Orion - Les Lunes Jumelles |TERMINEE|

Ombre sanglante [REECRITURE] 1ère partie

- Tu passeras peut être quelques années en prison, au pire. La peine de mort n'existe plus.

- Ah oui ?

Sur ce, je le poussai violemment et sortis. Ce mec était bourré aux as et un peu trop prétentieux alors qu'il n'était ni populaire, ni le cliché du « bad-boy coureur de jupons ». En un seul mot, désespérant.

Les rares élèves que je croisai dans le couloir, me regardèrent bizarrement, comme si j'étais une espèce inconnue, une bête de foire.

Une main crispée contre ma poitrine, je marchais à grands pas vers la sortie quand je croisai la bande des midinettes. Elles s'arrêtèrent juste devant moi et la chef me lança dédaigneusement :

- Alors comme ça tu t'es battue ?

- Et ?

- La bagarre c'est pas pour les filles.

Hors de moi, je m'arrêtai et lui déclarai froidement :

- Eh ! Franchement, faut arrêter avec les clichés. Les filles sont égales aux hommes, même s'ils sont plus fort physiquement, nous avons tendance à être plus souples et rapides. Nous ne sommes pas bêtes, on peut se défendre seules, pas besoin de coqs. Tu crois pas ?! On n'est pas dans un de ces romans à l'eau de rose où les pom pom girls sortent avec les plus beaux gars du lycée, qui sont, ô surprise, les rugbymen de l'école. Même toi tu es capable de faire tout ça, terminai-je en tapotant son front avec mon doigt.

Elle me regarda stupéfaite pendant de longues secondes avant de baisser la tête.

- C'est vrai, tu as raison. C'est vrai. Oui, c'est vrai, on se prend pour les reines du lycée. Et oui, on est bêtes.

Ses copines me dévisageaient ne sachant que faire.

- J'avais oublié ça depuis trop longtemps. Merci, me dit-elle avec un grand sourire en me tendant la main. Disons qu'on fait une trêve.

- Bien, lui répondis-je en lui serrant la main.

- Elena ?

- Venez les filles, on s'arrache.

Je repris mon chemin à grands pas en jurant copieusement.

- Ashley !!!

- Quoi ?! marmonnai-je de mauvaise grâce.

Phoebe me rattrapa.

- Tu es convoquée chez la principale demain, 10 heures.

- Génial... soupirai-je.

Je repartis, sortis du lycée et m'assis sous un arbre en attendant la fin de la journée, immobile.

***

J'attendais Ezra, les yeux à demi-fermés prêt de sa vieille moto bleu quand Hayden surgit devant moi. J'ouvris les yeux.

- Salut !

- Salut.

- Ca te dis une virée shopping ?

- Euh... non, sans façon, merci.

- Toute façon je te laisse pas le choix, ma mère nous invite tous les quatre à une fête ce soir, donc on doit aller te trouver une tenue décente. Aller ! c'est pas si terrible, s'esclaffa-t-elle devant ma tête.

Elle me tendit un casque tout en enfilant le sien.

- Et ton frère, il rentre comment, demandai-je.

- Oh, bah, Arthur le ramènera. Monte.

Elle démarra en trombe, direction le centre-ville. Quelques minutes plus tard, nous nous arrêtâmes devant une boutique de robe de soirée. Je grimaçai.

Hayden retira son casque et sautilla vers l'entrée en me tirant par la manche. Je cédai en soupirant. Reléguant ma douleur au second plan, je pénétrai dans une vaste pièce carrée aux murs noirs, sans fenêtre. Des podiums surmontés de mannequins élégants étaient disséminés ici et là, au milieu des portants ployant sous des robes multicolore. Au fond, derrière un long comptoir blanc, la vendeuse, une grande femme aux cheveux argentés nous salua.

- Oh regarde, elle t'irait bien celle-ci !

Je regardai dans la direction du cri. Hayden désignait une robe blanche à corsage en dentelle. Je haussai un sourcil.

- OK... pas celle-là. Et elle ?

Le tissu vaporeux d'une longue robe verte à fines bretelles dansait doucement dans le vent.

- Mmh mmh, dis-je en hochant négativement la tête.

- Pff.

Je glissai mes mains dans mes poches et m'adossai au mur en regardant Hayden déambuler à travers les rayons, sous l'œil vigilant de la vendeuse.

- Ashley ! viens voir. J'ai trouvé la robe parfaite ! Oh et celle-là aussi !

Je levai les yeux au ciel, profondément ennuyée. Soudain, une montagne de tissus me fonça dedans.

- Désolée, j'ai trouvé plusieurs robes, essaie-les, s'exclama Hayden.

- Si je puis me permettre mesdemoiselles, que cherchez-vous ? dit la vendeuse, apparue comme par magie à nos côtés.

- Vous m'avez fait peur ! glapit Hayden.

- Toutes mes excuses.

- Nous cherchons une robe de soirée pour mon amie, répondit-elle en baissant les bras pour apercevoir la femme.

La vendeuse se saisit du tas d'Hayden et regarda dedans en me jetant quelques coups d'œil.

- Aucune ne saurait lui aller.

- Ah...

- J'en ai une en réserve qui devrait vous aller mademoiselle, attendez quelques secondes.

Je pinçai les lèvres et fronçai le nez. Hayden éclata de rire.

- Eh ! Débouche toi un peu, tu auras une robe formidable si c'est elle qui choisit ! Elle est une grande couturière et elle conseille que les mannequins d'après la rumeur, débita-t-elle d'une traite en me donnant une bourrade.

Les hauts talons de la vendeuse claquèrent sèchement sur le sol, interrompant ses messes basses. Elle tenait à bout de bras une robe noire à manche longue et grand décolleté rond. Elle me jugea une dernière fois avant de me tendre le tissu.

- Faite main. Attention.

Je restai plantée là, n'ayant aucune envie de bouger.

- Merci madame. Va l'essayer Ashley, tout de suite ! ordonna Hayden, les yeux brillants.

Vaincue, je trainai des pieds vers les cabines d'essayage, retirai mes vêtements tachés et enfilai la robe. Pile à ma taille, un tissus épais mais agréable qui retombai en une élégante jupe qui s'arrêtai au-dessus des genoux. Le décolleté laissait apparaitre un bout de ma cicatrice, juste en dessous de ma clavicule, rien de bien voyant. Hayden tira les rideaux derrière moi, les arrachant presque, sans attendre un quelconque signal de ma part.

- Magnifique ! Allez, on prend !

J'écarquillai les yeux, bouche-bée de tant d'impatience. Elle me laissa à peine dix secondes pour me rhabiller, me trainant ensuite à la caisse où elle paya. Puis elle changea brutalement de direction, me faisant trébucher et se précipita dehors comme une furie en me traînant sans peine.

Je m'accrochai in-extremis à sa taille avant qu'elle démarre.

- Putain mais t'es folle ou quoi ?!

- Non !!!!!!!!!!!!!!!! me hurla-t-elle, juste complétement siphonéééééééééééée !!!!!