Chapitre 11

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Ce matin-là, après avoir passé une nuit agitée, je me levai plus déterminée que jamais. J'étais bien décidée à convaincre Brandon de m'aider pour ce coup-là. Je descendis les escaliers quatre à quatre, claqua un rapide bisou sur la joue de ma soeur, et salua rapidement mes parents avant de prendre mes clés pour sortir. Hier soir, j'avais donné rendez-vous à Brandon à notre endroit habituel. Il se trouvait derrière les murs du lycée. C'était un vieux banc en bois qu'on avait trouvé un jour par hasard en se baladant dans les environs. C'était notre repère. Là où on se retrouvait pour parler.

Quand j'arriva sur les lieux, Brandon était déjà là, il m'attendait, toujours bien habillé, dans sa chemise à carreaux et son pantalon droit. Quand il me vit m'approcher, il se leva pour me faire la bise.

-Alors, dis-moi, qu'est-ce qui t'arrive ? Hier t'avais l'air complétement illuminé quand je t'ai eu au téléphone. Me dit-il légèrement stressé.

-Bon alors je t'explique.

Commença alors un long monologue dans lequel j'expliquais mon intention, tout en omettant d'énoncer certains détails, comme le téléphone ou bien Liam, pour ne pas l'inquiéter. Et pour éviter de trop l'impliquer dans cette histoire, je lui expliquai que si j'avais tant besoin de ces vidéos c'était pour voir si Anna n'y était pas allée avant de mourir et si elle n'avait pas été suivie. Ce qui dans un sens n'était pas totalement faux. Mais dans l'autre, je me sentais mal de ne pas tout leur raconter à lui, Jessica et Tom, mais je restais persuadée que c'était mieux ainsi. Que ça ne concernait que moi. Et que je n'étais pas dans l'obligation de leur en parler.

Une fois mon semblant d'explications données, je regardai Brandon pour voir s'il avait bien tout suivi. Il avait toujours cet air perplexe collé sur le visage. Il ouvra alors la bouche pour me répondre, même s'il mit plusieurs secondes avant de laisser sortir le moindre son.

-Donc, si j'ai bien compris, tu souhaites qu'à l'aide de mon ordinateur et de plusieurs de mes neurones, je pirate le site de surveillance d'un magasin, pour ensuite télécharger les enregistrements vidéo des caméras de surveillance se trouvant dans la rue. Pour ensuite te les donner afin que toi, Emily Parks puisse tenter de retrouver l'assassin de ta meilleure amie ? T'as conscience que tu n'es même pas capable de résoudre un problème de maths et que là tu veux résoudre un meurtre ? Et puis t'as fumé quoi d'ailleurs? Ce n'est pas possible que tu penses à faire un truc pareil dans un état de pleine conscience. Crois-moi, tu dérailles complétement, c'est vraiment pas une bonne idée.

Bon, ne voyant Brandon que très, très, mais alors très peu emballé par mon idée, je compris que pour le convaincre, j'allais devoir redoubler d'efforts et tout particulièrement d'arguments choques si je voulais qu'il accepte de me prêter main forte.

-Ecoute Brandon, je sais que ce n'est pas non plus l'idée du siècle mais là j'ai vraiment besoin de ton aide ! S'il te plait ! Le suppliai-je.

-Non mais ta raison, c'est cool, et puis il est vrai que faire ça dans une totale illégalité c'est non seulement l'éclate mais c'est aussi tout à fait mon délire.

Oula. Je pouvais sentir son sarcasme à dix kilomètres à la ronde. Mais profitant de cette perche qu'il venait de me tendre sans s'en rendre compte, je ne réfléchis pas une seconde de plus avant de me jeter à son coup pour lui claquer un énorme bisou sur la joue.

-Tu vois ? Je savais que tu serais d'accord ! Merci t'es vraiment le meilleur, je t'adore ! Dis-je précipitamment avec une très forte exagération dans mes mots pour bien lui montrer qu'il venait de se faire avoir comme un bleu. Je pris mon sac dans une rapidité méconnaissable à ce jour, et me leva d'un bond, avant de partir en courant vers ma voiture le plus vite possible, ne lui laissant aucunement le temps de prendre conscience de ce qui venait de lui arriver.

Je devrais sûrement me sentir coupable de lui imposer de faire ça, mais pourtant ce n'était pas le cas, car je savais que grâce à lui je trouverai quelque chose de nouveau. Et j'avais vraiment besoin d'avancer, je ne supportais plus cette sensation de stagner. Ou même de reculer.

Assise au volant de ma voiture, je paraissais être ailleurs, physiquement, j'étais là, mais mentalement, je me sentais distante, comme si tout mettait beaucoup trop de temps à me parvenir. Comme rouillée. Vous voyez les vieux objets qui datent de nos grands-parents et qu'on retrouve, un jour comme ça, alors qu'on faisait un peu de ménage, dans le grenier de la maison. Et bien je me sens comme l'un d'entre eux. Toute poussiéreuse et oubliée, au fond d'un carton, en espérant désespérément qu'un jour on se rappelle de moi, ou même qu'on tombe sur moi par hasard. Et qu'alors je ravive un élan de bons souvenirs que j'avais emporté avec moi. Des souvenirs de jeunesse, de famille, de vacances, d'amis, d'amour. Je veux raviver des larmes de joie et donner un nouveau souffle au coeur. Rappeler que tout n'a pas toujours été comme ça. Qu'il y a eu des beaux jours, même si on les a oubliés, ils ont existé. Et que tout n'est pas perdu.

Je me dépêchai de mettre le contact avant de démarrer puis de me diriger vers le lycée. Ca faisait un moment que je n'avais pas senti cela, un peu d'espoir. Juste un tout petit peu. Mais ça suffisait à me redonner confiance.

RevengeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant