Chapitre 3

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Les cheveux dans le vent et la chaleur sur mon visage, je me sens revivre. Le vent souffle dans les épis de blés dorés. Ils se balancent de gauche à droite donnant l'impression qu'ils dansent au rythme de la brise. Les oiseaux chantent dans les branches des arbres. Les nuages glisse t dans le bleu du ciel.
De loin, certains auraient pu me comparer à un spectre avec mes yeux brillants et mon teint encore pâle à cause du manque de sommeil. Je repensa alors à tous ces moments passés ici avec elle.

" -Aller dépêche toi!

-Ça va, j'arrive! Mais... t'es vraiment en train de te rouler par terre? Mais que vais-je faire de toi! Répondis-je à Anna d'un air désabusé.

-C'est bon, rigole un peu! Me dit-elle en se jetant  sur moi pour me faire tomber.

Après plusieurs roulades dans le champ, qui d'ailleurs, pouvaient faire penser à un match de rugby, Anna et moi étions allongés sur le sol, peinant pour reprendre notre respiration. Notre souffle saccadé s'accordait parfaitement avec le chant des oiseaux et la brise légère du vent.

-Tu penses que cela va durer? Lui demandais-je après plusieurs minutes de silence.

-Mmmm, ça dépend. Si tu parles du réchauffement climatique, je dirai que oui, mais si tu parles de mes bonnes notes, je dirai que non malheureusement. Rigola-t-elle.

-Non, je parle de ça. De ce moment avec toi, de notre amitié, de tout. De cet instant.

-Je ne sais pas... En tout cas, je ne saurai pas te dire si cet instant dura. A vrai dire,  personne ne sais combien de temps dure un instant. Mais ce que je sais, c'est que nous deux, c'est pour la vie. De toutes façons je ne pourrai pas vivre sans toi, parce que ma vie, c'est toi. Et puis, qui mangerait des chamalow avec moi en regardant des séries que tu qualifies de séries abrutissantes?

-Ça c'est clair que personne d'autre n'arrivera à te supporter. Rétorquais-je morte de rire.

-Et! Cria-t-elle en me frappant.

Et nous revoilà parties dans un fou rire interminable. Le pire c'est que son rire est communicatif, elle rigole, je rigole. S'en suit alors, un long fou rire interminable.

-Alors, ça avance avec ton prince charmant? Me demanda-t-elle les yeux brillants, s'imaginant déjà dans un conte de fée.

-Ne l'appelle pas comme ça ! Je le déteste, il est prétentieux et détient un ego sur dimensionné ! Je ne sais pas comment il fait pour mettre un pull avec le melon qu'il a.

-Arrête, je suis sûr tu le kif. De toute façon on ne peut pas détester autant quelqu'un sans l'aimer au fond de sois.

-Euh, je ne voudrais pas te vexer mais je pense que tu devrais travailler tes phrases philosophiques ou au moins faire en sorte qu'elles aient un sens.

-Ce que je veux dire, c'est que je suis persuadé qu'au fond de toi, mais vraiment au fond toi, tu lui portes un minimum d'intérêt.

-Alors là, tu rêves. Dis-je en levant les yeux au ciel.

Le prétendu prince charmant dont Anna parle, c'est Liam, un gars qui vient lui aussi s'entrainer à la salle de boxe. C'est le genre de gars qui fait 1m90, qui est musclé comme... comme pas possible quoi, et qui est beau comme un dieu. Dommage que sous l'emballage il ne soit qu'un mec prétentieux et abus de lui-même. Du haut de ses 19 ans, monsieur se prend pour le mettre du monde et souhaite que tout le monde lui obéisse au doigt et l'oeil. Non mais oh? Il se prend pour qui au juste?

-Et toi ça s'arrange avec ton frère? demandai-je.

- Je sais pas ce qu'il a en se moment. Il part tôt le matin et rentre tard le soir, je ne le vois jamais. Et quand j'essaye d'engager la conversation, il me fuit et prétend qu'il a autre chose à faire. Je te jure, si ce n'était pas mon petit frère !

-T'inquiète pas je suis sûr que ça va finir par s'arranger. De toute façon, il ne pourra pas te fuir éternellement. Et tes parents ils en pensent quoi?

-Mes parents? Ils en ont rien à faire, ils n'ont même pas remarqué qu'il allait mal. Ils sont persuadés que c'est parce que il est en pleine crise d'adolescence et que ça va passer. Ça va passer, mon cul. Moi je le sens bien qu'il y a un problème et qu'il va mal mais il n'est pas foutu de me parler.

-T'en fais pas, ça va s'arranger.

J'espère pour elle. En tout cas je peut pas me plaindre, moi ma petite sur est adorable, enfin, quand elle ne me prend pas mon maquillage pour maquiller ses poupées ou quand elle ne me prend pas mes fringues pour jouer et me les rends déchirées. Là, j'ai envie de la tuer. Mais bon, Anna elle en bave avec Mathieu. Il lui en fait voir de toutes les couleurs et puis c'est un peu elle qui s'occupe de lui vu que ses parents n'en n'ont rien à faire.

-On est bien là. Dis-je dans un souffle

-Ça c'est sûr. Je voudrai pouvoir arrêter le temps et passer le reste de ma vie ici. Je n'ai pas le courage de penser que dans quelques heures nous reprendrons le cours de notre petite vie monotone et sans intérêt.

- Mais peut-être qu'une petite vie monotone et sans intérêt vaut mieux qu'une vie où tu n'as jamais le temps de te poser et de voir ceux que t'aime. Suggérai-je.

-Peut-être. Mais pouvons nous en être sûr ? Être sûr que nous ne sommes pas en train de passer à côté de notre vie. Notre vraie vie. Celle qui nous attend. Une vie pleine d'aventures et d'intrigues, de mystères et de questions. Une vie qui vaut d'être vécue, quitte à vivre les montagnes russes et les hauts et les bas. Au moins là, je pourrai me dire, voila, la vie n'a peut-être pas été toute rose, mais au moins, j'ai mordu la vie à pleines dents.

-Tu as sûrement raison, mais avons-nous le choix? lui répliquai-je.

Elle ne répondit pas. Alors j'enchainai:

-Tu penses vraiment que nous avons la possibilité de tout changer? De remettre les compteurs à zéro et de tout recommencer? Non, mieux vaut ne pas y croire. Cette vie, on est dedans, et on est pas près dans sortir. C'est comme ça et on y peut rien. Vois-tu, on ne choisit pas notre vie, c'est elle qui nous choisit. Et elle n'offre pas de billet retour ou de seconde chance.

-Ce que tu peux être négative parfois! Me lança-t-elle. Je te signale qu'on n'a pas soixante ans, on peut toujours changer le cours de notre avenir. Nous sommes seul maître de notre destin."

Je me souviens qu'à ce moment là, j'étais rentrée chez moi la tête pleine de questions. Sans pour autant y trouver une réponse. Ce qu'elle m'avait dit m'avait touché au plus profond de mon être. J'avais enfin compris ce qu'elle peinait à m'expliquer depuis tant d'année. Elle m'avait donné envie d'y croire. De croire que personne ne déciderai pour moi ou de comment je dois vivre n'y ce que je doit faire. J'ai les cartes en main, il ne me reste plus qu'à jouer.

Le pire c'est qu'elle avait raison. Ma vie a changé du tout au tout. Du jour au lendemain. Dommage que l'élément déclencheur n'est été sa mort.

RevengeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant