Chapitre 1

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Chapitre impaire, donc écrit pr moi. Le prochain sera écrit par stories_for_life27 💗

POINT DE VUE D'ADÈLE

Je sers une dernière fois ma mère dans mes bras avant de m'écarter doucement d'elle en souriant.

– Tu reviens nous voir dans quelques semaines ? me dit ma mère.

– Oui, comme d'habitude !

Je souris à mes deux parents, les embrasse et je m'éloigne de la grande maison dans laquelle j'habite depuis toute petite.
Après quelques pas, je jète furtivement un regard en arrière pour m'assurer que mes géniteurs ne sont plus sur le pas de la porte et je me dirige lentement non vers la ville mais vers la forêt qui l'entoure.

Notre pays est en guerre. Partout dans le monde, les batailles s'enchaînent et les décès se succèdent. Notre ville a eu la chance -si je peux me permettre d'appeler ça de la chance- d'être dirigée par un horrible homme dictateur qui nous promet de nous protéger en échange de notre soumission et de notre obéissance. Je déteste cette façon de vivre. La plupart des citoyens vit dans la peur d'être un jour arraché à sa famille pour je ne sais quelle raison ou de se retrouver en plein milieu d'une affreuse guerre. L'autre part essaye de faire abstraction aux bêtises de cette dictature et de la guerre qui menace de nous tomber dessus chaque jour et de se contenter de se dire que nous sommes protégés. Moi, je n'y crois pas à ces promesses de protection et aux belles paroles que pourra nous cracher le dictateur. Je sais très bien qu'il tente de nous amadouer, en quelque sorte. Je le sais car il a déjà eu mes parents.
Le grand Pierre Locart n'est autre qu'un vendeur de rêve. Mes parents lui donnent beaucoup de respect et je ne le supporte pas. Ils ne voient pas que cet homme n'est qu'un monstre qui ne pense qu'au pouvoir qu'il a sur nous ! Ils ne voient rien, trop obnubilés par les paillettes que cet affreux dictateur leur lance dans les yeux.

Je suis issue d'une famille assez riche et mon père est haut placé dans l'armée. Mes parents sont des amis de Pierre Locart, ce qui me rend folle.
Vers l'âge de quatorze ans, j'ai décidé de fuguer quelques jours suite à une sévère dispute avec mes parents. Je suis partie en pleine après midi, et la nuit venue je ne savais plus quoi faire. Le couvre-feu étant fixé à dix-neuf heures, je savais très bien que si l'on me trouvait on me tuerait sur le champ. J'ai alors longtemps erré discrètement dans les rues jusqu'à avoir l'idée de me cacher dans la forêt qui a toujours entouré la ville. Je m'y suis réfugiée, et un groupe de quelques personnes m'ont trouvé. Ils étaient tous contre la dictature mise en place, et je suis simplement restée avec eux. J'ai maintenant seize ans, et je suis la "chef" de la Bande. Je passe ma vie avec les quelques personnes qui en font partie en prétextant à mes parents que je me suis inscrite dans une grande école et que je ne peux venir les voir qu'une fois toutes les deux voire trois semaines. Bien-sûr, ils me croient sans poser de question.

Mes pas réguliers se font de plus en plus rapides et bientôt je cours vers la forêt en lançant de furtifs regards autour de moi pour m'assurer que personne de me suit. Il est vingt trois heures et je ne voudrais pas qu'un soldat me voit dehors après le couvre feu.
Je viens tout le temps la nuit chez mes parents. De dix neuf heures à environ minuit, la Bande se disperse pour trouver des hommes ou des animaux mal en point et prendre ce qu'il nous faut sur eux (armes, viande...) Bien sûr, nous ne mangeons que les animaux. C'est horriblement barbare, mais nous nous devons de vivre si nous voulons faire tomber la dictature. J'attrape les deux lanières de mon sac à dos pour le resserrer sur moi, j'ai pris de la nourriture chez mes parents pour que nous n'ayons pas encore à voler pour vivre, ainsi que des vêtements. La Bande ne sait pas que je vais chez mes parents régulièrement. Ils ne savent même pas qui ils sont et surtout, qu'il sont en vie. Pour eux, nous sommes tous des orphelins malgré nos âges différents. J'ai longtemps pensé que je devais leur dire que j'avais encore mes deux parents, mais je ne voulais pas qu'ils sachent qu'ils avaient -et ont toujours- des relations avec Pierre Locart, que nous détestons tous au plus haut point.

Après une trentaine de minutes à courir en plein milieu de la nuit, j'arrive enfin à l'abri et je m'engouffre dans la grotte que nous occupons. Aucun animal n'y met plus les pieds et le passage qui mène au repère est trop étroit pour que les soldats le voient.

L'abri -comme nous l'appelons- est caché dans de la roche, ce qui nous tiens "au frai" en été. À l'intérieur, c'est en fait un grand espace où nous avons installé une vielle table en bois que nous avons trouvé dans les maisons abonnées ou détruites, ainsi que des chaises dépareillées trouvées aux mêmes endroits. Nous avons aussi installé plusieurs couchettes, individuelles ou doubles, qui sont en fait des vieux matelas pour les chanceux et de la paille recouverte d'un drap déposés au sol pour ceux qui n'ont pas besoin de beaucoup de confort pour dormir. Au fil du temps, nous avons réussi à avoir beaucoup de choses en volant, mais je prends aussi beaucoup de choses chez moi en prétextant à mes parents que c'est pour mon école et en disant à la Bande que je les ai volé.

Nous vivons assez médiocrement et nos armes et nos réserves de nourritures ne sont pas suffisantes. Malgré tout nous persévérons en se rappelant que c'est pour le bien du pays aveuglé par les belles paroles du dictateur, et nous persistons à vivre encore longtemps, tous ensemble.

Amour par ballesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant