Chapitre 12 : Un passé inconnu

5.8K 482 45
                                    

Les yeux grands ouverts, je contemple mon plafond. Loïc m'a déposé il y a deux heures maintenant. J'ai beau essayer de dormir, ça m'est impossible. J'ai l'impression que si je m'endors, lorsque le moment viendra de me réveiller, je me rendrai compte que ce n'était qu'un foutu rêve. Je me dis que c'est bien trop beau pour être vrai. Bien trop beau ! Jamais au grand jamais je n'ai connu ça. Je souris bêtement en me remémorant toute cette soirée passée avec lui. Ses lèvres sur les miennes, ses mains caressant mon corps, mais aussi tellement de choses qui me semble totalement irréelles. Au moment de me déposer, nous nous sommes embrassés avec beaucoup de délicatesse. L'idée qu'il reste avec moi pour la nuit m'a traversée l'esprit, mais je sais qu'il est bien trop tôt. Je ne veux pas qu'il pense avoir gagné mon cœur. Je reconnais qu'il a fait un pas vers moi, mais je ne connais pas son passé. Quand je l'ai vu pleurer, j'ai pu voir à quel point il a pu souffrir. Peut-être plus que moi qui sait ? Il faut que j'en sache plus avant qu'il ne se passe davantage. Je tourne la tête vers mon réveil. Il est presque quatre heures du matin, il faut absolument que je dorme, demain je dois travailler et je sais déjà que je vais avoir une sale tête. Je ferme les yeux et fini par m'endormir dans les bras de Morphée.

***

Ma journée est enfin finie. Ça va que j'étais du matin seulement. J'ai toute l'après-midi devant moi et il faut absolument que j'aille  voir Irina afin de tout lui raconter. On pourrait croire deux adolescentes au collège. Lorsqu'il se passe quelque chose dans sa vie ou dans la mienne, nous devons absolument nous le détailler. Oui, nous sommes de vraies filles, pas de doute. Je n'ai donc pas perdu de temps pour lui proposer qu'on se voit. Elle va être folle quand je lui expliquerai dans les moindres détails de ce qui m'est arrivé. J'imagine déjà la tête qu'elle va me faire que j'en rigole d'avance. Je me croirai sur un petit nuage. Je me prépare en quelques minutes et enfile une salopette. Petites baskets aux pieds, j'attrape mes clés et sors de chez moi. Irina m'attend déjà devant la porte. Sans perdre de temps, je la serre fort dans mes bras.

- Mais ? Pourquoi tant de joie ? Allez, raconte-moi tout ! M'ordonne-t-elle.

Nous partons bras dessus, bras dessous comme des enfants. Je me met à tout lui raconter de A à Z. Du moment où il a été en retard pour passer me prendre, à la magnifique vue de la forêt, au lac puis à la cabane. Elle me coupe la parole plusieurs fois en me disant « C'est pas vrai ? », ce qui me fait bien rire. Je vois dans son regard qu'elle est vraiment contente pour moi et qu'à aucun instant elle ne doute de lui. Je lui fais quand même part de mes doutes et incertitudes par rapport à la suite.

- Ça m'a l'air quelqu'un de très bien Holly. Et tu sais, comme on ledit « la peur n'évite pas le danger ». Peut-être que tu devrais le laisser rentrer dans ta vie. Si tu laisses place à tes doutes, tes craintes, il se peut qu'il te file entre les doigts et c'est à ce moment-là que tu ne pourras plus faire machine arrière.

Ses mots me touchent mais surtout me vont droit au cœur. Je reste un temps sans rien dire à côté d'elle en marchant tranquillement. Je me répète en boucle ce qu'elle vient de me dire « il se peut qu'il te file entre les doigts ». Je crois que le perdre me fait encore plus peur que de tenter quelque chose avec lui.

- Mais si je me trompe ? Et si il vient à me faire souffrir ? Si...

Elle me coupe la parole et me dit :

- Et si, c'était quelqu'un qui te rendra heureuse ? Holly, on pourrait refaire le monde avec des « si », tu le sais toi-même. Ne passe pas à côté, c'est mon conseil.

Elle a sûrement raison. Je devrais plutôt ouvrir mon cœur et faire taire un peu plus ma tête.

- Mais, je ne te dis pas non plus de l'épouser !!! Pouffe-t-elle. Avoir le juste milieu, apprendre encore à vous connaître, car oui, tu ne connais pas tout de lui, mais lui non plus ne connais pas tout de toi.

Je suis étonné par autant de sagesse de sa part. Elle qui enchaînait les conquêtes, je ne m'aurai jamais attendu à ça. Un sourire se forme sur ma bouche et je fini par l'embrasser sur la joue en guise de remerciement. En continuant de marcher, je la vois observer son téléphone et rigoler bêtement. C'est marrant de la voir comme ça. On pourrait même croire qu'elle est amoureuse. Le serait-elle ?

- Je vais devoir te laisser, il faut que je retrouve Arthur. Il m'invite à dîner ce soir.

Elle sautille dans tous les sens comme une puce. Nous retournons alors à sa voiture puis s'en va. Je décide de ne pas rentrer chez moi et profiter du soleil encore un peu. Me dirigeant vers le parc, je m'installe sur un banc. Aujourd'hui, il n'y a pas grand monde et le calme fait le plus grand bien. Je suis vraiment contente d'avoir pu parler de tout ça avec Irina. J'en avais besoin mais surtout je me rends compte qu'elle m'a aidée à ouvrir les yeux. Elle a raison, je devrais lui faire un peu plus confiance. Ne pas le laisser partir car oui, je le regretterai probablement. Je prends mon téléphone et décide d'envoyer un message à Loïc.

- Coucou, voudrais-tu qu'on se voit ce soir ?

J'observe les passants qui se promènent dans le parc. Au sol, j'attrape une marguerite et commence à retirer les pétales un à un.

- Il m'aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie...

Je relève brusquement la tête. Je crois entendre au loin la voix de Loïc. Son ton à l'air très furieux. Je le cherche du regard puis fini par le trouver. Il parle, enfin non, il hurle sur une personne que je n'arrive pas à voir car elle est cachée derrière des buissons. De là où je suis, je n'arrive pas à entendre ce qu'ils disent. Je commence à me lever pour aller à sa rencontre mais d'un coup, mon cœur cesse de battre. Je ne respire plus et observe la scène qui se passe devant moi. Ses lèvres plaquées contre celles de cette blonde. En un rien de temps, mes yeux deviennent humides et ma vue se trouble. J'ai la sensation que tout se déchire en moi. Ma tête, mon cœur, mon âme, tout vole en éclats. Je pleure à chaudes larmes, déçue comme jamais. Je me mets à courir vers la sortie. Je n'en reviens pas de ce que j'ai pu voir. Comment peut-il me faire ça après tout ce qui s'est passé hier ? Je cours, cours loin, sans regarder où je vais ni même sans faire attention aux personnes qui passent à côté. J'essuie mes joues et heurte quelqu'un sur mon passage. Je tombe sur les fesses, mais la douleur est moindre comparée à celle que je ressens au plus profond de mon être. Sans même regarder la personne je bafouille d'une voix tremblante :

- Excusez-moi, je n'ai pas fait attention.

- Holly ? Ça va ?

Je lève la tête et m'aperçois qu'il s'agit de Léo. Il m'aide à me relever et sans perdre un instant, je m'enfouis dans ses bras et pleure de plus belle.


Battement incertain (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant