Chapitre 34

6.6K 211 169
                                    


(Je suis de retour les gars !!)

Lundi 4 octobre 2015, 7h35

PDV Ethan

Comme tous les matins, je suis arrivé dans les premiers. La course à la photocopieuse, c'est pire que Hunger Games, je vous jure. Il y avait Louis et quelques profs que je ne connaissais pas qui attendait. Et bien sûr, un peu plus loin dans la salle, en train de siroter son café devant des copies d'histoire, Maillaaaaaaaaaard. Je suis allé vers lui, après tout, on se souvient tous de vendredi dernier ... J'étais de bonne humeur, énervé (dans le bon sens du terme) ce jour-là et je l'avais plus ou moins envoyé chier. Bref, j'avais l'intention de calmer les choses. J'ai lancé un « Bonjour » qui a signé un vent monumental. Même pas un regard.

J'ai mis quelques minutes avant de commencer à parler. Je ne savais pas si je devais le tutoyer ou le vouvoyer. Je disais « tu » à tous mes collègues, mais avec lui, je ne savais jamais. Mais bon, quand on joue la réconciliation, vaux mieux peut-être miser sur la sympathie, et le côté « ami-ami » du tutoiement ? Arrête de réfléchir, mec, t'y connais rien en réconciliation, tu as même réussi à t'embrouiller avec ton chien quand t'avais à peine dix ans. Ouai, pas faux.

Après un moment de flottement, j'ai fini pas dire : « Ecoute, je suis désolé si j'ai fait ou dit quelque chose qui t'a blessé ou énervé... On a tous les deux nos tords dans l'histoire et puis je reconnais que je m'énerve un peu vite. C'est dans mon caractère, c'est comme ça, j'ai le sang chaud comme on dit »

J'ai souris, pour essayer de détendre un peu l'atmosphère. Je cherchais même une petite blague mais Maillard m'a interrompu : « Tu pourrais me laisser travailler ? »

Moi : « J'essaie juste d'enterrer la hache de guerre, histoire de ne plus se fusiller du regard dans les couloirs »

Maillard : « Je fusille du regard qui je veux, c'est certainement pas quelqu'un comme toi qui va me dire quoi faire ! »

Moi : « Quelqu'un comme moi ?! Et ça veut dire quoi ça ? »

Il m'a regardé de haut en bas, en disant : « Je ne sais pas exactement mais regarde toi dans un miroir tu devrais comprendre »

J'avais envie de lui répondre « un beau gosse ? » mais je crois pas que ça l'aurait fait rire et sur le moment j'étais trop vexé pour rigoler. J'aime pas quand les gens commencent à parler avec des « quelqu'un comme toi ». Je sentais l'adrénaline monter, vous savez cette sensation quand vous commencez à vous énerver et que plein d'arguments se bousculent dans votre tête ? Je dois avouer que j'adore cette sensation. Je sais ce que vous vous dites : Putain, il est chelou ce gars. Oui, je le reconnais. La fréquence cardiaque qui augmente, la pression artérielle aussi, les poings qui se resserrent, la mâchoire qui se contracte... D'ailleurs, attention étalage de culture, tout ça est contrôlé dans notre cerveau par ce que l'on appelle le système sympathique. Ha ha ha. C'est quand même paradoxal non ?

Bref, j'étais en train de me dire, comme l'a dit Hubert Bonisseur de la Bath avant moi « J'aime me battre ». Ou plutôt, j'aime bien être énervé, c'est légèrement différent. Mais j'assume tellement pas les conséquences ... C'est ça le problème quand on est trop impulsif. Du coup, en grandissant, j'ai appris à fuir quand les problèmes arrivaient. Genre en plein milieu d'une dispute, ma conscience dit un truc du style « Oulà mec tu vas dire un truc méchant, casse toi ».

Tout ce monologue pour dire qu'il y a avait duel dans ma tête à ce moment-là. Une partie avait envie de remettre Maillard à sa place avec ses airs supérieurs et l'autre me disait de ne pas mettre d'huile sur le feu. Surtout qu'à la base, j'étais venu pour remettre les compteurs à zéro.

Bleeding out (Relation prof/élève)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant