Jour 5

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- Louisa, pourquoi tu n'as rien dit aux femmes pour la piqûre ?

- Mais parce qu'il n'y a pas eu de piqûre, je pense que tu as dû avoir une sorte de... d'hallucination, tu vois le genre.

Je repensais au bus, à la mort de Louisa sous mes mains impuissantes. Deux hallucinations en 3 jours...

-C'est cette boite aussi, ça me rend folle !

-Moi aussi. J'ai eu le droit de prendre une douche quand même et j'ai mangé un peu, toi ils t'ont nourris avec des seringues.

- C'était peut-être pour ça l'hallucination..

- Un amalgame oui, c'est possible, je me rappelle l'année dernière qu'en...

Sa voix me berçait. Je la laissais m'expliquer la potentielle origine de mon malaise.

-Ohoh, Solemnia, tu m'entends ?

-Ah euh, oui, oui pardon.

-Au fait, l'homme qui avait apporté des feuilles nous a amené quelque chose. Quelque chose qui me pousse à penser que nous sommes bel et bien confrontées à une sorte d'expérience scientifique.

-C'est quoi ?

Elle me tendit une sorte de petit carnet, une liasse de demi-feuilles plutôt. En guise de couverture, une page imprimée « Qui est votre partenaire ? »

- La dame qui nous a accueillis avait l'air de vouloir que tu le remplisses.

-Il n'y a que des pages blanches à l'intérieur... il faut que j'écrive sur toi ?

-Ce serait un privilège ! Plaisanta-elle

Je me mis à rire, elle avait quelque chose de communicatif, elle donnait envie de rire.

Les heures passèrent où nous parlâmes de tout et de rien, des musiques qu'elles aimaient, de fringues, de nourriture ou d'histoire, de parcours scolaire puis de rêves, d'envies. Parfois elle souriait, nous rigolions un peu aussi.

Je pris alors la décision, d'écrire dans ce journal, d'écrire sur cet être extraordinaire avec laquelle la gêne devenait plaisante, en compagnie de laquelle mon esprit me chuchotait d'être quelqu'un.

JOUR 9

Il était 8h30, Louisa dormait. Moi je n'y arrivais pas. Il fallait que j'écrive sur cette fille assoupie.

J'ouvris le petit livret, première page... c'est une des plus importantes. Il fallait que je me donne à fond. J'ouvris le stylo :

« Louisa...

C'est un personnage si long à décrire, même le meilleur des écrivains ne serait sûrement pas en mesure de montrer la magie qu'elle possède. Louisa c'est celle avec qui j'ai été appelée au début de l'année. Je ne le regrette aucunement. Je ne dirais pas du mal d'elle ici, il y aurait peut-être à dire pourtant. Moi je veux la gardée pure ma petite Louisa.

Elle aime les frozen-yogurt, le magret de canard et Kanye West. Le vin rouge aussi, et le café. Elle aime les films Marvel. Elle écoute Bach et Nekfeu, Chopin et Drake. Elle parle souvent politique (à mon grand désespoir, moi qui n'y connait rien). Elle adore le tennis, Djokovic et Federer.

Quand elle sourit ça donne envie de sourire. Elle a de jolies dents en plus, j'aimerais en avoir des comme elle. Il y a beaucoup de choses que je lui emprunterais bien d'ailleurs. Son ouverture d'esprit par exemple. Quand elle prend des photos elle sourit toujours. J'aime son rire. Elle a un amour inconditionnel pour les chaussures, les baskets surtout. Elle regarde les vidéos d'Emmacakecup et de Noëlsnd, parce qu'ils partagent apparemment les mêmes goûts musicaux et cinématographiques. Sur ces sentiments comme sur les miens, c'est confus. Elle aime la science, surtout les maths, elle compte devenir neurologue. Elle craque sur la beauté de Pierre Niney, éprouve sans doutes quelque chose à l'égard de Guillaume Canet (il faudrait que je me renseigne sur qui c'est ...) Elle aime lire aussi, activité que j'ai abandonnée à cause du stéréotype que je m'étais fait des adolescents d'aujourd'hui. Elle idolâtre « La vérité sur l'affaire Harry Québert ». Elle dit souvent « Doux Jésus » ou « Damn ». Ses films préférés sont Yves-St-Laurent et « Gatsby le Magnifique », avec le beau Di-Caprio. Elle aime aussi Tarantino (qui c'est, ça, je l'ignore). Elle pratique la musculation chez elle, avec l'application Pump-up. Je ne l'ai jamais vu énervée, et vis-versa. Elle m'émeut, souvent. Elle me donne envie de me réveiller, d'être quelqu'un, d'aimer tout de la vie et de réaliser mes rêves, de ne jamais les laisser filés. Un être incroyable... »

Je la vis bouger, s'étirer. Je refermai le cahier en vitesse.


LouisaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant