Chapitre 21

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Vendredi 18 septembre 2015

Une personne qui ne m'aime pas et qui est en allemand ? Améééélia ! Pas de doute ! En plus, tout s'explique : elle envoie pleins de photos de Parker et moi parce qu'elle est hyper jalouse et elle a envoyé la photo qui m'a fait rompre avec Thomas, uniquement parce qu'elle me déteste. Je ne sais pas pourquoi on se déteste autant d'ailleurs. Je veux dire, bien sûr que je sais pourquoi je ne l'apprécie pas, ça saute aux yeux, elle représente tout ce que je n'aime pas chez quelqu'un : l'égo surdimensionné, le sentiment de supériorité, son côté méprisant, l'égoïsme total ... Et j'en passe ! Mais en temps normal, quand je n'aime pas quelqu'un, je me contente de ne pas lui parler, de laisser chacun vivre sa vie de son côté. Avec elle, c'est différent. Je ne peux pas m'empêcher de l'insulter mentalement, de lui renvoyer un regard tout autant dédaigneux que le sien quand elle pose les yeux sur moi ou encore de me foutre ouvertement de sa gueule. Et le pire, c'est que je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas ce qui me pousse à agir de la sorte envers elle, surtout cette année.

Bref, passons aux choses sérieuses. Il fallait absolument que je trouve un moyen de la prendre à son propre jeu. J'avais plein d'idées en tête, mais aucune n'était à la hauteur. Je voulais une vengeance, une vraie. Le genre de truc qui lui passerait l'envie de recommencer. J'avais besoin de temps, il fallait donc que j'entre dans son jeu. J'étais en train de réfléchir à ce que je pourrai envoyer comme réponse à mon inconnue (plus trop mystérieuse) quand la cloche a sonné, annonçant l'heure de la pause ... Il n'a suffi que de quelques minutes pour que les couloirs, précédemment totalement vides, se remplissent d'une horde de lycéens, qui se précipitaient dehors.

J'ai donc retrouvé le reste de la bande, remettant à plus tard la mise en place de ma « vengeance machiavélique ».

Juste avant d'entrer en histoire, mon téléphone a vibré. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que j'avais peur de la sonnerie de mon portable. A chaque fois que l'appareil annonçait l'arrivée d'un nouveau message, je ressentais une appréhension énorme, une mini-tachycardie de stress et j'osais à peine regarder l'écran.

Mais cette fois, c'était un message de mon père : « Demain, ta marraine nous emmène au match de basket de Rebecca, ça fait longtemps qu'on ne l'a pas vu jouer et elles nous ont invité. Je sais que tu leur en veux encore, mais je crois qu'il est temps de passer à autre chose, et ça compte beaucoup pour elles de passer un moment avec nous. J'espère que tu accepteras de venir. J'ai beaucoup de boulot ce soir, je risque de rentrer tard, ne m'attend pas, à demain, je t'embrasse. Gros bisous. »

Super. Je n'avais aucune envie de les voir. Rebecca est la fille de ma marraine. Marraine qui est une amie de mes parents, elle était très proche de ma mère, mais peu de temps avant sa mort, elles s'étaient beaucoup éloignées. Cette femme n'a pas daigné accompagner ma mère dans la maladie, ne l'a pas écoutée, n'a pas pris soin d'elle comme on se doit de le faire pour sa meilleure amie. Au fond, ce n'est pas vraiment pour ça que je lui en veux, parce que chacun réagit différemment face à la maladie d'un proche. Elle a surement eu peur, comme nous d'ailleurs, mais elle n'a pas su réagir de la même façon. Tout ça pour dire, que le problème est venu après, à l'enterrement, quand elle a affirmé avoir été aux côtés de ma mère jusque son dernier souffle, plus que n'importe qui. La blague ! Un des regrets de ma mère, juste avant son décès, c'était de s'être éloignée de son amie, et elle, qui clamait haut et fort qu'elle était la confidente parfaite !

Repenser à la mort de ma mère et à ma marraine a fait remonter en moi un sentiment de tristesse mais aussi de la colère. J'essayais de le cacher aux autres mais l'heure de maths approchait et je savais que Parker avait un don pour me faire sortir de mes gonds...

Bleeding out (Relation prof/élève)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant