Epilogue (le vrai)

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Les enfants se faufilaient dans le tumulte de la foule, sans prêter attention aux regards désapprobateurs qui les pourchassaient. Au milieu des cris des oiseaux, du murmure des conversations, du vacarme des trains, ils poussaient leurs chariots dans toutes les directions jusqu'à ce fameux pilier qui les transporterait dans un autre monde, leur monde.

Une fois de l'autre côté, Drago rajusta sa chemise qui n'en avait pas besoin. Il repéra Hugo du regard, vingt mètres devant, et le laissa tout à ses retrouvailles avec ses camarades de classe. Hugo entamait sa cinquième année à Poudlard.

A côté de lui, Scorpius restait sagement immobile, laissant son regard vagabonder sur l'agitation générale. Il avait toujours été d'un tempérament calme. Intelligent, mesuré, flegmatique. Il avait quelque chose d'irrésistiblement anglais, en fait. Drago sourit à cette pensée. Pour Scorpius, c'était la dernière année à Poudlard. La dernière année à Gryffondor. Si lors de la cérémonie de la répartition, la surprise avait été générale, la nouvelle ne causait plus le moindre émoi aujourd'hui. Drago s'était même surpris à se trouver fier, en fait, d'avoir rompu la longue tradition des Malefoy. Une tradition qui tenait plus de la malédiction.

Hermione interrompit ses réflexions en lui demandant de vérifier encore une fois si la liste de leurs fournitures était complète. N'avaient-ils pas oublié un bagage ? Où était le balai de Scorpius ?

Drago la regardait faire sans vraiment l'écouter, se laissant porter par le flot de son babillage, savourant l'instant, sa spontanéité, sa présence. Elle finit par se rendre compte qu'il restait planté là sans rien faire et le dévisagea :

– J'ai quelque chose sur le visage ? Je te rappelle qu'on est en retard !

– Je t'aime, répondit-il.

Cela eut le mérite de la prendre au dépourvu. Et il adorait ça. Elle rougit, et pour la peine le gratifia d'une tape sur l'épaule :

– Ils arrivent.

Drago se retourna. Harry et Ginny Potter étaient là, avec leurs enfants. Drago les salua d'une poignée de main, tandis qu'Hermione embrassait tout le monde chaleureusement. Dès lors, Drago préféra demeurer en retrait de la conversation. Il souriait poliment, et appréciait les efforts de Ginny Potter pour lui adresser la parole, mais l'amitié qui unissait Harry à Ronald Weasley et Ginny à son frère leur interdirait toujours de se montrer plus que formels à son égard. Ils n'en avaient jamais parlé, mais tous l'avaient compris, et c'était mieux ainsi. Drago n'avait jamais vraiment réussi à se sentir à l'aise en compagnie de Potter, de toute façon.

Etrange, quand on connaissait l'identité de celle qui partageait sa vie.

Pressant l'épaule d'Hermione, Drago lui glissa à l'oreille :

– Astoria est là. Je vais prévenir Scorpius.

En bon Malefoy, il s'échappa des retrouvailles avec la famille Potter et bénit silencieusement Astoria pour son arrivée. Entraînant son fils avec lui, il consacra les minutes suivantes à prendre des nouvelles de son ancienne épouse, qui avait retrouvé le bonheur, elle aussi, auprès d'un Sang-Mêlé du Ministère.

Du coin de l'œil, Drago aperçut Rose, qui s'était esquivée depuis l'instant où ils étaient entrés dans la gare. Elle lui faisait face à présent, et ne fuyait pas son regard. Avec le temps, elle était devenue une jeune fille élancée à la chevelure rousse caractéristique. Elle se déplaçait cependant avec une assurance dans sa posture, dans ses gestes, qui trahissait presque l'arrogance naturelle des Malefoy. Elle avait consacré son adolescence à exprimer son mépris pour les choix de sa mère et envers son beau-père. En conséquence, elle avait fini par adopter, inconsciemment, l'attitude de ceux qu'elle détestait le plus. Drago ne put s'empêcher de sourire de cette ironie.

A Coeurs Perdus (Dramione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant