Orion - Les Lunes Jumelles |TERMINEE|

Serment [RÉÉCRITURE] 1ère partie

- Hayden ? Ezra ? retentit une voix masculine dans l'entrée.

- On est là papa, cria Ezra.

Hayden ne répondit pas, trop concentrée sur son jeu, son frère ne ratant aucune occasion de tricher. Ils étaient rentrés il y a une heure ou deux, et m'avait presque obligé à jouer aux cartes. Depuis, j'essayai de comprendre le jeu.

- Je gagne, fit Hayden en ramassant les cartes pour la énième fois.

- Vous faites quoi ? demanda leur père, puis en m'apercevant, A qui ai-je l'honneur ?

- Ashley Jefferson, répondis en me levant, la main tendue.

- Eric Lorely, continua-t-il en me souriant.

Il m'étreint chaleureusement la main.

- J'imagine que tu es la fameuse protégée de ma femme ?

- Oui.

- Bon eh bien, les enfants, je vous laisse à vos cartes. Après vous ferez vos devoirs.

- J'les ai finies papa, en étude, éluda Ezra.

- Eh bien tu feras rattraper les cours à Ashley dans ce cas, j'ai cru comprendre que vous étiez dans le même lycée. Tu es en quelle classe ?

- Première 2.

- Papa... râla Ezra.

- Dans la même classe en plus !

Je fixai Ezra. Ah bon ? Je n'avais aucun souvenir de lui. Il croisa mon regard, avec la même tête que moi accompagné, en prime, d'un air blasé et supérieur.

- Allez, vous dégagez, j'ai gagné la partie, clama soudain Hayden.

Elle avait toutes les cartes du jeu en main.

- T'as triché, c'est pas possible d'avoir autant de chance !

- C'est toi qui dis ça ? s'insurgea-t-elle.

Rassemblant rapidement toutes les cartes dans la boite, elle jeta à son frère des regards vexés avant de disparaitre dans sa chambre, m'abandonnant à mon triste sort. Je ramenai mes cheveux derrière mon oreille, silencieuse, mirant par en dessous le jeune homme. Il était emmerdé. Je l'emmerdais. Il se leva brusquement et quitta la pièce en lançant un : « Amènes-toi » dédaigneux.

Je me levai souplement du canapé et le suivi dans sa chambre, guère plus enchantée par la tournure des évènements. Malgré ma mauvaise humeur, je fus surprise par le goût avec lequel était organisé sa chambre, dévoilant sa passion.

Le mur de droite était une imitation brique gris sombre. Un grand lit de la même teinte recouvert était d'esquisses au graphite. Des portraits, des animaux, des corps, des arbres... Je posai mon regard sur un visage de femme aux grands yeux expressifs. Ils semblaient me regarder avec colère, me dire : c'est toi qui a fait ça. Sa peau laiteuse était parfaitement ombrée, ses cheveux, admirablement dessinés, la courbe de ses pommettes, impeccablement esquissée. Un gros soupir me fit détourner les yeux. Ezra laissa lourdement tomber ses cours sur son bureau de pin posé sous les grandes fenêtres. A côté, patientait une toile inachevée sur un chevalet tâché. Des tubes de peinture trainaient négligemment par terre. Alors c'était donc lui qui décorait la chambre de sa sœur...

Sans faire attention à ma bouche grande ouverte, il s'approcha de moi et trébucha sur les étagères carrées bizarrement posées au milieu de la pièce. Jurant copieusement, il se laissa tomber sur un fauteuil design noir attenant en se frottant énergiquement le tibia.