Helaza

Le Sauvetage

  Trois personnes se trouvaient sur la tour. Il y avait d'abord -et elle sut tout de suite que c'était lui- le grand dirigeant du royaume : le Roi. Il attendait patiemment ce qui allait se passer tout en pointant sa lame en direction de  la seconde personne : une femme, en larmes. Elle était tellement effondrée que même sans connaître la raison de ses pleurs, il était possible de pleurer avec elle. La  froideur de la troisième personne la frappa immédiatement. C'était une femme à l'air sévère qui psalmodiait des paroles incompréhensibles, tout en agitant ses mains au-dessus d'une table. Et sur cette table reposait un nouveau-né d'à peine quelques jours qui gémissait faiblement de terreur. Le ciel s'assombrit soudainement, et le tonnerre se mit à gronder.
  Lorsqu'elle vit la sorcière -car tel était son titre- lever un couteau au-dessus de l'enfant, elle n'hésita pas une seconde. Elle plongea sur la tour  et récupéra l'enfant au vol, ainsi que sa mère. Cette dernière était étrangement légère et n'avait pas dû manger depuis un certain temps déjà. Elles les souleva donc tous deux avec aisance et repartit dans le ciel.
  Les deux personnages restés sur la tour rugirent de colère et la sauveuse crût même les entendre la maudire.

  Elle déposa la mère et l'enfant au pied de la tour en lui ordonnant de s'enfuir le plus loin possible avant qu'ils ne les rattrapent. Et c'est ce qu'ils firent. Quant à elle, elle s'envola de nouveau.

  Elle s'enfuit et quitta la ville pour se poser dans un endroit plus tranquille. Elle réfléchissait à toute vitesse, et les questions se bousculaient dans la tête.
  Mais que s'était-il donc passé ? Qui était cette sorcière ? Que faisait le Roi ici ? Que cherchaient-ils à faire ?
  Elle atterrit finalement au pied de la grande porte. Celle qui permettait de franchir la muraille. Elle était si immense que les gens prétendaient que tout cela avait été construit par des géants. Elle se recroquevilla sur le pas -immense lui aussi- de cette porte et s'efforça de ralentir son souffle.
  Allait-elle être poursuivie elle aussi ? Elle espérait que la petite famille s'en sortirait. Son esprit se tourna vers des pensées encore plus sombres. Elle se doutait bien que le roi mijotait un mauvais coup, mais au point de sacrifier des vies ? En effet, c'était bien ce qu'il s'apprêtait à faire : sacrifier la vie de cet enfant pour accomplir quelque rituel maléfique dont elle ne cherchait pas à comprendre le but. Ils étaient bien loin du règne de paix et de prospérité du souverain précédent !
  Épuisée, elle s'endormit profondément.
  Dans son sommeil, elle ne vit pas l'ombre qui se glissait près d'elle.