Quand je me réveillai elle était face à moi, assise par terre en train de regarder le vide. Elle ne parla pas, je me risquai alors à lui poser une question un peu spéciale :
-Dit, pourquoi tu crois que des gens nous aiment ?
Elle me regarda bizarrement :
-Je ne sais pas, parce qu'on a tous des qualités, qu'on finit forcément par trouver quelqu'un qui nous apprécie.
-Mais pourquoi ils nous apprécient ? Je me suis toujours demandé ça, pourquoi parfois quand on ne fait rien de spécial pour être apprécié les gens nous aiment ?
Je me rappelle d'une fois, c'était au collège, le jour de mon anniversaire. A cette époque je ne cherchais pas à me faire appréciée en observant le comportement des gens. Et puis je m'en rappelle, c'était dans les vestiaires de sport, on m'avait lancé de la farine, des plumes, offert des petits cadeaux et une fille avait même fait un gâteau... pour moi ! Et ce jour-là je me suis dit, mais, pourquoi ? Je n'avais rien fait de spécial, rien demandé, rien même espéré... Et là on riait avec moi. Et j'étais heureuse. Du bonheur qu'on ne contrôle pas, celui qui met la scène au ralentit comme dans les films. Et où l'on se dit que c'est ça, c'est ça le but de la vie, que ce n'est pas plus compliqué, qu'il suffit de vivre et d'être aimé pour des raisons qui nous échappent. Et on aimerait pleurer mais on rit. Le rire remplace les larmes, avec autant de puissance. Et tout ce qui raisonne dans ta tête c'est merci, et surtout, pourquoi ? Pourquoi à moi ? Qu'est-ce que j'ai fait de si bien ? Et tu te demandes si, peut-être, tu ne serais pas quelqu'un de bien. Je jouissais de ce qu'on aurait pu appeler le bonheur conceptuel d'une fille enfarinée. Je trouvais ça beau.
Louisa souris.
Le repas nous fût apporter par une femme, nous le mangeâmes en discutant de tout et de rien, d'anecdotes de notre vie, du bonheur qu'on avait connu, des personnes qui avaient traversées notre vie.
A la fin de la journée, quand nous allions dormir Louisa me tapota sur l'épaule :
-Tu as beaucoup changé depuis ton arrivée...
Je n'avais pas l'impression pourtant, c'est vrai qu'entre nous les langues se déliaient mais au fond, est-ce que moi j'avais changé ? Je voulus y croire, alors je lui souris.
La nuit fût paisible, je repensai au jour de mon arrivé, où je cherchais à décrypter les attitudes, j'essayais de retrouver ma façon de penser d'avant, sans succès.
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Louisa
Short StoryLouisa est une nouvelle d'environ 14 pages, que je ne pourrais décrire, le plus simple serait encore de la lire et de vous y perdre. Bonne lecture.