur le sol boueux à travers la nuit. Je ne me rappelle pas d'autant de morts. Dans mon souvenir, la plupart des personnes présentes, des "rebelles" s'étaient enfuis. Peut être avais-je halluciné. Je hausse les épaules dans le vide et je respire fortement à travers le tissu de ma manche.

Je dois fouiller les cadavres.

Des hauts-le-coeur, maux de tête et un estomac noué m'accompagnent dans mon "fouillage de corps". Je suis dégoûtée de ce que je fais. Les cadavres me répugnent. Les odeurs qui émanent des corps sans vie me donnent la nausée et à chaque fois que mes fins doigts gelés effleurent la matière noire et visqueuse qu'est le sang, mon estomac se noue et j'ai envie de vomir. J'ai toujours eu beaucoup de mal avec la mort. Et cela va peut être vous choquer, mais je n'ai jamais tué personne. Je ne m'en sens pas capable. Je n'en ai pas le droit. Ce n'est pas à moi de décider de qui vivra, et de qui mourra. Lorsque j'étais petite, ça me terrifiait. Je me rappelle d'une période à laquelle je passais mes nuits à fixer le plafond, alors que mon cerveau surchauffait à force de réfléchir à la Mort. Je devais avoir entre cinq et sept ans, et je réfléchissais déjà à des choses auxquelles un enfant n'aurait jamais dû penser.

Enfin bref. Je suis en train de fouiller dans les poches d'un des derniers cadavres quand je touche une petite plaque dure et froide, sûrement faite en métal. Je la sors délicatement, comme si l'homme à qui je prenais la carte pouvait se réveiller à tout moment, et je glisse cette plaque froide dans la poche arrière de mon jean déchiqueté avant de faire demi-tour et de reprendre le chemin vers le repère. Mais en passant devant un grand arbre, je m'arrête brusquement et je regarde à terre. C'était là où Liam était allongé quand je l'ai sauvé, quand j'ai choisi de le sauver. Il était mal en point, son front dégoulinait de sueur, ses doigts commençaient à lâcher son imposant fusil et ses yeux se fermaient. J'y décelais de la peur. Il avait peur. Il était terrifié. C'était un soldat qui avait peur, un militaire qui avait des sentiments. J'aurais pu le laisser pourrir sur le sol poussiéreux et le laisser se vider de son sang, mais il y avait ce je ne sais quoi qui m'a retenu. Et je l'ai aidé.

Je l'ai aidé.

Je souris dans le vide avant d'apercevoir un petit reflet par terre. Quelque chose de brillant. Je m'en approche et j'arrive à décerner - de mes yeux fatigués - une petite plaque, identique à celle que j'avais prise tantôt. Je ne prends pas le temps de l'observer et je la range maladroitement dans ma poche arrière, près de celle de l'autre homme décédé, les mains tremblantes et gelées.

Peut-être ces deux petites plaques de métal pourraient-elles servir ?

Amour par ballesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant