Chapitre 15

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Helloooo :D

Bon ça y est j'ai du temps devant moi et je peux enfin travailler sur Painful Memories pendant mes vacances. Je vais voir à quelle fréquences je peux poster selon la vitesse à laquelle j'avance dans les chapitres.

Toujours est-il que je suis désolée pour l'attente.

Merci à toutes les fidèles lectrices (et lecteurs! Manifestez-vous!!) qui ont attendus presque 4mois pour la suite. J'espère qu'elle vous plaira, faites moi part de tous vos commentaires au cours de la lecture, ça m'aidera pour la suite ;P


Voilà, n'oubliez pas la musique et bonne lecture tous le monde! ^^

-Porkadel

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Jack.

Il y a des choses incroyables dans la vie. Simples mais qui provoqueront toujours un chamboulement d'émotion contradictoire dans la tête des gens quand ils s'y attendront le moins.

Je pense que c'est ça qui me manque le plus: les surprises de la vie. En presque 200 ans, j'ai eu le temps de tout expérimenter, de me familiariser avec chacune des avancées scientifiques ou littéraires, d'apprendre et de découvrir le monde sous plusieurs facettes de modernité. J'ai vécu la joie des extraordinaire moments, et ressenti la souffrance des atrocités humaines. Cela fait donc un certain nombre d'années que je m'applique consciemment à ne plus rien attendre de la vie, mais malgré le masque que je me suis forgé, je reste déçu.
Désormais, il est très rare que quelques choses ne m'atteignent en profondeur, je suis plus du genre à me remettre vite des choses qui m'entourent. Je suis le même qu'il y a 200 ans; physiquement j'ai un peu changé certes, mais au fond de moi, j'ai les mêmes réactions un peu gamines. Et tandis que je me fais violence pour prendre des habitudes plus modernes, mon corps, par habitude, se comporte élégamment. Ça ne serais pas embêtant, si je ne reprenais pas les habitudes nobles, qu'entrainaient forcément les bals, thés, ou autre rencontres auprès des différentes royautés datant du 19e siècle. Mais j'avais tellement eu du mal à me comporter de la sorte, pendant presque deux années, j'avais travaillé pour obtenir ma place auprès de la noblesse. Pour quelqu'un comme moi, ressortissant d'une petite île isolée, il avait fallu plus d'un professeur pour m'inculquer la bienséance; avec l'aide de Nikolaï et la patience d'Alexandre, après m'être caché pendant près de 730 jours, les portes ouvragées de la grande salle de bal s'ouvraient devant mon passage. Enfin.

Mais parfois, je me perds dans mes souvenirs et c'est sans doute ce qui me fait le plus souffrir. J'aurais beau faire tout les efforts possible pour occuper mon esprit pour des choses importantes comme futiles, ma mémoires cette traîtresse trouvera toujours un moyen, n'importe lequel, pour me faire retomber dans la noirceur de mon propre enfer.

J'évite de dormir. J'évite de penser. J'évite de réfléchir. J'évite tout ce qui demande le moindre effort de réflexion, le moindre besoin de converser avec mon cerveau. Tandis que Tooth collectionne les containers de jeunes souvenirs, les dents de laits, je m'entête à éviter de me retrouver face aux miens.

Même s'ils me croient ignorant, j'entends les discussions de mes amis. Ils parlent de moi, ils s'inquiètent pour moi. Je pars de plus en plus longtemps, sans prévenir quiconque de mes voyages. Je m'isole, ce n'est que rarement que je partage repas ou autres convivialités avec eux.

Nord n'a plus peur pour moi depuis que je lui ai parlé. Je suis allé le voir un soir, après l'un de mes voyages, et lui ai demandé s'il se souvenait de sa vie d'avant. Si elle lui manquait, si ses souvenirs le rongeait autant qu'ils me tuent à petit feu. Alors, Nord et moi avions parlé toute la nuit durant. Il m'avait conté l'histoire d'un petit garçon devenu homme trop tôt.

- Je suis vieux Jack, bien plus vieux que toi, ou les autres gardiens. J'ai vu, entendu, vécu et fait beaucoup de chose dont je ne suis pas fier, mais le temps est un ami qui a permis à la plaie de cicatriser. Je sais que tu résistes, que tu évites la confrontation , mais saches que plus tôt tu les confronte, alors plus tôt tu t'apaisera. C'est loin d'être facile je le sais, ô crois moi, je le sais. Mais il n'y a que de cette façon que tu tournera la page. Comme tu le dis ce sont des souvenirs ; il y a les bons, ceux qui font sourire, et il y a les douloureux, ceux qui font pleurer, qui font hurler de douleur. Et même si le temps arrange les choses, elle ne te rendra pas imperméable à la douleur engendrée. Et c'est ces souvenirs, heureux ou tristes, qui font de toi ce que tu es, qui font que tu ne tournes pas comme Pitch. Prends le temps de mettre un point final à ton ancienne vie, il n'y a que de cette façon que tu pourras vraiment débuter la nouvelle sans peine. Prends tout le temps qu'il te faudra, mais n'oublie pas que moi, je suis là, que les autres gardiens sont là ; et que malgré tout, tu es de notre famille, tu peux compter sur nous.

Nous étions restés un long moment dans le silence, l'un à côté de l'autre, contemplant le lever du soleil. Ça n'était pas un silence gênant, mais plutôt un silence lourd de sens, de ceux pendant lesquels les décisions fondamentales de nos vies respectives sont prises. Sans doute on pouvait voir toutes les différentes émotions que j'ai ressenti ce soir là, rien qu'en regardant dans mes yeux. Je me sentais faible d'une certaine manière. Faible d'avoir été aussi aveuglé par des mirages. Faible d'avoir délaissé ma famille, ma vie, ma nouvelle vie. Faible d'avoir accusé la personne qui m'a offert une seconde chance. Faible d'avoir dû entendre l'histoire de Nord, le replongeant dans des passages difficiles de sa propre existence, pour pouvoir reprendre pied. Mais désormais, je savais ce qu'il me restait à faire. Je savais exactement comment m'y prendre.

L'orbe dorée n'apparaissait que de moitié à l'horizon, au bout de la plaine immaculée blanche, lorsque je me mis debout et me retournai face à mon vieil ami. Il se leva à son tour, et comme s'ils avaient été cachés la nuit durant, le reste des gardiens arrivèrent. Je voyais dans leurs regards une once d'inquiétude, alors je leur offrit un sourire sincère. Regarda Nord droit dans ses yeux bleus, il hocha la tête face à mon regard déterminé. Et je m'envolai sans plus de questions.

Sous moi, la steppe incolore défilait ; j'observais les mammifères du grand froid se mouvoir, vivant sans s'inquiéter de l'avant ou de l'après. Hier, j'en aurai été jaloux, mais plus maintenant. En une nuit, Nord avait réussi à faire cesser un tourments de près de deux siècles. Aussi incroyable que ça me paraissent, j'étais enfin exempt des spectres d'une autre vie, sans pour autant les oublier, je passais enfin à autre chose. Il ne me suffisait plus que d'une chose pour pouvoir réapprendre la vie : il me fallait accepter sa disparition.

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