Chapitre 7: Frère et sœur

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Le vide. C'est actuellement mon ressenti. Je sers les clients présents,mais je ne suis pas au top de ma forme. J'ai passé la journée dans cet état. Pas très joyeux. J'essaie toutefois de faire bonne figure. Mes yeux sur la montre, il est bientôt l'heure de partir. Il fait très beau dehors, je pense que j'irai courir si le temps se maintient. Les coudes sur le bar et ma tête posée dans ma paume. Mon regard est attiré par l'extérieur. Je n'ai vraiment pas l'esprit à travailler.

- Holly ?

Mon esprit est encore à la soirée. Qu'est-ce que j'aurai dû faire ? Le laisser me draguer ? Peut-être qu'il ne m'aurait pas évité hier.

-Holly ? Me répète ma patronne.

Merde. Je cligne plusieurs fois des yeux et la regarde.

- Excuse-moi, j'étais dans mes pensées.

- Peux-tu servir monsieur s'il te plaît ?

Je m'exécute sans plus attendre. Il faut vraiment que je me ressaisisse. Je termine de travailler le moral dans les chaussettes.

- À demain, dis-je à mon patron.

Je salue et je passe la porte. Je sors mon téléphone pour écrire à Irina, mais je m'aperçois qu'elle m'a déjà écrit.

Coucou bichette ! Ça te dit de venir avec des amis et mon copain à la fête foraine ? Dès que tu sors, écris-moi, je passerai te chercher.

Voir écrit « mon copain » me fait tout de suite sourire. C'est bien la première fois que je vois ça dans ses messages. Je pensais que j'irai courir, mais peu importe, ça se fera en rentrant. Je réponds alors à Irina :

Avec plaisir, mais pas la peine de passer me prendre, je viens à pied. À tout de suite.

Je ne suis qu'à quelques minutes à pieds donc je vais en profiter pour appeler ma mère. Je lui écris souvent, mais entendre sa voix parfois fait du bien.

«- Allo ? Comment vas-tu maman ?

-Bonjour ma puce. Très bien et toi ?

-Je vais bien. Je t'appelle car je me disais que ça fait un moment que je ne suis pas venue à la maison. Ça te dirait que je passe ce week-end ?

-Oui, avec plaisir. Viendras-tu avec Grégoire ?

Lorsque j'entends ce prénom, ma peau se met à frissonner. Je n'ai pas encore parlé de tout ça à maman, mais je ne le ferai pas par téléphone.

-Hmm... Non maman, nous sommes plus ensemble...

-Ah bon ? Mais tu ne m'as pas dit !

-Non, c'est quelqu'un de mauvais. Il n'y a rien d'autre à dire. Je vais te laisser maman, je rejoins Irina. À ce week-end alors. Bisous, je t'aime.

-Moi aussi ma puce. »

Tant de choses se sont passées et je n'avais pas pris le temps de lui raconter. Je prendrais le temps de lui expliquer lorsque je serai avec car une maman sait toujours trouver les bons mots et elle l'a toujours fait. Au loin, derrière quelques bâtiments, je distingue les premiers manèges. Je ne sais pas si j'ai bien fait d'accepter la proposition d'Irina. Je pense toujours aux derniers moments avec Loïc. Suis-je déçue ? Attristée ? Je ne m'attendais pas à le voir aussi indifférent. Peut-être que je ferai mieux d'aller le voir ? Non, non, c'est une mauvaise idée. Me voilà arrivée.Il y a beaucoup de monde, de cris mais aussi tout un tas de sucreries. L'odeur des crêpes me fait tout de suite saliver. Sans prêter attention, des bras viennent m'enlacer.

- Tu es enfin là !!! Dit Irina.

Elle m'embrasse sur les joues et me regarde tout sourire.

- Tu as une petite mine. Viens là que je te présente Arthur.

Elle me tire par la main, à la limite de courir derrière elle. Ça me fait tant plaisir de la voir ainsi. Nous nous approchons d'un petit groupe. Je regarde chaque visage devant moi. Je ne connais absolument personne.

- Vous partez déjà ? Demande Irina.

Une blonde aux cheveux très courts lui répond :

- Oui, mais on se revoit vite.

Irina fait un signe de la main et nous les voyons disparaître dans la foule. Sautillant sur elle-même, elle fait tourner le présumé Arthur et fait les présentations :

- Holly, voici Arthur, Arthur, je te présente ma meilleure amie, Holly.

Nous nous faisons la bise,tandis qu'Irina nous regarde tout sourire. Il se retourne pour l'embrasser à pleine bouche. Ils sont adorables.

-Bon, je ne tiens pas à tenir la chandelle, rends-moi ma copine, rigolais-je en lui attrapant le bras.

- Alors ? On commence par quoi ? Me demande Irina.

Nous avançons joyeusement comme deux enfants. Main dans la main, suivis d'Arthur qui rigole en nous observant. Les manèges défilent devant nous jusqu'à ce que je m'arrête net devant le carrousel. Oui je sais, c'est plus pour les enfants. Mais après tout, il n'y a pas d'âge limite écrite. Je tourne la tête vers Irina et sans un mot, nous nous comprenons. Nous partons tous les trois vers la caisse pour prendre un ticket. Nous attendons que celui-ci s'arrête pour nous installer. Une fois immobilisé, je m'avance et monte sur le cheval. Irina et Arthur prennent la montgolfière juste dernière moi. Devant, je vois un père accompagner sa fille dans l'avion. L'amour familiale que je perçois dans leurs yeux me fait sourire. Mon père était exactement comme ça avec moi. Mon héros de tous les jours. Un père modèle.La sonnerie retentit et le manège avance. Je me retourne vers Irina et l'aperçois bécoter Arthur.

- Arthur, enlève ta langue de sa bouche, tu vas finir par l'étouffer, dis-je en rigolant.

Il m'observe, approche son index de sa bouche et murmure le mot« chut », puis reprend où il en était. Arthur à l'air d'être une personne très bien pour elle. J'espère que ça durera,elle le mérite. Irina ne donne pas son cœur facilement, mais une fois qu'on la connaît je sais qu'elle a beaucoup d'amour à offrir.Je fixe devant moi les personnes qui patientent et attendent leur tour. Quand soudain, un peu plus loin, je crois reconnaître quelqu'un. Rien de sûr, il est trop loin de moi. Deux hommes s'avancent côte à côte dans la foule. Toujours sur mon cheval, le manège continu de tourner et je ne peux plus voir de qui il s'agit. J'attends, impatiente. Lorsque je peux de nouveau les examiner, ils ont avancés de quelques pas. Mais cette fois, je peux le reconnaître. Loïc tout sourire. L'homme qui est à côté de lui ressemble énormément, mais je ne le connais pas du tout. Quand mes yeux se reposent sur Loïc, une femme l'attrape pour l'enlacer. Elle se recule légèrement et se rapproche de nouveau pour l'embrasser sur la joue. À ce moment-là, mon cœur loupe un battement et la jalousie me monte à la tête. Une seule question me vient en tête : qui est-ce ?


Battement incertain (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant