Le Metro

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Bonjour à tous ! J'espère que ce début vous plaira =)

Je viens de m'inscrire alors laissez-moi un petit mot d'encouragement ;D

Bonne lecture !

Nat'

XXX

L'escalier plongeait dans la lumière maladive des tubes cathodiques. On aurait pu croire qu'une vie souterraine aurait apporté l'obscurité, mais non. La lumière écrasait tout. Elle pourchassait l'ombre dans ses moindres recoins, exposant la crasse, les boutons, la graisse des cheveux, la décrépitude générale de l'endroit.

Dieu que Drago haïssait le métro.

Arrivé au bas des marches, un labyrinthe de corridors s'offrit à lui. C'était vaste, ouvert, carrelé de blanc. Tout pour faire oublier que l'on se trouvait à dix mètres sous terre, au milieu des égouts, des rats, des conduites d'eau, de gaz, d'électricité, des milliers de secrets qui pourrissaient sous la ville, et la ville elle-même, au-dessus de nous, palpitante, lourde et moite. Un souffle d'air traversait les couloirs comme mû d'une volonté propre, comme les vapeurs toxiques qui s'échappent d'un tombeau ou d'un sarcophage, scellé depuis des millénaires.

Drago respirait ces effluves de vie, de puanteur et de mort. Décidément, ses pensées se faisaient de plus en plus charmantes. Ce devait être encore un de ses bons jours...

Très vite, la foule le rejoignit. Il n'aimait pas l'idée que c'était lui qui rejoignait la foule. Les moutons, la masse. Comme une colonie d'insectes fous qui ne savaient rien faire sinon courir vers un but dérisoire. Drago était un brin misanthrope.

Arrivé sur le quai de la station Euston Square, il prit son mal en patience en laissant ses yeux se balader sur les affiches publicitaires, sur le mur d'en face. Une comédie musicale. Une banque. Une affiche de film. Le papier s'agita d'un léger frémissement et alors, Drago discerna les réclames du monde sorcier, par-delà le papier Moldu. Il y avait un message du Ministère de la Magie encourageant les sorciers au vote, le 26 mai prochain. Drago plissa le nez de dédain. Comme si personne ne savait que Shacklebolt allait être réélu. A côté du logo du Ministère et des visages souriants de la famille sorcière modèle, l'œil était inéluctablement attiré par une affiche chatoyante, explosive, un bombardement de couleurs dans ce monde terne qu'était le métro de Londres. La boutique de farces et attrapes de George Weasley.

Là aussi, Drago détourna les yeux. Plus pour échapper à de vieux souvenirs qu'aux couleurs insurmontables de l'affiche. Son cerveau voulut penser, mais il l'en empêcha. Il avait toujours été très doué à ce petit jeu. Trop doué.

Sa bouche se tordit d'un pli amer : « Bien, Drago. Vas-y, continue, apitoie-toi sur ton sort. Ça t'a toujours tellement aidé à aller mieux ».

La conscience d'être dur envers lui-même fit taire la voix dans sa tête. Mais trop tard, le mal était fait. Le sentiment familier s'était de nouveau coulé en lui ; il n'y avait plus rien à faire. Il avait retrouvé le sillon qui s'était formé jusqu'à son cœur, à force d'épreuves. Ce n'était pas de la tristesse. Ç'aurait été trop facile. La tristesse, on pleure, on hurle un bon coup, et on peut la vaincre. Lorsque les yeux débordent de larmes, parce que le cœur déborde de chagrin, on peut ouvrir une écluse et rééquilibrer le flux. Mais ce que Drago ressentait était pire. C'était une maladie qui le tuait à petit feu. Celle qui avait inspiré tant de romantiques au XIXe siècle, amoureux de la mort et fascinés par son baiser. La Mélancolie.

Drago eut un autre sourire, amusé cette fois, à la pensée que ce mot avait pris un sens bien innocent aujourd'hui. Pourtant, qui devenait l'esclave de la Mélancolie sentait le bonheur se retirer de la moindre parcelle de ses os.

A Coeurs Perdus (Dramione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant