Chapitre 2

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4 septembre 2016, 6h30

PDV Ethan

J'avais finalement passé la nuit avec Juliette. Autant dire que je n'avais pratiquement pas dormi. Elle enchaînait les cauchemars et même quand elle dormait, elle n'avait plus ce sourire qui l'habitait auparavant. Elle avait échangé son air serein, heureux contre ce visage grave, fatigué. J'étais là, assis en tailleur sur le sol de sa chambre et je la regardais dormir. C'était comme une torture, je la voyais là au fond du trou et je ne pouvais rien faire pour la sortir de là. En 1 an et demi j'avais tout essayé mais rien ne lui redonnait le sourire. J'avais tout fait. Mais ce n'était pas assez. Et maintenant, je suis là, sans savoir quoi faire, sans savoir quoi penser. La psy voulait l'envoyer à l'hôpital. Jusque-là, je m'étais toujours opposé à cela mais aujourd'hui, je ne sais plus. Est-ce que ce ne serait pas mieux pour elle ?

Je me suis levé discrètement lorsque j'ai entendu les pleurs discrets de ma mère. Elle ne pleurait jamais devant nous. Mais je savais bien qu'elle craquait de temps en temps. Elle nous le cachait mais je l'entendais tous les soirs. Ça me brisait un peu plus à chaque fois.

Quand elle m'entendit descendre, elle se leva pour aller dans la salle de bain, pour sécher ses larmes je suppose.

Je suis parti à 7h au lycée, histoire d'arriver assez tôt pour finir de préparer mes cours de la journée.

Et, évidemment, il n'y avait qu'une seule personne en salle des profs à cette heure-là... Maillard, bien sûr. J'ai lancé un « bonjour » de politesse, auquel il répondit par un regard froid. Il cherchait une réplique cinglante mais il n'a pas dû trouver puisqu'il se reconcentra sur ce qu'il était en train de faire.

Une demi-heure après, un autre prof est arrivé. Je ne l'avais pas vu hier.

Fais pas le con, ne te mets pas encore quelqu'un à dos le deuxième jour

... : « Super l'ambiance ici » Il a ri en nous voyant assis chacun à un bout de la table, s'échangeant un regard assassin. Ouai, assassin c'est le mot. J'avoue être assez rancunier, mais Maillard, en face, avait le même genre de caractère, peut être aussi pourri que le mien.

... : « Moi c'est Louis, prof de sport ». Il me tendait la main.

Moi : « Ethan, maths »

Louis : « Tu as les S1 non ? » Il se mit à rire de plus belle.

Moi : « Oui.. Pourquoi ? » Je le regardais d'un air interrogateur.

Louis : « Les filles de S1 : le beau gosse de maths par-ci, le beau gosse de maths par-là » Il était mort de rire, moi aussi.

Maillard nous dévisageait, avec son air de ... Ouai, nan j'arrive même à décrire son air. Genre les sourcils froncés, le regard noir, la bouche neutre mais sans aucune crédibilité.

Moi (à Maillard) : « Quoi ? »

Maillard : « Pathétique »

J'avais encore cette petite voix en moi qui me disait de ne pas m'énerver, de penser à autre chose, de passer au-dessus. Mais je suis comme ça, je m'énerve un peu vite, il faut le reconnaître. Mais cette fois, Louis me précéda.

Louis : « Vaux mieux être connu comme le beau gosse de service plutôt que comme le vieux qui pue de la gueule ».

Je ne pus de retenir d'éclater de rire. Je ne m'y attendais vraiment pas. Bon, il n'avait pas l'air d'être beaucoup apprécié ici ce Maillard.

Et puis une autre prof est arrivée en lançant un « bonjour » quasi inaudible. Elle ne se présenta pas, et ressortit aussi vite qu'elle était entrée, sans même prêter attention à nous. Je la suivais du regard et Louis m'informa « Sandra, anglais ». Je riais, j'avais l'impression d'avoir, vous savez les talkies walkies qu'on vous donne quand on visite les musées (j'ai oublié comment ça s'appelle) et quand vous voulez savoir un truc vous taper le numéro et on vous donne les infos. Louis était mon talkie-walkie et à chaque fois qu'un prof entrait et ne se présentait pas, il me donnait l'info, et pour aucune raison valable, je rigolais devant son air d'espion américain.

Bleeding out (Relation prof/élève)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant