Chapitre 1

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Il était une fois...

Un prince et une princesse...

Vraiment?
Ça, c'est le monde des bisounours. Et moi, je ne fais pas partie de ce monde.
En tout cas, pas depuis qu'ils ont tué Anna.
D'ailleurs, depuis qu'elle est morte, tout à changer.
Rien n'est plus pareil.

Le matin, elle n'entre plus par ma fenêtre pour me réveiller et me dire me bouger pour qu'on soit à l'heure au lycée.

Elle n'est plus là pour me remonter le moral. Je me souviens, quand j'allais mal, je lui envoyais un texto et elle débarquait dans la seconde avec une tonne de série à l'eau de rose et un paquet de chamalow. Moi c'était pas trop mon délire mais bon ça lui faisait tellement plaisir, que je finissais par y prendre goût.

Elle n'est plus là pour animer les repas à la cafétéria. Quand je me rappelle dans quel état on finissait les jours d'été. C'était toujours elle qui commençait et on finissait les carafes sur la tête, le self inondé de nos conneries.

C'était le bon vieux temps...

Je suis bien consciente que habituellement, ce genre de phrase, on a plutôt tendance à les sortir quand on a plus de 70 ans et que nous sommes face à nos petits enfants complètement bouche bée lorsque nous leur racontons notre enfance. Mais à croire que certains psychanalystes ont raisons quand ils disent que certains événements traumatisants peuvent faire grandir les personnes atteintes.

A oui! Et avec qui je vais être dans la chambre à la fac? Hein? Qui? Je vous le demande, qui?
Tout ce que je sais, c'est que ça ne sera pas Anna.

Je crois...
Je crois que les gens ne peuvent s'imaginer toute la haine qui est en moi.
Et encore, c'est un petit mot pour décrire ce que je ressens.

J'ai perdu, ma soeur, ma meilleure amie, ma confidente, ma vie, une partie de moi...
J'ai perdu la personne qui m'était la plus chère au monde.

Ce sentiment qui m'envahit est tel une tumeur se développe dans un corps. Cela se propage à une vitesse. Et atteint chaque organe, chaque partie de mon corps.

.

- Emily! Réveille toi!

J'entends ma mère hurler du bas des escaliers, il faut admettre que c'est moins agréable comme réveil.

- J'arrive! Répondis-je à moitié endormie.

Rassemblant la totalité du courage qui me reste, je cherche la force de me lever.
Je me redresse et pense alors avoir réussi à me lever, mais je me relaisse tomber sur mon lit, la tête dans l'oreiller.

- Je ne vais jamais y arriver! Hurlais-je à moitié étouffée dans mon oreiller.

-Moi j'y vais à ce soir Emily! Hurle une nouvelle fois ma mère.

Une fois que j'entends la porte claquée, je réunis assez de courage en moi pour sortir de mon lit.
Un léger frisson parcoure mon corps. A vrai dire, mon pyjama n'est plus trop adapté à la saison.

Un grondement provenant de mon estomac me sort de mes pensées. Me rappelant au passage, le plat surgelé de ma mère, qui une fois dans mon assiette, a fini à la poubelle.
De plus, vu mon odeur, j'ai sûrement aussi dû faire impasse sur la douche.

8h56

Ma première heure de cours est déjà bien entamée alors, à quoi bon se presser? Autant que j'aille prendre ma douche tranquillement.

Une fois propre, extérieurement parlant bien sur. Oui parce que intérieurement, je me sens sale.
Je me sens moisir petit à petit.
Pourrir.
Je me décompose.
Tel un cadavre dans sa tombe.
Je pourris telle une pomme noircie au contact de l'air.
La plus grande partie de mon coeur qui lui était réservée est à présent vide. Un vide dans lequel tout mon bonheur est aspiré. Dans ce trou noir sans fond dont l'infini dépasse toutes les frontières, je me sens partir, partir si loin que je ne peux revenir.

Je me sens vaciller... Avant de totalement m'effondrer, je me raccroche à la barre en marbre des escaliers. Le voile flou qui arrive peu à peu dans mes yeux, commence à partir et mes jambes à ne plus trembler. En me concentrant pour ne pas faire un malaise en plein milieu des escaliers. Je descends les dernières marches restantes.

Remarque, si je m'évanouis dans les escaliers et tombe la tête la première, peut être que j'y resterai ? Non, mais à quoi je pense sérieusement ? Je ne peux pas fuir. Je lui ai fait une promesse. Et les promesses ne sont pas faites pour être brisées, il faut les tenir.

Sur le buffet de la cuisine, ma mère m'a déposé un mot soigneusement écrit, comme lorsqu'elle m'informe qu'elle ne rentre pas pour dîner.

"Emily, si tu lis ce mot c'est que, dieu merci! Tu es enfin réveillé! Mis à part cela, je t'ai laissée une pomme et de quoi manger ce midi. Je ne rentrerai pas avant tard le soir, alors ne m'attends pas pour dîner. Et pour ce qui est de ton père, il restera tard au bureau se soir. Donc pourras-tu récupérer ta sœur à l'école s'il te plait? Aller, dépêche toi, tu vas être en retard! N'oublie pas de manger un bout et de prendre une douche!

Bisous Maman"

Apparemment, je n'avais pas tort...
Et en plus je dois aller chercher May à l'école ! A croire que je suis plus utile que ce que je ne croyais.

RevengeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant