Chapitre 14 : Léo

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- Pourquoi je te retrouve avec lui main dans la main ?

Loïc et moi sommes rentrés dans mon appartement mais je ne tiens pas à lui expliquer.

- Je ne te dois rien Loïc ! Et puis c'est ton frère, tu n'auras qu'à lui demander.

Il reste au niveau de la porte d'entrée sans forcément comprendre. Je ne l'invite pas vraiment à s'installer non plus. Aïko court jusqu'à moi sans cesser de miauler. Je lui donne sa pâtée et caresse son poil doux.

- Qu'est-ce qu'il sait passé depuis hier ? Tu sais que tu peux tout me dire. Tu n'as pas encore compris que tu pouvais avoir confiance en moi ?

Je souffle d'agacement et monte dans une colère noire. Les poings serrés, je suis à la limite de trembler de rage. Je ne pensais pas qu'il mentirait en plus de ça. J'aurai cru qu'il me parlerait de son baiser, mais non. Il tient à ce que je lui donne une explication sur la présence de son frère sur mon palier. Mais je ne lui ferai pas ce plaisir.

- Dis-moi ce que tu foutais avec lui !

Ce n'était pas une question. Il me déçoit beaucoup.

- Je veux que tu sortes de chez moi ! Dis-je plus fort que je ne l'aurai cru.

- Quoi ?

Il reste hébété par rapport à la situation. Qui aurait cru qu'on en serait là aujourd'hui.

-Quand tu seras irréprochable, tu pourras me faire la leçon.Maintenant, sors d'ici.

Je lui ouvre, le laisse passer et claque la porte au nez. Sur mon canapé, j'attrape un coussin, enfoui ma tête et hurle de toutes mes forces. Je n'y comprends plus rien. Ça aurait dû être moi la plus énervée, mais non, ça a été lui. Je m'installe une couverture sur moi, les yeux dans les vagues. Mon reflet reste inerte dans la télévision éteinte. Le calme de la pièce est assourdissant, mais je ne bouge pas. Je suis abasourdi par tous les événements. Un certain temps passe et je n'ai toujours pas changé de place jusqu'à ce qu'on toque à ma porte. Une fois celle-ci ouverte, je distingue Léo sacs en main.

- Il n'a pas voulu que l'on discute. Est-ce que je pourrai dormir chez toi juste ce soir ?

Je le laisse entrer en hochant la tête. J'espère que Loïc ne le découvrira pas car je n'imagine même pas sa réaction.

- Je n'avais pas l'intention que ça t'impacte, lui dis-je, peinée.

J'attrape quelques draps ainsi qu'une couverture et le lui donne. Il pose ses sacs à côté du canapé et se retourne vers moi.

- Tu n'y es pour rien. C'est une vraie tête de mule quand il s'y met. J'y retournerai demain quand il sera calmé. Merci d'avoir accepté que je dorme chez toi, je ne savais pas du tout où aller.

Je prends un oreiller pour lui donner, mais au lieu de ça, je lui lance à la tête. D'un mouvement rapide, il se retourne vers moi interloqué. J'explose de rire et lui en lance un deuxième.

- Oh, tu veux jouer à ça ? Tu es sûre de toi ?

Il en attrape un à son tour et essaie de me viser. Je m'accroupis à toute allure et l'évite. Il fait de même pour le suivant, mais cette fois, je n'ai pas eu assez de temps pour l'esquiver. Le temps que j'en cherche un, je le sens m'entourer la taille et me porter jusqu'au canapé. Il commence à me chatouiller et sans pouvoir y résister, je reste plié en deux en rigolant comme jamais. Son corps est quasiment au-dessus du mien, quand ses mains s'immobilisent. Nos yeux se regardent avec insistance. Je me rassois jusqu'à ce que nos visages ne soient plus qu'à quelques centimètres. Je pose délicatement un baiser sur sa joue et lui dit :

- Bonne nuit Léo.

Il se lève pour que je puisse en faire de même et me dirige vers ma chambre. Avant de fermer la porte, je me retourne pour lui sourire.

- Bonne nuit Holly, dit-il en bafouillant.

J'éteins la lumière en me dirigeant vers mon lit. Mes vêtements tombent à terre et je m'allonge sur la couette fraîche. Quelle journée ! C'est à se demander comment celle de demain va se passer. Je ferme les yeux et m'endors avec difficulté.

*

Huit heures, mon réveil sonne et me réveille en sursaut. J'ai passé une nuit vraiment affreuse. Mes yeux restent collés tandis que je sors de ma chambre. J'avance vers la salle de bain lorsque j'entends de la cuisine ouverte :

- Bien le bonjour.

Je sursaute à cette voix quand je m'aperçois que je n'ai presque rien sur le dos. De mes mains, je cache le plus de partie de mon corps qui n'a rien d'autre qu'un soutien-gorge et une culotte en dentelle. Cette-fois, j'ai les yeux grands ouverts. Il tient une tasse de café tout en m'observant sans gène. Je vois son corps presque aussi nuque le mien. Ma parole, il est sculpté comme un dieu si bien que je n'arrive pas à détacher mon regard. Son simple caleçon me laisse le plaisir d'observer son torse musclé. Sa carrure est comme celle d'un athlète. Je cligne plusieurs fois des yeux et me mets à courir jusqu'à la salle de bain puis m'y enferme.

- Bordel ! Dis-je à voix basse.

Dix minutes plus tard, je sors habillée cette fois-ci. Lorsque je revois Léo, je sens mes joues virer au rouge. Une vague de chaleur m'envahit et je ne peux la dissimuler.

- Ne te mets pas dans de tels états, c'était un plaisir pour moi, me dit-il en rigolant.

Reprends-toi Holly !

- Désolé de te presser, mais je dois filer au travail.

Il prend ses affaires en m'emboîtant le pas. Une fois à l'extérieur,il me fait un signe de la main et part dans la direction opposée à la mienne. J'avance en soufflant un coup, main dans mes cheveux. Je n'en reviens pas de ce corps. Enfin, non, de ce qui vient de se produire. Je ne peux pas regarder Léo comme ça, après ce que j'ai vécu avec Loïc. Je me sens tellement perdue. C'est une affreuse sensation. Entre trahison, dispute, sentiments et l'attirance par ce physique. Qu'est-ce que je raconte ? C'est totalement absurde !

- Holly !

Je ne m'arrête rien qu'une seconde dans mon mouvement, mais continue d'avancer. Je ne veux pas. Non. Pas maintenant. Je veux passer une putain de bonne journée. Je n'ai pas envie de l'affronter.

- Holly... S'il te plaît... Dit-il en m'attrapant le bras.

- Non Loïc, je n'ai aucune envie de te parler, lui dis-je à mon tour sans même prendre le temps de l'observer.

Sa poigne se desserre et je reprends mon chemin tête baissée. Je sens une larme couler le long de ma joue due à ce sentiment d'infidélité.


Battement incertain (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant