✖ Chapitre 26 : Le messager fait des heures supplémentaires ✖

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(Last Hope - Paramore)


Assise contre la barrière qui me séparais de la route du cour de Vincennes, j'observais la silhouette de Talia se diriger vers moi au ralenti, traînant des pieds alors que je me les gelais sur le béton. Lorsqu'elle m'atteignit, elle prit place juste à côté de moi. En ce début de matinée de mois d'octobre, j'avais plus l'impression d'être en plein décembre qu'au début de l'automne. Les nuages gris cachaient le soleil, et le froid mordant le faisait claquer des dents.

- Tu lui as parlé alors ?

Je me mordais la lèvre déjà gercée par les températures en chute libre. Talia semblait soucieuse, les yeux dans la vague, elle fixait la façade de notre lycée. Les fleurs que j'avais vu lors de mon premier jour était toujours là, mais l'atmosphère leur donnait une sensation mélancolique.

-Non, pas encore. Je comptais le faire ce soir, comme on finit par des cours en demi-groupe et qu'il est derrière moi.

Elle acquiesça, examinant ses genoux repliés sous sa poitrine. Cela faisait à peine quatre jours qu'elle m'avait annoncé qu'elle aimait Pierre, et, depuis, son regard scrutait son entourage avec une curiosité effrayante et méfiante. On aurait dit une souris de laboratoire qui prenait conscience qu'elle n'était qu'un cobaye. Elle n'allait pas bien du tout, et il fallait que je règle ce problème au plus vite, même si l'idée de devenir un pigeon voyageur (ou une colombe, vu qu'on parle amour et non guerre) ne m'enchantait pas énormément. Mais je n'allais pas faire ma gamine avec Talia : c'était la seule à m'avoir réellement témoigné de l'amitié depuis qu'on était ici. Bon, il y avait Nathan, mais c'était une autre histoire.

-Tu me jures que tu le feras?

-Pourquoi irais-je diable te mentir?

-Parce que tu avais dit que tu le ferais le plus tôt possible et que tu ne l'as pas encore fait?

-Écoute Talia, tu sais bien à quel point je peux être une chieuse quand je m'y mets. Si tu voulais que ça se passe plus tôt, fallait te démerder seule. Tu m'as demandé de t'aider, je veux bien, mais faut que tu me laisses le faire à ma manière. Je me débrouillerais ce soir, et je te préviendrais au plus vite de ce que j'ai appris.

-D'accord.

Les portes du lycée s'ouvrant, je me redressais, heureuse de quitter le sol glacé.

-Merci, Sarah, peu importe sa réponse. Et t'es pas une chieuse, même si elles le disent dans ton dos.

-Le contraire m'aurait étonnée, riais-je sarcastiquement, je ne pouvais pas en entendre moins de trois écervelées. Allons-y, veux-tu? On va rater notre cours d'anglais sinon.

Tamia acquiesça et récupéra son sac avant de se diriger vers l'entrée du lycée.

Le fait que le trio festa parle en mal de moi dans mon dos n'était pas surprenant. Je m'en doutais bien, mais l'entendre pour de vrai est autre chose. C'est blessant, même si j'aimerais faire croire que je m'en fiche et que ça ne me touche pas. Parfois, je me demande si les gens se rendent compte à quel point les mots peuvent heurter les autres.

•~•~•~•~•

La journée s'était écoulée dans le plus grand des calmes. Puis était arrivée l'heure de demi-groupe de français, avec notre merveilleux professeur que j'admirais ô immensément pour sa sagesse.

Le problème de notre enseignant, c'est qu'en plus d'avoir l'esprit aussi étroit qu'une lame d'escrime, il est strict et a la punition facile, ce qui rend les discussions beaucoup plus...dangereuses.

Rock It (Inachevée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant