Le temps était doux dans le parc en cet après-midi de juillet.
Juillet. Dire qu'ils en étaient déjà là... Assise au pied d'un chêne centenaire, baignée par l'odeur des roses en pleine éclosion, Hermione ne trouvait plus la vision de Drago Malefoy assis à côté d'elle si irréelle. Elle se rappelait de la surprise qu'elle avait ressentie lorsqu'elle l'avait vu dans le métro, quelques deux mois plus tôt. Si on lui avait dit, à cet instant... Jamais elle ne se serait imaginée ici. Jamais elle n'aurait pensé que la présence de Malefoy aurait pu lui devenir familière. Agréable, et même... apaisante.
Ce devait être ce calme étrange qui auréolait sa personne. Malefoy avait beau être un jouet de tourments et de doutes, il y avait au fond de lui ce quelque chose de magnétique, cette froideur sereine, inébranlable, qui faisait de lui une ancre à laquelle elle voulait se raccrocher.
Une semaine s'était écoulée depuis l'incident chez Arthur et Molly Weasley. Cet incident n'avait eu pour témoin qu'elle-même, ce dont elle se félicitait. Elle n'aurait pas su expliquer aux autres ce qui lui arrivait. Elle n'aurait pas su mettre de mots sur ce qu'elle ressentait, puisqu'elle ne le comprenait pas elle-même. Et quelque chose en elle lui murmurait qu'il valait mieux ne pas se confier... Pas à Ron, pas à sa belle-famille...
Aujourd'hui dans ce parc, Malefoy était arrivé pile à l'heure, de son air bravache, sanglé dans son costume noir, ses cheveux trop longs battus par le vent, et Hermione avait souri. Ce besoin qui criait en elle était assouvi.
Elle était arrivée en avance et avait disposé une couverture à carreaux sur l'herbe, avec sa prévoyance habituelle. Lui s'était arrêté auprès d'elle, l'avait gratifiée d'un « Salut, Granger », et de ce sourire narquois qu'elle avait appris à connaître par cœur. Elle s'en était rendue compte lorsqu'elle avait tenté de visualiser son visage dans sa tête, pendant ses nuits d'insomnie. Elle adorait le voir sourire. Peut-être parce que c'était un don qu'il accordait trop rarement.
Hermione l'avait détaillé rapidement : le malheur, la lassitude et l'alcool marquaient encore ses traits. Voilà pourquoi un sourire de lui était aussi précieux. Pendant la semaine écoulée, Hermione avait eu tout le temps de s'interroger sur son ressenti, et une des choses qu'elle avait comprises était celle-ci : elle voulait aider Malefoy à aller mieux. Elle voulait qu'il soit heureux.
A présent, assis l'un à côté de l'autre, ils profitaient de leur pause de midi pour déjeuner dans un parc Moldu. Ce n'était pas la première fois qu'ils faisaient ça. L'un et l'autre auraient été incapables de se rappeler lequel avait commencé, mais ils avaient pris l'habitude de s'envoyer des notes au bureau, de petits avions en papier volants, à l'improviste, avec un lieu au hasard. Ils se donnaient rendez-vous à midi et passaient toute la pause à discuter du dernier livre échangé, de la pluie, du beau temps, de la politique, de la famille, de leur vie... Parfois, ils se perdaient tellement dans leurs discussions qu'ils en oubliaient de manger. Mais aujourd'hui, Malefoy avait faim : cela se voyait tout de suite à son air contrarié.
« Il a toujours l'air contrarié. »
Hermione sourit de son trait d'esprit. Elle sortit les Contes Macabres de Poe de son sac et les lui tendit :
– Je connaissais déjà, dit-elle. Mais c'est un excellent choix.
Il hocha la tête :
– J'aime beaucoup « Ligeia ».
– Vraiment ? Je ne t'aurais pas pris pour un romantique.
Il la prit au dépourvu :
– Je suis peut-être le dernier des romantiques.
Hermione secoua la tête. Elle ne savait plus quoi dire.
Le silence n'était pas quelque chose de gênant entre eux. Elle l'avait très vite remarqué. Ils étaient des rêveurs, des penseurs, tous les deux. Ils avaient besoin de se perdre dans leur esprit et de réfléchir, pour se trouver parfois.
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A Coeurs Perdus (Dramione)
FanfictionDouze ans après la guerre, Drago Malefoy rencontre Hermione Weasley dans le métro de Londres, et lui demande pardon.