Hermione ouvrit la porte de leur petite maison de banlieue, et se retrouva noyée par des odeurs de cookie, de crème pour bébé et de linge propre. L'odeur de sa famille.
Elle laissa les clés sur la table de la cuisine et s'avança pour découvrir Ron, assis dans son fauteuil au beau milieu du salon, en position stratégique devant la télé. Sur ses genoux, Rose, cinq ans, et Hugo, trois ans, se disputaient lequel des deux serait le plus concentré. Les yeux rivés sur l'écran, ils ne disaient pas un mot, ne faisaient pas un geste, calés entre les bras de leur père. Impassible, la télévision diffusait un épisode de Tom et Jerry.
Ron éclata soudain d'un rire franc, mais les enfants, fascinés, ne quittèrent pas des yeux les tribulations de la petite souris brune. Et de ce chat qui était son ennemi, et qui, par ce simple fait, donnait paradoxalement un sens à leurs deux vies...
Hermione chassa cette pensée de son esprit. Elle s'agenouilla auprès du fauteuil, et Hugo, fatigué, tendit les mains vers elle et se laissa tomber dans ses bras. Hermione pressa le petit corps chaud contre le sien, respirant son odeur sucrée. Ron passa une main dans ses cheveux, un bref sourire au coin des lèvres, et ne dit pas un mot.
– Ils ont mangé ? demanda Hermione.
– Il y a une heure, murmura-t-il.
Rose lui pressa la main : sa façon de demander le silence. Cela fit rire les deux parents.
– Il est l'heure de dormir, petite demoiselle, dit Hermione en élevant la voix. Il va falloir dire bonne nuit à Tom et à Jerry.
– Pas tout de suite, Maman...
– Si, ma puce. Il y a école demain.
Les négociations durèrent encore dix bonnes minutes, mais finalement, Ron et Hermione arrachèrent leurs enfants au dessin animé en douceur et sans larmes. C'étaient de bons gosses. Après les avoir couchés, Hermione les regarda s'endormir, et elle ressentit tout l'amour qu'il y avait dans son cœur. Elle ne pensait pas que l'on pouvait atteindre un tel état de sérénité, de plénitude. De ce qu'elle en savait, Malefoy avait un fils, lui aussi...
« Pourquoi tu penses à lui maintenant ? »
Elle n'y pouvait rien. Son souvenir ne l'avait pas quittée depuis qu'elle était sortie du métro. Et la chose extraordinaire qu'il lui avait dite. Dans son esprit, la question résonnait encore : « Pourquoi ? ». Qu'est-ce qui avait pu le conduire à lui déclarer ça ? Devant tous ces gens, sorti de nulle part...
– Ça a été au Ministère, aujourd'hui ?
Ron passa un bras autour de sa taille et la tira de ses rêveries. Bizarrement, elle en fut irritée, mais cela ne dura pas. Son corps réagissait au contact familier des bras de Ron autour des siens, son torse tout contre son dos. Ils étaient ensemble depuis si longtemps qu'elle connaissait ces sensations par cœur. Et elles lui procuraient toujours le même sentiment de chaleur et de sécurité.
– J'ai dû courir un peu partout, répondit-elle. Beaucoup de choses à superviser en même temps.
– Je suis sûr que tu t'en es sortie à merveille.
Hermione sourit, et l'embrassa. Elle le quitta le temps de réchauffer quelques restes au micro-onde, prenant soin de ne pas écraser la peluche pikachu qui trônait devant la porte. Il y avait des jouets partout. Malgré elle, Hermione eut un sourire fatigué. Depuis que les enfants étaient en âge d'entrer à la maternelle, les choses étaient redevenues plus faciles. Mais elle devait bien admettre que depuis la naissance de Rose, c'était comme si une tempête avait débarqué dans leur vie.
« Les enfants envahissent tout », songea-t-elle sans amertume. « Surtout notre cœur. »
Elle s'assit à table pour manger, et Ron s'installa en face d'elle. D'abord, il ne parla pas, se contentant de l'observer et de sourire. Dieu qu'elle aimait ce sourire. Il y avait une joie de vivre chez Ron, une étincelle pétillante, tout au fond de ses yeux bleus, qui la faisait fondre. Oui, fondre. Comme lorsqu'ils étaient ados. Son cœur battait plus vite pour cet éclat malicieux.
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A Coeurs Perdus (Dramione)
FanfictionDouze ans après la guerre, Drago Malefoy rencontre Hermione Weasley dans le métro de Londres, et lui demande pardon.