Chapitre 51

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PDV Ethan

Quand j'ai passé le portail de la maison où j'avais grandi, je suis en effet tombé sur la voiture de Mathieu. En descendant, j'ai envoyé un petit message à Elena avant de gérer les problèmes de mon meilleur ami : « Fais chier ce petit Mathieu quand même, tu me manques déjà ... ». Alors que je verrouillais mon portable, j'entendais la voix de Mathieu me dire « coin coin ». Je mourrais d'envie de tout lui raconter ... Au final, jamais il n'irait pas nous balancer, alors pourquoi lui cacher ? D'autant plus qu'il risquait de mal prendre le fait que Sam, lui, soit au courant. Mais j'avais donné ma parole à Elena et je devais m'y tenir, et au moins lui en parler avant.

Je suis entré alors que mon meilleur ami racontait sa vie à ma mère.

Moi : « Ok Math, pause, rembobine, reprends depuis le début. Merci »

« Salut m'man » ajoutai-je en la prenant rapidement dans mes bras.

Math : « Etth' tu sais que j'aime pas raconter deux fois les mêmes trucs, tu peux pas prendre le train en marche ? »

Moi : « Fallait pas commencer à ouvrir ta grande gueule sans moi »

« Ethan. Langage » me réprimanda ma mère, comme lorsque j'avais dix ans de moins.

J'ai levé les yeux au ciel et MAthieu répondit : « Ok. Contexte : mon frère et mon père, énième dispute, je n'ai même pas eu envie de leur demander pourquoi ça gueulait. Je débarque avec Ana, vive les présentations.»

Moi : « C'était la première fois qu'elle les voyait ? »

Math : « Yep. Je te jure, super première impression. Ma mère était hyper mal à l'aise du coup, elle essayait de les calmer mais tu les connais, ça empirait juste ... »

Ma mère : « Pauvre Myriam ... Elle a su apaiser la situation ? »

Math : « J'en sais trop rien, je me suis barré, j'ai montré la maison à Ana et quand on est descendu, Jules était parti »

Moi : « Et après ? »

Math : « Ma mère parlait à Ana, lui posait des questions et tout mais mon père était hyper froid, en colère et ça m'a saoulé alors j'ai essayé de savoir ce qui c'était passé et j'avoue lui avoir fait quelques réflexions, qu'il n'a pas bien pris du tout donc il s'est énervé contre moi et c'est parti en dispute »

Il fit une petite pause pour prendre une gorgé du café en face de lui et continua en baissant le regard : « Ca m'a vraiment saoulé. Il m'accusait de toujours être du côté de Jules alors que c'est complétement faux, je savais même pas pourquoi ils s'embrouillaient, je leur en voulais à tous les deux d'avoir fait foiré le week-end. J'aurais fait exactement les mêmes réflexions à Jules s'il avait été là. Enfin, si on est honnête, j'ai un peu fait foiré le week-end moi aussi, j'aurais pu ne rien dire à mon père et ça aurait pu très bien se passer ... »

Ma mère : « Ne mets pas la faute sur toi fiston, tu n'es pas responsable de la mauvaise humeur de ton père et des histoires de famille. »

Le « fiston » de ma mère me fit sourire, Mathieu était comme mon frère, et à force de passer ses journées, ici, chez mes parents, depuis qu'on sait marcher, ma mère le considérait un peu comme son fils. D'autant plus que Myriam, la mère de Math et elle se connaissent depuis très longtemps, et sont d'ailleurs un peu comme des sœurs elles aussi, même si elles se voient moins souvent depuis quelques temps ... J'ai toujours été le bienvenu chez eux, je pouvais m'incruster un peu quand je voulais mais c'est vrai que les choses étaient un peu plus tendues à cette époque chez eux. Personne ne sait vraiment quand la guerre froide entre Jules et son père a commencé, ni même pourquoi. Mais c'est pesant pour toute leur famille, et particulièrement pour Mathieu. Je le regardais analyser les paroles de ma mère, le visage fermé. Je n'aimais pas le voir comme ça, le voir se sentir coupable face à une situation qu'il ne pouvait pas contrôler mais je savais très bien que ça lui faisait du bien de parler à cœur ouvert, d'ouvrir la soupape avant que la cocotte-minute n'explose. Derrière sa bonne humeur à toute épreuve, sa façon de prendre les choses à la lègère, il cache une part de souffrance, comme chacun d'entre nous. On ne sait jamais ce qu'il y a dans la tête des gens, même ceux dont nous sommes le plus proche. Tout le monde souffre de quelque chose, peu importe la facilité avec laquelle ils nous le cachent. Chacun affronte ses propres démons.

Bleeding out (Relation prof/élève)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant