Chap. 03

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16 janvier 2004.

Il est temps, avait dit Madame Jones. Je venais tout juste d'apprendre que j'étais loup qu'on m'imposait déjà un pouvoir immense.

《 Où dois-je chercher ? 》je demandai à la doyenne.

《 C'est à toi de voir, ma petite. Tu trouveras des loups solitaires aux quatre coins de l'Angleterre. C'est à toi de choisir ceux que tu veux pour constituer ta meute. 》m'a-t-elle répondu.

On me demandait de courir avant même que je n'apprenne à marcher. Mes pensées tournaient dans ma tête, tellement vite que j'en avais mal au crâne.

《 Et si le loup que j'ai choisis ne veux pas faire parti de ma meute ? Après tout, je ne suis que Lilly Scott. 》

《 Justement, tu es Lilly Scott, nouvelle Reine de l'Angleterre, intervint la pré-doyenne Louane, je suis sûr que certains d'entre eux ce sont même déjà mit à ta recherche. 》

Mais pourquoi ? Voilà une de mes questions dont je n'arrivais pas à avoir la réponse.

《 Quand dois-je partir ?

- Ce soir, les familles royales organisent un grand bal pour ton anniversaire. Tu y es donc conviée. Après cela, tu pourras t'en aller. 》m'a répondu Madame Jones.

Un bal en mon honneur, pour fêter mes dix-huit ans et mon arrivé au trône.

《 Je ne pourrais pas m'y rendre et vous le savez. Si je me présente devant la royauté, ils me prendront pour une paysanne. Je n'ai absolument rien à me mettre.

- Ne t'en fais pas pour ça mon enfant, ta maman, feu la reine, t'a laissé toutes ses robes. Tu n'as plus rien à craindre de ce côté là, ma petite. Viens, suis-moi. 》

Madame Jones, suivie de Louane et de moi-même, s'est levée de sa chaise à bascule pour se diriger vers la cuisine. Elle a ouvert une porte où l'on apercevait une ribambelle de planches qui servaient d'escaliers. La doyenne les descendit et alluma la lumière pour nous faciliter l'accès par la suite.
En bas se trouvait une sorte de grand dressing, juste à ma droite. Il était ouvert, blanc, et aussi long qu'une fille aimant la mode pouvait en rêver. Il était rempli de vêtements en tout genre - des robes d'été, d'autres d'hiver, des jupes longues et d'autres plus courtes, des chemisiers et des pantalons. Ensuite, mes yeux tombèrent sur un autre dressing, où je découvris tout un tas de paire de chaussures, également de tout genre et pour tout les goûts. Mes yeux brillaient sûrement en ce moment car je n'avais jamais vu pareil trésorerie.

《 Tu vois Lilly, tu as de quoi te faire belle et en mettre plein la vue à la royauté. Tu seras magnifique ce soir, j'en suis sûr. 》me rassura mademoiselle Louane.

Tandis que Madame Jones était entrain de sélectionner quelques robes que je pourrais mettre ce soir, je continuais ma visite de cette cave encore inconnue à mes yeux. En me dirigeant vers le fond, je découvris un portrait peint à l'huile. Je m'en approcha pour apprécier les détails. Il s'agissait d'une jeune famille. Le père, roux et plutôt grand, se tenait debout, bien droit. En l'observant, même si je ne le connaissais pas, je savais que cet homme savait imposer ses idées et son autorité. A ses côtés, se trouvait une femme, rousse elle aussi, assise sur ce qui me semblait être une chaise. Celle-ci tenait dans le creux de ses bras, un nourrisson qui ne devait pas avoir plus d'une semaine, peut-être deux. Cette famille faisait ressortir d'elle une joie immense, une harmonie parfaite. Quelques larmes m'échappèrent et je les fis disparaître très rapidement. Une main se posa sur mon épaule et je détourna mon regard du si beau tableau. Mademoiselle Louane se trouvait derrière moi, le regard triste.

《 Je suis désolée pour ton papa et ta maman. Ils auraient été fières de toi, j'en suis sûr. 》

Elle tourna à nouveau sa tête vers le tableau.

《 Ton père était un très bon souverain et d'après Madame Jones, c'était même le meilleur qu'elle n'ait jamais connu. C'était quelqu'un de très heureux, tout comme ta maman. Je trouve que le peintre les a vraiment bien représenté. On arrive parfaitement à sentir leur bonheur d'ici, même si ils ne sont plus de ce monde.

- Que voulez-vous dire ? Ce...ce sont mes parents, sur ce tableau ?

- Bien sûr, pourquoi voudrais-tu qu'on ait accroché ce tableau ici ? J'ai pensé que te le mettre ici, serait une bonne idée. 》

D'autres larmes s'échappèrent de mes yeux mais je les laissais couler. Mes parents se trouvaient là, juste devant mes yeux. Mais je n'avais aucun moyen de communiquer avec eux. Il y a déjà bien longtemps que j'avais accepté le fait d'être orpheline mais avec tous les évènements découvert aujourd'hui s'ajoutant ensuite ce magnifique tableau, je n'avais plus la force de tenir ma tristesse au second plan. Un torrent de larmes se déversa sur mes joues et mademoiselle Louane me prit dans ses bras, passant sa main dans mon dos pour me réconforter.

《 Tes parents t'aimaient beaucoup Lilly. Et ils n'aimeraient pas te voir aussi triste. Maintenant sèches tes larmes, princesse ! Tu es devenue Reine. 》

Elle réussit à me décocher un sourire et m'emmena ensuite auprès de Madame Jones pour que je puisse essayer et choisir ma robe pour ce soir. Toutes celles que la doyenne avait choisis étaient très belles, il fut donc très difficile pour moi de n'en choisir qu'une seule. Mais après plus d'une heure, mon choix était fait. J'avais jeté mon dévolu sur une robe en bustier noir transparent vers le haut et en tulle couleur bordeaux vers le bas, elle était splendide. A mes pieds se trouvait une paire d'escarpins noir, de peu de centimètres. Après tout, je n'avais jamais marché avec ce genre de chaussures. En tournant à droite du portrait de ma famille, se trouvait un espace maquillage et coiffure. Miss Louane m'y emmena et s'occupa de moi. Elle dompta tout d'abord mes cheveux en les faisant se rejoindre dans un chignon haut placé et parfaitement rond. Elle ajouta quelques barrettes ornementées de saphir. Il s'agissait de vrai, je l'avais demandé à Miss Louane. Quand mes cheveux ne demanda plus aucun soins, elle s'occupa de mon visage. Elle redonna une belle forme à mes cils et maquilla mes yeux d'un fin trait d'eye-line noir. Elle déposa une légère touche de paillettes au coin de mes yeux et traçât ensuite une couche de gloss nude sur mes lèvres. Ma préparatrice recula pour admirer son travail et s'en satisfesa. Elle me fit me lever et me placer devant l'immense miroir accroché au mur. J'en eu le souffle coupé. La fille en face de moi était éblouissante. C'était impossible que la fille dans le miroir se trouvait être moi. Mais je dû m'en convaincre en sentant la main de Miss Louane se déposer sur la mienne tout en le voyant dans le miroir.C'était bien moi et je ne me reconnaissais pas. Elle avait fait du bon travail.

《 Tu es resplendissante, ma jolie petite Lilly. Tu l'as toujours été mais là, vous surpassez toutes beautés, ma Reine.

- Je vous en pris, ne m'appellez pas ainsi.

- Mais c'est ce que tu es ma petite, une vrai Reine. 》

Et pour la seule fois dont je m'en souviens, Madame Jones me prit dans ses bras. J'en fût tellment émue que je faillit faire couler mon maquillage. Mais Miss Louane enguirlanda Madame Jones et nous rîmes toutes les trois.

《 Madame Jones, j'a encore tellement de questions. Pensez-vous pouvoir m'en donner les réponces ?

- Je suis désolée mais je t'ai déjà dit tout ce dont j'avais le pouvoir de t'apprendre. Le reste, tu dois l'apprendre avec l'expérience. C'est toujours ainsi que les louveteaux font leur éducation. Maintenant montes, il faut que tu dises au revoir aux filles, il est bientôt l'heure de t'en aller. 》

Nous remontâmes les escaliers, avec plus de difficulté pour ma part car j'étais maintenant encombrée d'une immense tulle.
En m'apercevant, toutes les filles se ruèrent vers moi. Elles faisaient le tour de ma personne pour admirer tous les détails de la robes, les yeux émerveillés par ce qu'elle voyait.

《 Lilly tu es très belle ! Pourquoi tu n'as jamais mit ça avant ? 》m'a questionné la petite Julie.

《 Nous aussi pour nos dix-huit ans on aura droit à une robe comme ça ? 》continua Aurore, une des plus vieilles pensionnaires après moi.

Tout un tas de questions fusèrent en un coup mais je ne pus répondre à aucunes d'entre elles car un klaxon se fit entendre en dehors du cottage. Il était l'heure pour moi de rencontrer la royauté et, par la même occasion, me faire enfin voir auprès de mes sujets. Car maintenant, j'étais leur Reine.

The Red Wolf - En PauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant