Chapitre XVI: A ton image

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Cédric se leva ce matin-là, la boule au ventre. Juin lui offrait de belles couleurs estivales, et la chaleur revenait peu à peu. Pourtant, aujourd'hui, il savait très bien que jamais il n'arriverait à apprécier ce mois qu'il aimait tant. Il resta quelques instants à fixer le soleil qui se levait délicatement. Il inspira profondément, une douleur insistante dans le cœur. Son regard se détourna de la fenêtre, et il consentit à descendre dans la salle commune.

Il reconnut entre mille la chevelure châtain qui regardait danser les flammes dans la cheminée. La silhouette se retourna aussitôt qu'elle entendit des pas près d'elle.

En un regard, elle comprit. Ses grands yeux noisette fixaient intensément Cédric, attrapant un peu de sa douleur au passage. Il aperçut des mèches brunes apparaître. Sa couleur de cheveux à lui. C'était fou, pensa-t-il au milieu de la douce souffrance qui parcourait son corps. Comment pouvait-elle capable de ressentir aussi fort ses émotions ? Au point que la couleur de ses cheveux, de ses sentiments, se teintent de la même manière que les siens ?

Il vit à son regard, qu'elle savait.

Aurore savait parfaitement quel jour on était.

Elle se leva doucement, et, avec un sourire tendre, presque maternel, elle tendit les bras vers Cédric. Cédric ne se fit pas prier et se précipita dans les bras de sa meilleure amie, son visage dans son cou. Aurore le serra fort contre elle. Cédric sentit la pression de son amie sur son corps, et il la serra encore plus fort, des sanglots dans la gorge. Ils ne tardèrent pas à remplir ses yeux de larmes, à le faire gémir de douleur, et de le propulser sept ans auparavant. La poigne d'Aurore contre les épaules de Cédric se fit plus forte encore, plus forte que jamais, grandissant au milieu des sanglots de son meilleur ami qui lui broyait le cœur.

Aurore le laissa pleurer, autant qu'il put. Il se détacha lentement d'elle, le regard vide, les yeux rouges, les larmes qu'il essuya rageusement sur ses joues. Aurore posa doucement la main sur la joue du jeune homme, et il cala sa joue volontiers contre cette petite main, en fermant les yeux. Il respirait plus lentement à présent.

Il rouvrit les yeux doucement, et se força à sourire. Aurore avait étiré ses lèvres, et Cédric se sentait un peu mieux.

Des pas tonitruants se firent entendre derrière eux. Ils se retournèrent et virent la chevelure blonde de leur amie, encore ébouriffée par le sommeil. Elle accourut auprès de Cédric et l'entoura de ses deux bras, l'écrasant presque. Cédric émit un petit rire, un rire mêlé à quelques larmes récalcitrantes. Lorelaï se mit sur la pointe des pieds pour déposer un énorme baiser sur la joue de son ami, s'accrochant à son cou. Aurore caressait l'épaule de Cédric, compatissante.

-Je...merci les filles, fit Cédric d'une voix étranglée.

Lorelaï attira Aurore près d'elle et ils se serrèrent tous les trois, rigolant un peu, pleurant à moitié, sans jamais se départir de la boule d'amour énorme qui flottait au-dessus de leur tête.

Cédric se sépara doucement de ses amies pour s'essuyer correctement le visage, souriant aux deux. Il ne souhaitait pas que les prochains réveillés s'inquiète de l'explosion de sentiment qui venait de lui arriver.

Néanmoins, la douleur ne s'enfuyait pas. Elle restait tapie contre son cœur, se lovant contre lui pour mieux l'écraser ensuite. Il inspira un bon coup, et fit signe à ses amies qu'il était temps. Aurore et Lorelaï hochèrent la tête et l'attendirent le temps qu'il monte chercher un petit paquet dans son dortoir. Sans un mot, ils sortirent de leur salle commune.

Ils se retrouvèrent en un rien de temps près du lac. Aurore avait pris la main de Cédric et ne la lâchait plus à présent. Lorelaï avait son bras autour de la taille de son ami, le serrant contre elle dès qu'elle pouvait. Cédric tremblait. Il ferma les yeux un instant, se rappelant à quel point cette journée lui faisait mal. Il se concentra sur la main d'Aurore, et le bras de Lorelaï. Pour se donner du courage. Pour se montrer qu'il pouvait avancer sans elle. Cédric jeta un œil vers Aurore qui lui souriait toujours, encourageante. Ses cheveux étaient devenus totalement bruns. Cédric se concentra sur cette déclaration sous-entendue, inspira un grand coup, et ouvrit le petit paquet.

Definitely yours Tome 1: Le tournoi des trois amitiésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant