Chapitre 7

25 6 2
                                    

-Entre Emily, c'est ouvert!

-Bonjour Enora comment allez-vous? Répondis-je.

-C'est une bonne question. A vrai dire, je l'ignore. Me dit tristement Enora.

-Oui je comprends... Moi-même je ne suis plus capable de répondre à cette question. La réconfortai-je.

Actuellement, je suis chez la famille Jones, les parents d'Anna. Depuis sa mort, je passe souvent les voir. On se soutient mutuellement. Eux, connaissent la Anna sérieuse et responsable, moi, je connais la Anna folle et insouciante. A nous trois, avec son père et sa mère, on tente de maintenir au près de nous le portrait d'une adolescente pleine de vie et je joie.

Je n'ose à peine imaginer la tristesse que doivent ressentir les Jones. Elle était sûrement mille fois supérieur à la mienne et incontestablement plus infinie que celle que nous avions tous. C'était ses parents. Rien de comparable à mon amitié avec elle.

-Bonjour Emily, je suis content de te voir. M'affirme Laurent lorsqu'il arrive dans le salon.

- Bonjour Laurent. Comment va Enora?

-Oh, tu sais, nous avons surtout hâte que l'enterrement passe pour que nous puissions faire notre deuil loin de la presse et des journalistes. Me dit-il d'un air abattu.

-Je comprends. Et Mathieu? Comment il le vit? Demandai-je.

- Il passe tout son temps enfermé dans sa chambre. Complétement exclu du monde dans lequel nous vivons.

A présent j'hésite à leur parler du papier que j'ai trouvé. Ils essayent de tourner la page et de continuer leur vie tant bien que mal et moi je risque de remuer le couteau dans la plaie.

-Je peux aller le voir? Posai-je la question.

-Bien sûr, tu sais où le trouver. M'informe Enora en sortant de la cuisine pour nous rejoindre.

Je me lève du canapé brun, et me dirige vers les escaliers en bois. Je connais très bien la maison des Jones. J'y passais la plus grande partie de mes week-end quand Anna était là. On passait tout notre temps sur son lit à se raconter nos vies en long et en large. Et le soir, j'avais toujours droit à bon plat préparé par Enora, ce qui me changeait des surgelés de ma mère. J'adorais passer mes journées chez eux. L'ambiance était différente de chez moi. Ici il y avait constamment du bruit: la vaisselle qui s'entrechoquait quand Enora faisait la cuisine, la musique qui sortait de l'ordinateur de Mathieu, la tondeuse de Laurent et enfin les cris d'Anna quand elle découvrait que sa mère avait encore fait le ménage dans sa chambre. Chez moi, avec mes parents qui travaillent tout le temps et ma soeur à l'école, il n'y a jamais un bruit. Toujours moi, et le silence. C'est pour ça que j'appréciais tant aller chez Anna, chez elle, y avait de la vie, une famille.

Je suis arrivée à l'étage. La porte à gauche c'est la chambre de Mathieu, celle de droite, celle d'Anna et au fond, la salle de bain.

J'attends que Mathieu me dise d'entrer pour pénétrer dans sa chambre.

La chambre est plongée dans la pénombre. Les rideaux bleus sont tirés et les volets rabattus. Mathieu est allongé sur son lit, les yeux dans le vague. Et contrairement à d'habitude, son ordinateur est éteint et poser sur son bureau en bois.

-Salut Mathieu. Dis-je à demi-mot.

-Salut Emily. Tu sais, t'as bien fait de venir. Maman se sens toujours mieux quand t'es là. En plus avec l'enterrement demain... Me répondit-il.

-Ca me fait du bien aussi d'être là. J'ai l'impression qu'elle est encore là. Et toi? Comment tu te sens? Lui demandai-je.

-Le prends pas mal, je sais que tu essaies d'être sympa mais c'est vraiment une question débile. Me réplique-t-il.

-T'as raison. Excuse moi. Lui dis-je sincèrement.

S'en suis alors, un long silence entre Mathieu et moi. On est tous les deux, allongés sur son lit. Les bras sous la nuque, on regarde le plafond en silence. Comme si chacun se remémorait ces moments passés au côté d'Anna.

-Tu sais, parfois j'ai l'impression que c'est de ma faute si elle est morte. Me dit-il en se confessant.

-Pourquoi tu dis ça? Répliquai-je surprise.

-Je sais pas. Peut-être parce que je me dis que étant son frère, j'aurai dû le voir qu'elle avait des ennuis.

-Tu n'as aucune raison de te sentir coupable. Ce n'est de la faute de personne... A part ce qui l'ont tué bien sûr... Lui dis-je calmement. Tu ne devrais pas rester enfermé dans ta chambre. Tu devrais sortir, voir des amis, te changer les idées.

-Je sais.

C'est la seule réponse qu'il me donne, mais je ne veux pas insister alors je laisse tomber.

-Dis-moi, est-ce que je peux aller dans sa chambre? Juste voir. Demandai-je prudemment.

-Va s'y, de toute façon papa et maman compte la laisser comme elle est et ne rien toucher.

J'attends quelques instants puis me lève. J'ouvre la porte et avant de sortir confesse une remarque à Mathieu.

-Tu sais, même si tu l'agaçais sacrément, elle t'aimait beaucoup.

-Moi aussi. Me répond Mathieu en souriant pour la première fois depuis le début de notre conversation.

Lorsque j'entre dans la chambre d'Anna, je constate que Mathieu ne m'a pas menti. Rien n'a bougé. Tout est là où elle l'avait laissé.

Son lit est encore défait, ses cahiers de cours, qui on peut le dire, n'ont jamais été ouverts depuis la rentrée, se trouvent toujours dans son tiroir de bureau. Les livres qu'elle lisait se trouvent sur l'étagère, le seul et unique 20/20 qu'elle avait eu cette année est encadré et accroché à son mur, ses vêtements sont en désordre dans son placard, ses baskets sont encore sous son lit, les dizaines de post-it sur lesquels elle dessinait, recouvrent son mur et son vieille ordinateur est éteint sur son bureau. Sans oublier sa pile de CD de musique qui eux, se trouvent toujours sur l'étagère en bois.

Mais bon, à vrai dire, si j'ai demandé à Mathieu si je pouvais aller dans la chambre d'Anna, c'est surtout pour essayer de comprendre comment elle connaissait Liam. Je ne sais pas quoi mais en tout cas je suis persuadée qu'il y a quelque chose de louche dans tout ça.

Je commence par allumer son ordinateur. Mais étrangement, tout ce qui pouvait m'aider, a été effacé: son historique, ses mails, ses envois. Il n'y a plus rien. Ca, ce n'est pas normal mais bon, de toute façon je ne peux pas les faire réapparaître.

J'éteins l'ordinateur et continue mes recherches. Il n'y a rien sous le lit, ni sous le tapis, ni dans les tiroirs, ni dans le placard. Je m'assois alors sur le lit d'Anna. Je suis énervée et à la fois déçue. Je suis persuadée de trouver quelque chose dans sa chambre.

Puis me vint une idée. Anna se foutait souvent de moi quand je regardais des films policiers mais elle ne se doutait sûrement pas que cela me servirait un jour. Prise alors d'un brin d'espoir, je me redresse précipitamment et me dirige jusqu'au bureau. Je m'assois sur la chaise et tâte avec mes mains le dessous du bureau. Je commence à me dire que je suis devenue complétement folle quand ma main touche quelque chose de dur. Attrapant l'objet inconnu, je ne dissimule pas ma joie d'avoir enfin trouvé ce qui peut être un indice.

Le fameux objet que je viens de trouver n'est autre qu'un téléphone prépayé.

RevengeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant