✖ Chapitre 1 : Le réveil trop pressé d'aller en cours ✖

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(Welcome To My Life - Simple Plan)

Je m'étais souvent demandée pourquoi les films et les livres pour adolescentes en manque de testostérone commençaient par un réveil en retard qui obligeait les héroïnes à courir dans leur maison à toute vitesse, se préparant au son d'une musique pop tandis que le générique des personnages défilait à ses côtés. Sérieusement, qui trouvez vous? Personnellement, rien du tout, si ce n'était un ennui morbide, et une affreuse envie de lancer ledit livre par la fenêtre/poignarder allègrement l'imbécile qui m'avait obligé à l'accompagner pour aller voir le dernier blockbuster avec "l'acteur trop trop trop beau" sur laquelle elle avait craqué.

De toute manière, même si je le voulais, je ne ferais pas un de ces débuts mielleux où l'héroïne de 16 ans - jouée par une actrice qui en 20 - arrive en retard en cours, s'attirant les regards d'une toute nouvelle classe - parce que c'est la journée de la rentrée, bien entendu - pour la simple et bonne raison que, en plus de détester ça, je ne ressemblais pas aux stars hollywoodiennnes. Pas que je le voudrais, - oh que non! même ces poupées ne se ressemblent pas elle-même - mais que j'avais besoin de mes imperfections pour me sentir humaine. Bien que parfois, j'aimerais pouvoir faire disparaître ce surplus de graisse que j'avais au niveau du ventre et des cuisses, qui m'avait déjà fait craquée plus d'un jean.

Alors que je ruminais ses pensées en me rappelant que c'était aussi mon jour de rentrée, Simple Plan vint me rappeler qu'il était temps pour moi de quitter mon lit. Après tout, le réveil en musique peut-être une idée, bien que je ne fus pas en retard. Je pouvais moi aussi courir chez moi juste pour rester en rythme avec la musique. A la différence des films, il n'y aurait juste pas de noms à afficher dans le générique, si ce n'était le mien, Sarah Martin, et peut-être celui de mes parents et de ma petite soeur.

Il se trouvait que je connaissais personne d'autres ici. Nous avions déménagés durant les vacances scolaires d'été. Nos parents avaient déclarés qu'on avait besoin de changement, et que la vie parisienne leur saillerait parfaitement, d'autant plus qu'ils avaient déjà trouvés un appartement à bon prix et un emploi stable tout deux. Comme simple excuse de choix d'année, ils nous avaient expliqués que, comme Jane, ma soeur, entrait en primaire, et moi au lycée, nous n'aurions pas de problèmes pour nous réintégrer dans une nouvelle école, puisqu'elle l'aurait été même si nous étions restés à Alençon.

Mes parents n'avaient beau pas le dire, je savais qu'ils espéraient aussi que je change en même temps que notre lieu de résidence. En presque quinze ans d'existence (il se trouvais que j'avais sauté ma classe de CE2 ce qui donnait rapidement aux gens l'envie de coller l'étiquette „intello surdouée et prétentieuse " sur mon front) je n'avais jamais réussi à garder des amis plus de deux ans. On me trouvait toujours insupportable, lunatique, trop tête en l'air, trop „cultivée". Je ne comprendrais jamais ce qu'ont les gens comme problème avec leur manque de culture générale. Je voulais bien comprendre que ce soit agaçant de se faire rabâcher en histoire sur la date de la nuit de la Saint-Barthélémy (à noter, c'est en août 1572) mais de là à en détester la personne qui vous apprennait des choses...si on ne souhaitait pas passer pour un ignorant, il suffisait juste de s'intéresser un minimum à ce qui nous entoure. A commencer par ouvrir un livre. Mais, souvent, j'avais dû mal à envisager le fait que les autres puissent savoir lire lorsque je les voyais buter sur le simple mot „densément" en cours de géographie.

Je ne savais pas si on pouvait dire que la faute venait de moi ou des autres. Certainement un peu des deux. Mais ce qui me gênait le plus, ce n'était pas d'être „seule" (je ne me considèrais pas comme seule, du moins, pas comme dans un sens négatif où la solitude était gênante. J'étais très bien ainsi) ce qui me gênait le plus, c'était de voir le visage de mes parents qui me demandaient chaque semaine comment se passait ma vie sociale et si je me trouvais un garçon. En général, les parents s'inquiètaient toujours de voir leur fille dans les bras d'un autre homme. Pas les miens. S'ils pouvaient, ils me pousseraient dans les bras du premier venu. Ce que je ne supporterais pas.

Le fait que je fus une fille indépendante me rendais peut-être insupportable. Il fut une époque où tout était différent. Où cette solitude dont je me fichais désormais éperdument me pesait sur les épaules et n'inquiètaient pas encore mes parents (ils ne voyaient rien) mais j'avais changé, grandi, et tout va bien désormais.

Alors que je commençais à me coiffer, la porte de la salle de bain ouverte, j'entendis une porte grincer, et Jane en sortit, dans son pyjama recouvert de chats. D'ailleurs, Cracks, son chat noir se glissait entre ses jambes. Elle se frotta les yeux avant d'enfin me voir.

-Pourquoi t'es debout Sarah?

Ma soeur et moi nous ressemblions comme deux gouttes d'eau, ayant toutes les deux héritées des gènes physiques de notre père. Chevulure châtain clair, où nos cheveux épais aimaient s'emmêler pour passer le temps, formant parfois de légères boucles blondes au bout de nos longues mèches. Notre visage rond, lisse, parsemés de quelques tâches de rousseur, était illuminé par nos yeux noisettes. Nous n'étions pas très grandes, mais nous avions toutes deux héritées du léger embonpoint de notre paternel. Notre seule différence ? Elle avait les même lèvres que Papa, alors que les miennes étaient épaisses, presque pulpeuse et plus proche du rouge. De qui je les tenais? Aucune idée. Personne ne les avais dans ma famille.

-Je me prépare pour aller en cours, Jane. Tu devrais retourner te coucher, tu commences l'école seulement à 9h30.

Je plaçais me cheveux approximativement coiffés tous du même côté et m'observais dans le miroir, essayant de prendre confiance en moi. Ce n'était pas vraiment pour moi-même que j'allais tenter de sociabiliser, plus pour rassurer mes parents. Mais je ne savais pas réellement comment m'y prendre.

Pour me mettre à l'aise, j'avais enfiler un de mes T-shirt préférés, à l'éfigie de mon groupe de metalcore préféré, Bring Me The Horizon. Un simple T-shirt blanc recouvert d'un parapluie. Mon pantalon était un simple jean slim gris dégradé du plus foncé en haut, vers le plus clair en bas. Il ne me restait plus qu'à enfiler ma veste en cuir et mes Doc Marteens et je serais prête.

-Mais, Sarah, on est dimanche aujourd'hui.

Je vous avais dit que j'étais tête en l'air?

Rock It (Inachevée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant