VII

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Quelqu'un me secoue doucement. Je me réveille sur ma couche de sacs et m'étire.

- On en est où ? Demandai-je à Wenceslas.

- Pas très loin de Lourdes. Va falloir bientôt sauter. Me répond-il en observant le paysage campagnard.

La porte du wagon est grande ouverte et l'air venant des Pyrénées entre et charge l'atmosphère d'une fraîcheur de neige. Les champs s'étendent à perte de vue sous nos yeux.

- Bon, je me prépare et on saute.

Le sac fût vite prêt. Le train ne roulait pas vite. Nous attendîmes que l'herbe soit assez haute pour nous élancer l'un après l'autre. Wenceslas sauta le premier, mon bagage eu vite fait de le rejoindre et moi après. Nous nous rejoignîmes et traversâmes les champs à la recherche d'une route. Nous partîmes alors en direction de Lourdes.

On a pris le bus. On est maintenant devant la basilique. Le monde est impressionnant.

- Ce doit être pèlerinage aujourd'hui tu ne crois pas ? Me demande mon ami en haussant la voix.

- Non, je crois que c'est tous les jours comme ça. C'est toujours bondé. Répliquais-je du même ton.

Nous suivons le mouvement de foule et nous retrouvons devant le sanctuaire. Des personnes prient malgré le bruit ambiant.

La nuit est tombée peu à peu. Les gens sont parti. Seul restent quelques pieux. Des cierges brillent. Le silence a tout envahi.

- C'est ici que je vais te laisser. Murmure Wenceslas. Il faut que j'aille me retrouver.

- Va. Mon chemin est encore long et je dois me presser avant le jour.

Sur ces mots nous nous embrassons et nous nous séparons, le coeur léger de l'amitié.

Je reprends un bus en direction de la frontière espagnole. Il doit me déposer dans un petit bled paumé car il n'ira pas plus loin.
Le chauffeur ne parle pas. La seule personne avec moi est une vieille femme, assise au fond. Elle ne lève pas les yeux, perdue dans la contemplation de sa vieillesse.

Me voilà arrivé au terminus. Je descends du véhicule et entame ma grande marche à travers les forêts. La pente est raide, mais le calme que la nature m'offre me pousse à continuer, à m'échapper de la civilisation humaine. Je retrouve la pleine nature de mon être en marchant dans ce monde sombre, éclairé seulement par la lueur blafarde de la Lune. Peu à peu, les lumières et le bruit de la vallée s'estompent. Les seuls existant sont ceux fait par la chouette qui chasse et par le rat des champs qui fuit.
Après que le silence se soit imposé pleinement à mon oreille, je m'arrête. Mon sac se pose à terre, mon lit est monté avec discrétion. Le ciel dégagé ne prédit pas de malheurs pour cette nuit. Les étoiles brillent de mille lueurs argentées. Je me glisse dans mon lit au milieu de cette ambiance idyllique et m'assoupis, bercé par le vent.

Histoires InachevéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant