La Grande Forêt du Sud

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  Azaleh ouvrit les yeux avec difficulté. Elle était courbaturée, et encore fatiguée.
  Soudain, Deneb fit irruption dans sa chambre. Il avait l'air paniqué et ses paroles -soufflées de manière à ce qu'elle seule puisse les entendre- le confirmèrent :
- Il faut partir ! Vite ! Ils ont pour ordre de fouiller toutes les auberges du village.
  Elle fit ses bagages en vitesse et s'empressa de suivre son compagnon qui avait décidé de sortir par la fenêtre donnant derrière le bâtiment, sur une petite ruelle plutôt sombre.

  Le jour n'était pas encore levé que deux silhouettes se faufilant dans la pénombre quittaient silencieusement Słońce.
  Ils rasaient les murs, et au moindre bruit suspect se dissimulaient derrière un mur ou autre objet susceptible de cacher un humain.
  Finalement, ils dépassèrent les dernières habitations, non sans avoir vécu au préalable quelques frayeurs.

  Ils durent descendre la colline en courant car ils étaient à découvert.
  Ils allèrent aussi vite que leurs jambes le pouvaient pour finalement s'arrêter brutalement.
  Devant eux s'étendait l'immense mer de verdure appelée Grande Forêt du Sud. Aucun des deux ne s'était jamais aventuré plus loin... C'est à ce moment qu'ils commencèrent à se demander si tout cela en valait vraiment la peine.
  Ils sentirent un souffle glacé s'échapper de l'orée de la Forêt et leurs cheveux s'agitèrent doucement. De multiples cris d'animaux inconnus retentirent dans l'obscurité des arbres. Ici, rares étaient les lieux où la lumière parvenait à traverser les branches si serrées entre elles que l'on aurait pu croire qu'elles voulaient conserver les voyageurs éternellement sous leur emprise... Azaleh prit son courage à deux mains.
- Allons y.
  Et elle pénétra dans ces sombres lieux, armée de sa seule volonté, bientôt suivie par Deneb qui était tout aussi peu rassuré qu'elle.
  Ils marchèrent durant plusieurs jours, cet endroit semblait n'en plus finir. Ils voyaient leurs provisions diminuer petit à petit et chaque soir, la jeune fille priait pour que tout cela cesse.
  L'atmosphère était angoissante, oppressante. Le scénario était similaire à celui de la fuite de Słońce : chacun à l'affût, guettant le moindre mouvement suspect dans les recoins plongés dans le noir.
  Plusieurs fois, ils furent réveillées en pleine nuit par des hurlements. Heureusement, ceux-ci étaient lointains et ils se rendormaient immédiatement.
  En revanche, quelque chose de plus dérangeant encore les perturbait. Ils avaient le sentiment qu'ils étaient observés, et non sans raison.
  En effet, des bruits de pas se faisaient régulièrement entendre derrière eux, mais lorsqu'ils se retournaient, ils apercevaient simplement une espèce d'oiseau multicolore qui prenait son envol.
  Il était aussi question du feu. Ce dernier s'éteignait systématiquement, aidé d'une force mystérieuse, lorsqu'ils tentaient d'embraser des branches. Au bout du cinquième échec, ils avaient définitivement décidé d'arrêter de tenter de produire des flammes. Heureusement, le climat étant plutôt tropical, ils ne mourraient pas de froid. De plus, la nourriture qu'ils avaient emportée ne nécessitait pas d'être cuite.
  Durant la septième journée de marche, le bruit d'une grande agitation parvint à leurs oreilles, provenant de ce qu'ils devinèrent être une clairière. La lueur d'un feu miroitait aussi entre les arbres. Ils s'approchèrent prudemment, le plus silencieusement possible, tentant de ne pas se faire remarquer.
  Ils finirent par déboucher sur la clairière en question. Elle était immense. Et ils n'en crûrent pas leurs yeux...

HelazaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant