Semblables

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  Devant eux, un village. Il n'y avait d'autre mot pour d'écrire cet endroit : un minuscule village, au beau milieu de la Grande Forêt du Sud.
  Hommes, femmes, enfants vaquaient à leurs occupations quotidiennes. Certains riaient, d'autres préparaient le repas, inspectaient leurs tentes. A première vue, ils avaient affaire à un peuple nomade.
  Au bout de quelques minutes de contemplation, Azaleh remarqua enfin la femme qui se tenait en face d'eux, les bras croisés, l'air à la fois doux et sévère.
  "Femme" n'était peut être pas le premier terme qui venait à l'esprit en regardant cette personne. Peu de formes, cheveux courts, son aspect aurait pu être décrit comme "androgyne".
- Bienvenue chers camarades Hibry !
  Deneb, qui ne l'avait pas remarquée, sursauta.
- Mais où sommes nous ?
- Chez vous, mes amis.
- Chez nous ? Mais... fit Azaleh, complètement perdue.
- Au fait, la coupa la nouvelle venue, moi c'est Chiba. Allez suivez-moi il faut que vous rencontriez le Doyen.
  Sans plus d'explications, elle les entraîna dans la plus grande tente, située au centre du village.
  Deneb constata au passage que contrairement à Chiba, les autres villageois les dévisageaient d'un regard suspect...
  À l'intérieur régnait une odeur d'encens, et d'un foyer se dégageait une épaisse fumée colorée. De celle-ci jaillit une voix éraillée, semblant pourtant venir de nulle part.
- Alchiba, c'est encore toi ? Qui nous amène-tu cette fois-ci ?
- Deux corbeaux que j'ai trouvés dans la forêt.
  Le Doyen poussa un cri de terreur.
- Des corbeaux ?! Mais que font-ils ici ?! Chasse-les immédiatement !
- Attendez, ceux-ci sont différents ! Ils...
- Je ne veux rien savoir ! Fais-les sortir d'ici !
  Elle pinça les lèvres, semblant vouloir répliquer quelque chose, mais se tut finalement et les poussa dehors.
  Là, ils eurent la surprise de constater que la moitié des habitants les attendaient devant la tente en murmurant. Tous arboraient un air menaçant. L'un d'entre eux lança :
- Dégagez sales traîtres ! Le Roi vous a trahis et vous revenez en rampant, c'est cela ? Laissez-moi rire ! Nous savions tous que ça se passerait de cette façon.
  Les larmes montèrent aux yeux d'Azaleh.
- Mais enfin, de quoi parlez-vous ?
  Elle secoua la tête.
- Nous ne sommes au courant de rien !
  L'homme qui avait parlé eut l'air sceptique.
- De rien, dites-vous ?
  Deneb s'avança à son tour.
- D'absolument rien. Mais je pense comprendre de quoi vous voulez parler. Serais-ce de cette unité spéciale de l'armée, où d'autres personnes... semblables à nous commettent des actes affreux ; je dois le dire. Mais nous ne sommes pas de ceux-là. Je suis le fils d'un soldat repenti.
- Et elle ? fit Chiba en pointant Azaleh, un sourcil élevé.
  La désignée parut paniquée.
- Je... Je ne sais rien de tout cela. Je suis orpheline.
  Après un long moment de silence, l'homme reprit.
- J'ai peine à vous croire, dit-il avant de se tourner vers Chiba. Mais puisque cela te tient tant à cœur, charge-toi d'eux. Je ne veux pas les voir traîner au milieu du village.
  Sur ces mots, la foule se dissipa, et la jeune femme les entraîna un peu à l'écart du village, près des arbres. Elle les fit s'asseoir.
- Bon, pour commencer, vous devez savoir quelque chose...
  C'est à ce moment qu'ils écarquillèrent les yeux, émerveillés.

HelazaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant