Le Carrefour Diabolique

Chapitre VI

Vertige et nausée, un voile noir, puis la sensation maintenant presque familière d'une brève compression: Francesca était arrivée près du monolithe et elle réarma immédiatement son générateur de champ quantique. Devant elle les débris de l'EX-4 et du géoradar étaient éparpillés sur plusieurs mètres carrés. Derrière ces débris un guerrier, une courte épée à la main, la regardait les yeux écarquillés. Les négociations s'annonçaient mouvementées! De plus, avec la destruction de la sonde, elle avait perdu ses principaux appareils de mesure ainsi que le générateur quantique de secours. La physicienne hésita une fraction de seconde à prendre le revolver, mais ce garçon avait l'air si jeune! Elle ne sentait pas le cœur à l'abattre. Aussi arma-t-elle le pistolet à impulsion électrique ce qui créa un bref sifflement, très aigu, faisant sortir le garçon de sa stupeur. Il cligna vivement des yeux, ouvrit la bouche et inclina la tête de côté.

Il semblait sur le point de dire quelque chose, lorsque qu'un grognement se fit entendre à la gauche de Francesca. Une sorte de primate de deux mètre cinquante, couvert d'une fourrure grise-verte se dirigeait vers elle. Il tenait un gourdin de la main droite et son pénis en érection saillait hors de sa toison. Avant que Francesca n'ait le temps de réagir, le garçon se rua sur la créature en hurlant. Il voulu plonger son épée dans la poitrine mais la créature parvint en partie à esquiver la lame qui glissa sur une côte entaillant le flanc gauche. Dans la même mouvement, en pivotant, la créature asséna un coup de gourdin sur le côté gauche de tête de son agresseur qui boula six mètres plus loin. Le jeune guerrier était sonné, la gauche de la tête en sang. La créature se dirigea vers lui en levant son gourdin à deux mains et un poussant un long cri guttural découvrant une dentition toute en crocs et canines d'une blancheur étonnante. Francesca tira mais les aiguilles électriques se perdirent dans la fourrure ne faisant pas grand mal. Cela suffit néanmoins à détourner l'attention du monstre qui se retourna et bondit vers Francesca. Elle lâcha le pistolet à impulsion et saisit le revolver dans la poche de sa blouse de laboratoire. Mais le monstre laissa tomber son gourdin et l'agrippa aux deux bras, les immobilisant. Il l'attira vers lui, se penchant vers elle en la reniflant. Soudain la créature lâcha Francesca et se redressa en glapissant. Le jeune guerrier était sur son dos, et il avait fichée son épée à la base du cou de la créature, pénétrant profondément dans sa poitrine. Elle parvint à agripper le garçon par un bras et le projeta violemment contre le menhir. Puis elle réussit à arracher l'épée de son cou, mais un flot de sang coulait de sa bouche. Elle tituba sur quelques pas, sa respiration n'étant qu'un gargouillement épouvantable, puis elle s'affala dans une mare de sang.

Francesca se précipita vers son sauveur qui gisait inconscient au pied de l'aiguille de pierre. Il avait une méchante plaie sur le côté gauche de la tête, et son oreille était en choux-fleur. Elle l'allongea sur le dos et lui retira sa cuirasse. Un parchemin s'en échappa alors. Il était écrit en latin, langue qu'elle de comprenait pas, mais il y avait des dessins qui représentait, entre autres choses, le menhir. Elle alla alors à son sac à dos d'où elle en sortit son appareil photo ainsi qu'une petite trousse de premier secours. Elle pris le manuscrit en photo, puis elle entrepris de nettoyer et de panser les plaies du garçon. Il était jeune, encore quasiment un adolescent, mais il avait fait preuve d'une bravoure extraordinaire. Et il lui avait sauvé la vie. Tandis qu'elle le soignait elle se sentit troublée et les battement de son son cœur s'accélérèrent. Elle se sentit fondre intérieurement. Il était beau et fort en même temps que vulnérable dans sa perte de conscience et ses blessures. Elle lui caressa doucement la joue droite du revers de la main.

Soudain il gémit et ouvrit les yeux.