Revenge

Chapitre 8

Dans le téléphone, il n'y a que deux messages. Tous deux envoyés d'un numéro masqué:

"755 Jefferson Street, North Side Park à 8h"

"250 000$ reçu."

250 000$ ? Mais d'où peut bien venir ce fric? En tout cas ce qui est sûr, c'est qu'Anna n'a jamais possédé une somme pareil! Et puis qui est-ce qui a envoyé ce message? Pourquoi est-elle le destinataire? Et le mot "reçu" signifie-t-il que quelqu'un a récupéré cette somme d'argent?

Tellement de questions se bousculent dans ma tête. Tellement de question sans réponse.

Bon, je dois essayer de me calmer et de réfléchir posément. Réfléchissons. Si j'en croie l'adresse indiquée par le premier message et le lien que je peux établir avec le deuxième message, on parle  peut-être de quelqu'un qui est chargé de récupérer cet argent à cet endroit. En tout cas, c'est ce qui me paraît le plus logique. Ou juste le moins improbable. Pour moi c'est le seul scénario possible et la seule explication que j'ai trouvée à ces deux messages. Mais ce n'est pas pour autant que je comprends tout. Il me manque tellement d'élément pour pouvoir interpréter ces SMS d'une autre manière.

Qui avait envoyé ces messages? Étaient-ils vraiment destinés à Anna? D'où pouvait sortir ces 250 000$?

Tout ça n'est pas clair, mais je compte bien comprendre ce que cela signifie.

Je mets le portable dans mon sac, prends mes affaires puis pars après avoir dis au revoir au Jones.

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Ma mère a posé une robe sur mon lit. Elle est noir, avec de la dentelle sur les manches, cintrée à la taille et s'arrête au dessus des genoux. Je ne porte que très rarement des robes. D'ailleurs de là où elle est, Anna dois sûrement rigoler de la situation.

J'ai passé toute la nuit à penser à tout ce que j'ai pu découvrir ces derniers jours. Le téléphone prépayé, les messages, le numéro de portable... J'ai ressassé ça toute la nuit, me tournant de gauche à droite dans mon lit en essayant de trouver le sommeil. Alors forcément, n'ayant dormi que quelques heures, ce matin, je fais peine à voir. Je tente tant bien que mal de camoufler mes cernes et mon teint blafard avec du maquillage. Et après plusieurs tentatives pour ressembler à quelque chose de correct je me dis que ça fera l'affaire.

J'enfile la robe et me regarde dans le miroir.

Anna me répétait constamment de me mettre plus souvent en robe. Elle m'avait vu une fois en porter une, lors d'une soirée organisée par le lycée, depuis elle affirmait que j'étais vraiment canon avec une robe et que je devais en mettre tous les jours. Mais bon, elle était plutôt mal placée pour me dire ça car elle n'ont plus n'en mettait jamais.

Lorsque je vois mon reflet dans le miroir, je me dis qu'après réflexion que ce n'est pas si catastrophique que ce que j'aurai pu imaginer. Mes cheveux bruns tombent en cascades sur mes épaules, mes paupières sont recouvertes de fard à paupière doré, mes cils de mascara, mes lèvres d'un rouge à lèvre mat rose pâle et mes ongles d'un vernis noir. Et aux pieds, je porte de simples escarpins noirs. Pour tout vous dire, je suis plutôt fière de moi, je me trouve jolie, ce qui est assez rare.

En bas des escaliers, tout le monde est près. Tous vêtu de noir. Je n'aime pas trop cette couleur. Pour moi elle est symbole de tristesse, de souffrance et de mort... Remarquez, c'est pour cela qu'on l'a porte à des enterrements. Mais moi je connais Anna. Je sais très bien qu'elle aurait préféré un enterrement avec de la bière, de la musique électro, des gens en jean et t-shirt, des projecteurs, de l'ambiance et de la joie de vivre. Anna n'aimait pas les gens triste, elle disait que la vie était trop courte pour qu'on est le temps d'être triste. Qu'il fallait profiter. Elle qui avait toujours un sourire communicatif sur le visage, aujourd'hui elle n'est plus là. Comme quoi, la vie peut être paradoxal. Mais à quoi bon ressasser le passé? Anna n'est plus là et rien ne pourra la faire revenir.

Le cimetière était à 20 minutes en voiture de chez nous. Quand on arrive, plusieurs personnes sont déjà présentes sur les lieux. Mathieu, Enora et Laurent sont accompagnés de toute la famille Jones au complet. Tout le monde a fait le déplacement. Même les cousins de Caroline du Nord sont là. Je connais une grande partie de la famille d'Anna. A chaque fois que des cousins ou des grandes tantes venaient chez elle, elle me les présentait. Je reconnais aussi mes amis du lycée. Il y a Tom, Jessica et Brandon.

Tom, Anna et moi le connaissons depuis la maternelle. Il est non seulement notre meilleur ami mais aussi un super guitariste dans le groupe du lycée. Il est plutôt grand, il a des cheveux bruns cours, des grand yeux bleus et a la fâcheuse manie de constamment s'habiller pareil chaque jours: un jean, un t-shirt et des baskets. Il dit que c'est pour ne pas ressortir du lot, il veut se fondre dans la masse et en aucun cas attirer l'attention.

Jessica, elle, c'est la bonne copine, celle sûr qui tu pourra toujours compter. Elle est super attentionnée mais parfois légèrement envahissante. Tous les garçons du lycée veulent sortir avec elle mais à chaque fois elle prend un malin plaisir à refuser leurs avances. Elle dit qu'elle préfère rester célibataire et que de toute façon les mecs n'apportent que problèmes. Elle est belle, elle le sait, elle ne se gêne donc pas pour utiliser cet atout. Elle raconte souvent que si dieux l'a faite ainsi, c'est bien dans un but précis. Du coup elle nous sort cette phrase à tout bout de champs. 

Brandon, lui, c'est un garçon calme, sans problème. Il ne veut jamais rien et il ne demande jamais rien. Quand il reste avec nous c'était surtout pour écouter et quand il commence à parler tout le monde l'écouter sans jamais l'interrompre. Il est super doué en informatique. Quand on a un problème avec nos ordinateurs, on sait vers qui aller. Il nous explique alors avec une patience phénoménale le problème que nous avons et nous règle tout en quelques minutes. Avec ses lunettes et ses chemises à carreaux, la plus grande partie du lycée le considère seulement comme le geek de service, mais il n'est pas un geek, il est surdoué. Et ça, les gens ne le comprennent pas. 

A nous cinq on forme une belle bande. Mais depuis qu'Anna n'est plus là, ce n'est plus pareil.

Les Jones m'ont gardé une place devant, à côté d'eux. Je vais m'installer sur la chaise et  mes parents et ma soeur vont derrière. Le curé de la ville récite son texte tandis que moi je ne peux détourner le regard du cercueil qui se trouve sous mes yeux.

Elle est dedans. Rien que de l'imaginer, j'en ai des hauts le coeur.

Lorsque le curé a fini, il appelle Enora pour qu'elle prononce quelques mots. Elle se place devant nous et commence à parler.

Elle a les yeux creusés et la peau pâle. Les larmes lui coulent le long du visage comme si c'était une fontaine et que l'eau coulait goutte par goutte en permanence. On voit à ses bras qu'elle ne mange presque plus. Elle a la peau sur les os. Elle paraît si abattue, si effondrée.

Mais Enora me fait sortir de mes pensées:

-Emily? Veux-tu prononcer quelques mots? Me dit-elle calmement.